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ROOM de Lenny Abrahamson [Critique Ciné]

 

Room

 

Jusque là pas franchement très connu en dehors des férus de films indépendants américains ou de comédies, le nom de l’actrice Brie Larson est désormais dans toutes les bouches depuis le début de l’année grâce à sa prestation dans Room qui lui a permis d’obtenir le Golden Globe, le Bafta et l’Oscar de la meilleure actrice. Maintenant que toutes les grandes cérémonies sont passées, la France va enfin découvrir le film de Lenny Abrahamson et voir si ce déluge de récompenses est vraiment mérité.

 

 

SYNOPSIS : Kidnappée à l’age de 17 ans, Joy a passé deux ans enfermée seule dans une petite pièce avant d’accoucher de Jack. Désormais âgé de cinq ans, le petit garçon qui n’a jamais connu que l’exiguïté de cette pièce se pose beaucoup de questions sur ce qu’il peut voir à la télé ou par leur unique fenêtre au dessus de leurs têtes. Signe qu’il est grand temps pour Joy de lui révéler toute la vérité sur leurs conditions de vie.

 

Il n’est pas rare de découvrir dans les faits divers l’histoire tragique de personnes kidnappées et séquestrées pendant de nombreuses années. Si Room n’est pas une histoire vraie, le film de Lenny Abrahamson est adapté d’un roman de Emma Donoghue qui s’inspire de nombreuses histoires vraies. Ce sont principalement les drames survenus à Elisabeth Frizl, Jaycee Lee Dugard et Natascha Kampusch qui ont servis pour construire l’histoire de Joy et Jack.

 

Room

 

Déjà dix huit ans de carrière pour Brie Larson, il était grand temps qu’Hollywood récompense une carrière déjà bien remplie. L’actrice aurait déjà largement mérité il y a trois ans d’être récompensé pour son rôle dans States Of Grace où elle jouait une éducatrice dans un foyer pour jeunes en difficulté, elle même marquée par une jeunesse difficile. C’est ce film qui lui a d’ailleurs permis de décrocher le rôle de Joy dans Room. On avait pu la voir précédemment dans des second rôles bien plus légers dans Scott Pilgrim, 21 Jump Street et tout récemment dans Crazy Amy. L’actrice est effectivement très convaincante dans ce rôle de mère protectrice prête à tous les sacrifices pour que son fils ait la vie la plus normale dans leurs conditions de vies.

Même si Brie Larson a récolté tous les lauriers pour ce film elle les doit pourtant à son partenaire le tout jeune Jacob Tremblay qui joue son fils Jack. C’est lui le narrateur de cette histoire qui commence le jour de son cinquième anniversaire et du coup il n’y a pas une seule scène sans lui. Âgé de neuf ans, il démontre déjà un talent indéniable pour jouer la naïveté et la fraicheur de ce jeune garçon que sa mère a longtemps fait croire que leur pièce est la seule chose vraie dans ce monde et que tout ce qui se passe dans  leur petite télévision n’est que fiction ou magie. C’est pourquoi tous les personnages du film porte des noms si simples Ma, Grand Pa, Grand Ma et Old Nick le ravisseur, ce sont simplement ses mots d’enfants. Il faudra bien sur absolument voir le film en version originale pour apprécier pleinement sa remarquable prestation.

 

Room

 

Ceux qui craignaient que Room ne soit qu’un huis clos de deux heures dans une petite pièce peuvent être rassurés puisque maintenant que Jack à cinq ans, Joy va pouvoir l’utiliser en complice de leur évasion. En retrouvant la liberté, le calvaire de Joy n’est cependant pas encore fini car la jeune femme aura forcément plus de mal à renouer avec son ancienne vie que Jack en aura à découvrir la vraie vie. Elle retrouvera alors ses parents joués par Joan Allen et William H. Macy, et devra s’habituer au fait qu’ils sont désormais divorcés et découvrir le nouveau compagnon de sa mère (Tom McCamus). Il lui faudra aussi faire face à la pression des médias et penser à son futur. Jack de son coté doit s’ouvrir au monde comme une sorte de seconde naissance où il va pouvoir  découvrir pour de vrai tout  ce qu’il avait vu jusque là à la télévision.

Le réalisateur Lenny Abrahamson n’est lui non plus pas encore très connu. Son dernier film Frank, avec Michael Fassbender caché sous une énorme tête en papier mâché, n’a eu le droit qu’à une sortie technique très limitée. L’homme n’était peut être pas le meilleur pour réaliser cette histoire. Il n’arrive pas franchement à rendre le calvaire de Joy et Jack aussi fort que ce qu’il mériterait. Il n’a clairement pas voulu jouer la carte du thriller pour la première partie qui aurait facilement pu paraître plus claustrophobique et angoissante. Cela nous aurait vraiment mieux fait ressentir la violence de la situation.  L’aspect dramatique du retour à la vie normale aurait aussi pu être également bien plus émouvant. Room semble un peu aseptisé de tous sentiments. Lenny Abrahamson nous épargne le trop plein de pathos mais une histoire aussi terrible aurait mérité un film plus choc.

 

Room

 

On ne pourra qu’être ému par le calvaire traversé par Joy. Il est difficile de s’imaginer être ainsi retenu dans une si petite pièce pendant sept ans avec pour unique contact avec le monde extérieur son tortionnaire. C’est certainement parce qu’elle a décroché le rôle le plus tragique de l’année que Brie Larson a remporté toutes ses récompenses. Toute excellente qu’elle soit dans ce rôle elle se fait tout de fois voler la vedette par le génial Jacob Tremblay incroyable de justesse. Si il est trop jeune pour recevoir un Oscar, nul doute que les différents studios Hollywoodiens vont se le disputer dans les années à venir. Dommage que le réalisateur Lenny Abrahamson n’a jamais voulu insister sur les cotés les plus sombres ou dramatiques et signe un film trop aseptisé pour devenir vraiment marquant.

 

MON AVIS : 3/5

 

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Lenny Abrahamson
  • AVEC : Brie Larson, Jacob Tremblay, Sean Bridger, Joan Allen & William H. Macy
  • SCÉNARISTE : Emma Donoghue
  • MUSIQUE : Stephen Rennicks
  • GENRE : Drame
  • DURÉE : 1h58
  • NATIONALITÉ : Canadien, Irlandais
  • DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France
  • SITE OFFICIELhttp://www.roomthemovie.com/
  • DATE DE SORTIE : 09 mars 2016

 

 

 

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