CinémaCritique Ciné

120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo [Critique Ciné]

 

120 Battements Par Minute

 

Vainqueur du Grand Prix à la dernière édition du Festival de Cannes, 120 Battements Par Minute a bouleversé une majorité des festivaliers mais qu’en sera-t-il du grand public ?

 

 

SYNOPSIS : Dans les années 1990, alors que l’Etat n’avait pas encore réalisé l’ampleur du drame, l’association Act Up Paris tentait de secouer les consciences avec des actions coup de poing dans le but  de sensibiliser les masses au danger du sida et à l’urgence d’aider les personnes les plus exposés. Parmi ses militants, Sean est l’un des plus imaginatif et volontaire, ce qui ne laissera pas insensible Nathan qui vient de rejoindre l’association, mais la maladie va finir par prendre le dessus et saper ses dernières forces.

 

A la sortie des premières projections cannoises, 120 Battements Par Minute semblait avoir chamboulé toute la croisette au vu de ce qu’on pouvait lire sur les réseaux sociaux. Alors qu’ils étaient nombreux à vouloir en faire la Palme d’Or 2017, le président Pedro Almodovar et les membres de son jury lui ont préféré The Square mais le Grand Prix qui l’a reçu en compensation risque bien d’aider le film à attirer un plus large public sur ce sujet toujours aussi sensible qu’est le sida.

 

120 Battements Par Minute

 

Alors que la lutte contre le sida est encore loin d’être remportée, les autorités publiques et les médias continuent encore de minimaliser le danger. Aujourd’hui le Sidaction n’est plus qu’un logo dans le coin de la télé pendant le temps d’une journée et beaucoup on dût oublier que le festival Solidays est avant tout là pour récolter des fonds pour aider l’association Solidarité Sida. Les campagnes de pubs n’osent toujours pas imposer le choc nécessaire où lorsqu’elles les font,  elle se retrouvent rapidement censurée car le sida continue à juste titre d’effrayer même si beaucoup pensent à tort que la maladie est maintenant moins dangereuse. Même Act Up semble s’être aujourd’hui assagi et n’hésite pas à souffrir aussi à d’autres combats que celui du sida.

Pour remobiliser les consciences, le réalisateur Robin Campillo, révélé par son premier film Les Revenants qui a donné naissance à la série, a choisi de revenir en 1990 à l’époque où l’épidémie était la plus sévère et que rien n’était pourtant encore fait pour mobiliser les consciences. Un sujet qu’il maîtrise à la perfection puisqu’il était à l’époque militant pour Act Up. Ce n’est cependant pas un vrai film historique sur l’association mais plutôt un témoignage presque documentaire du quotidien des membres de l’association entre réunions hebdomadaires, commissions et actions coup de poing tout en subissant la maladie où en venant en aide à leurs camarades séropositifs.

Surprenant par son réalisme 120 Battements Par Seconde nous séduit au début pour son coté immersion au plus des membres de l’association. On est porté par les premiers débats et les actions puis bouleversé lorsqu’un camarade s’effondre à cause de la maladie. Mais en faisant durer 2h20 son histoire, le réalisateur fini malheureusement par tourner en rond et on finira par ressentir une véritable lassitude à voir encore et encore ces scènes de réunions qui ne semblent pas faire avancer le combat. Pour tromper cette lassitude, Robin Campillo  choisi de se focaliser sur le couple formé par Sean, activiste de longue date séropositif et le nouveau venu Nathan non contaminé. Leur première scène d’amour sera d’un ennui profond et montre que le réalisateur a choisi de rester très soft pour ne choquer aucun spectateur.

 

120 Battements Par Minute

 

Par moment, Robin Campillo semble se prendre pour Terrence Malick en filmant la poussière qui vole dans le club techno où les militants vont se dépenser pour montrer qu’ils sont encore en vie. Maladroitement la scène fini par tourner au n’importe quoi en se fondant à une autre où l’on voit une cellule se faire contaminer par le virus, ce qui pourrait donner l’impression que le sida peut s’attraper dans l’air comme un rhume. Le film touche le fond dans les vingt dernières minutes, censées être les plus tragiques mais où le réalisateur gâche son potentiel en filmant un tas de moments sans aucun intérêt (je fais du café, je n’arrive pas à replier le canapé lit) qui nous donnent vraiment l’impression de perdre notre temps devant le film. Au final, on voit bien mal ce qui a pu faire autant pleurer les festivaliers tant le film n’est pas si choquant ou bouleversant faute d’avoir réussi à rendre ses personnages vraiment attachants.

Et que dire de ces acteurs qui nous donnent l’impression en permanence de regarder une pièce de théâtre plus qu’un film tant ils ont tendance à surjouer. Difficile de comprendre ce qui peut motiver un comédien à jouer des scènes de discussions en réunion et cela fait presque de la peine de les voir se coltiner ce genre de cinéma français qui n’intéresse q’une poignée de spectateurs. Alors certes, ils ont chacun fait leur part d’actor studio en subissant une transformation physique drastique mais cela ne suffira pas à crier au génie. Dans le rôle féminin principal, Adèle Haenel ne fait que rejouer la fille énervée comme dans Les Combattants quand à Nahuel Pérez Biscayart présenté comme la révélation du film, ce n’est pas franchement si flagrant.

 

120 Battements Par Minute

 

Avec le bouche à oreille et les récompenses que 120 Battements Par Minute a reçu à Cannes, on espérait découvrir un véritable film choc mais le film de Robin Campillo n’est au final qu’un pétard mouillé. Il fallait oser plus loin dans la la violence et le drame pour vraiment nous bouleverser comme avait par exemple pu le faire Darren Aronofsky dans Requiem For A Dream. Au final, on a l’impression de voir un sujet survolé dans une reconstitution fauchée des année 90 qui multiplie les scènes ennuyeuses au possible quand elles ne sont pas juste inutiles. 120 Battements Par Minute n’est définitivement pas le grand film sur le sida dont la lutte aurait encore besoin et ce Grand Prix décerné à Cannes ne semble être que le moyen d’encourager ce genre de films plutôt que pour saluer ses véritables qualités.

 

MON AVIS : 1/5

 

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Robin Campillo
  • AVEC : Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel & Aloïse Sauvage
  • SCENARISTES : Robin Campillo et Philippe Mangeot
  • GENRE : Drame, Histoire
  • DURÉE : 2h20
  • NATIONALITÉ : Français
  • DISTRIBUTEUR : Memento Films Distribution
  • SITE OFFICIEL :  http://distribution.memento-films.com/film/infos/80
  • DATE DE SORTIE : 23 août 2017

 

 

Critique rédigée le 04/07/2017

5 réflexions sur “120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo [Critique Ciné]

  • Bonjour,
    J’aurais aimé en savoir d’avantage sur l’auteur de cette critique.
    Je ne suis absolument pas en accord avec la critique.
    120 BPM ne cherche pas à marquer une originalité particulière mais retranscrit à merveille l’évolution d’une association et de ses membres avec les contradictions de chacun au sein de cette aventure humaine sur une courte période de temps. Le film montre la vraie expérience de démocratie directe qu’a cherché à mettre en oeuvre act-up pour avancer. Les disputes nombreuses qui semblent inévitables tant chacun souhaite s’impliquer entièrement. Les membres qui doivent faire face à leurs propres contradictions, à leurs manières de gérer les maladies. On a aussi un point de vue sur l’entourage avec les mères. Leur rencontre lors des scènes finales est d’ailleurs bouleversantes.
    Le film montre aussi l’absurdité de la situation où des personnes malades se retrouvent à lutter pour avoir des informations, pour faire avancer les choses.
    J’ai été très touché par la prestation de Nahuel Pérez Biscayart. Au delà d’une révélation ou non, il a su amener au personnage de Sean une vraie profondeur, une vérité et une sorte d’urgence. C’est lui qu’on suit au début très engagé et puis au fil du film, on comprend que la maladie le rattrape et qu’il n’est plus forcément en phase avec la manière de voir de l’autre protagoniste Thibaud.
    J’ai trouvé le personnage de Adele Haenel beaucoup plus nuancé que ce que vous mettez en avant. Il y avait de la colère certe, mais surtout une grande force qui se dégageait de son interprétation. Une colère nuancée lorsqu’elle confronte sa vision d’une action non-violente mais forte de act-up à d’autres membres au début avec l’histoire du sang et des menottes.
    Ensuite, les plans boîte/soirée sont géniaux et je pense nécessaires. J’ai saisi les plans sur la poussière qui devient une cellule contaminée par le sida absolument pas de la même manière, mais comme une métaphore du fait que la maladie est toujours présente et insidieuse, qu’elle plane dans l’atmosphère. Je pense que ce n’est pas à confondre avec le mode contamination.
    Enfin, la scène de sexe est très belle et faite avec beaucoup d’intelligence j’ai trouvé. au début, j’ai eu peur qu’elle soit « gratuite » ou « facile » et non. Elle est très réaliste et on voit que la maladie s’immisce jusque dans l’intime. La confession de la contamination a sonné très juste pour moi. Elle met en avant la notion de « confiance » et de « responsabilité » lors de rapports non protégés. Elle transmet un vrai message de vigilance et de prévention à ce moment. C’est de cette manière que je l’ai perçu, avec mon histoire personnelle également.

    Bref, c’est un grand film pour moi, qui m’a bouleversé, sans fioritures, sans trop plein. Parfois avec quelques longueurs certe sur la fin. Mais la prestation des comédiens Nahuel Perez Biscayart, Antoine Reinartz, adele Haenel, Arnaud Valois et les autres, et notamment la mère de Sean, Saadia Bentayëb (m’a bouleversé) sont remarquables selon moi.
    C’est un film universel à voir absolument.
    Mon avis : 5/5 (pardon si ma critique est un peu brouillonne)

    Répondre
  • Et sinon c’est sympa la censure sur ce site. Pourquoi avoir supprimé mon précédent commentaire? Car il n’allait pas dans le sens de l’article?

    Le film est bouleversant et gagne beaucoup a être vu.

    Répondre
    • Je n’avais pas touché à votre précédent commentaire car je n’étais pas sur mon site cet après midi. Il avait été automatiquement placé en spam par la plateforme Disqus. Je l’ai maintenant approuvé, vous avez en effet absolument le droit de donner un avis contraire au mien. Cordialement

      Répondre
  • Ping : AGENDA CULTUREL AOÛT 2017 - Freakin' Geek

  • Ping : SORTIES CINE et BOX OFFICE du 23 août 2017 [Actus Ciné] - Freakin' Geek

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.