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ASSASSINATION NATION de Sam Levinson [Critique Ciné]

 

Assassination Nation

 

Film d’ouverture de l’édition 2018 du Paris International Fantastic Film Festival, l’original Assassination Nation arrive maintenant dans les salles obscures françaises pour une expérience cinématographique pas comme les autres entre film de vengeance et réflexion sur les maux de l’Amérique d’aujourd’hui.

 

 

SYNOPSIS : Les habitants de la petite ville de Salem vont littéralement pété les plombs lorsque la majorité d’entre eux vont voir leur vie privée dévoilée aux yeux de tous après un piratage massif. Accusée d’être la responsable de cette fuite de données privées, la jeune lycéenne Lily va devoir prendre les armes pour défendre son innocence et survivre le long d’une nuit de cauchemar.

 

« Je ne suis pas une salope, je suis féministe », c’est une phrase marquante des dialogues de Assassination Nation. Ecrit avant même que l’affaire Weinstein n’éclate avec la libération de la parole via le hashtag #MeToo qui a suivi, le second film écrit et réalisé par Sam Levinson, le fils du réalisateur Barry Levinson, est un véritable brûlot féministe totalement inclassable entre le film de vengeance inspirée par les « Sukeban » japonais des années 60 et American Nightmare en passant le teen movie moderne soucieux de dénoncer les dérives des réseaux sociaux et tous les maux de l’Amérique de Trump.

 

Assassination Nation

 

Assassination Nation c’est l’histoire de quatre copines de lycée qui se prennent un peu pour des « It Girls » sur les réseaux sociaux, elles sont très belles et aiment provoquer avec des tenues sexy au risque de passer pour certains pour des filles faciles avec leur mini shorts et leurs attitudes provocantes qui ne laisseraient aucun mâle insensible. Mais au fond elles s’en moquent pas mal, elles sont libres et indépendantes et semblent même apprécier l’effet qu’elles peuvent provoquer chez les hommes sans se soucier des qu’en dira t’on. Même si elle a déjà un petit ami Lily entretient malgré tout un flirt par sexto avec un mystérieux « Daddy » dont on découvrira l’identité plus tard. Mais comme dans chaque petite ville, les ragots vont vite et le piratage de photos privés du maire suivi de celles du proviseur du lycée vont commencer à semer le trouble parmi les habitants. C’est après que plus de la moitié d’entre eux soient touchés à leur tour par ce piratage que la situation va totalement dégénérer donnant un petit coté American Nightmare au film avec ces gens masqués qui sortent les armes pour une nuit de cauchemar. Le film prend alors une tournure bien plus violente et sanguinolente du meilleur effet. Tout cela est bien sur purement réfléchi par Sam Levinson qui veut dénoncer aussi au passage les dangers de la propagation des armes aux Etats Unis qui provoquent des tueries de masse.

Il faut bien avouer que Assassination Nation peut paraître par moment un peu foutraque dans son montage qui ne semble se soucier d’aucune chronologie.Le film donne l’impression d’être un collage de scènes rarement liées les unes aux autres qui vont un peu nous perdre dans le fil de l’histoire. Surtout, on a l’impression que le réalisateur tient absolument à nous teaser régulièrement l’explosion de violence qui nous attend à la fin de l’histoire tout en prenant un temps fou pour y arriver. Le film peut aussi paraître assez maladroit dans son traitement du féminisme. Les plus misogynes des spectateurs pourront peut être se dire qu’au fond ces filles ont bien cherché ce qui est leur est arrivé et ils n’aimeront certainement pas le retournement de situation à la fin. Les personnes plus ouvertes comprendront qu’au contraire ces filles se servent de l’image qu’elle peuvent renvoyer pour la retourner vers ces machos. Pour être plus clair sur le sujet le réalisateur n’a pas hésité à glisser un petite explication en toute fin de film pour qu’on envoie balader tous ces codes qui conditionnent nos esprits et gèrent les relations entre les hommes et les femmes depuis des années et qui ne correspondent certainement plus aux mœurs d’aujourd’hui.

 

Assassination Nation

 

Même si le film se veut féministe et intelligent, il se montre aussi quelque part assez dérangeant en faisant culpabiliser le spectateur par son aspect assez pervers. Bien que Sam Levinson a tenu à ce qu’il n’y ait aucune véritable nudité dans le film, les actrices sont suffisamment excitantes et court vêtues pour réveiller les pulsions sexuelles des spectateurs mâles et peut être donner  l’impression aux spectatrices que ces filles sont traités comme des objets sexuels. Les nombreuses scènes dures et sanglantes réveilleront aussi chez les amateurs du genre un appétit pour la violence comme dans de nombreux films d’horreur. Mais peut être faut il cesser de se poser trop de questions pour juste profiter de l’aspect totalement fun et jouissif du long métrage qui a aussi pour inspiration certains films de Russ Meyer et un petit coté Quentin Tarantino dans Boulevard De La Mort. Avec un budget d’à peine six millions de dollars, le film paraît en avoir coûté beaucoup plus tant les images sont belles et la mise en scène souvent impeccable avec de nombreux plans séquences.

La réussite de Assassination Nation repose aussi beaucoup sur son casting avec des actrices pas encore vraiment connues mais qui risquent bien de faire parler d’elles. Le rôle de Lily est tenue par la jeune australienne Odessa Young qui porte une bonne partie du film a elle toute seule. Vue dans la série Transparent, Hari Nef marquera aussi les esprits tant elle en impose à l’écran. Un peu moins importante dans l’intrigue Suki Waterhouse vue dans The Bad Batch et Bella Thorne vue dans The Babysitter sont les atouts sexy du film. Du coté des garçons, on retiendra surtout Bill Skarsgard le héros de la série Hemlock Grove et nouveau Grippe-Sou du film Ça en petit ami indélicat de l’héroïne.

 

Assassination Nation

 

Ce n’est pas pour rien que Assassination Nation se déroule dans une ville baptisée Salem. Il s’agit là d’une chasse aux sorcière d’un nouveau genre, où ce sont les femmes qui ne se laissent pas faire qui sont les proies des misogynes. Si le second film de Sam Levinson est loin d’être dénué de tous défauts, il aura le bénéfice d’ouvrir de véritables réflexions sur les maux de l’Amérique de Trump entre le mouvement #MeToo et la lutte contre la prolifération des armes. On devra aussi saluer la beauté des images et le talent de mise en scène pour un aussi petit budget qui laisse à penser que le réalisateur pourrait bien rapidement marcher sur les traces de son père Barry Levinson.

 

MON AVIS : 3/5

 

Assassination Nation

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Sam Levinson
  • AVEC : Odessa Young, Suki Waterhouse, Hari Nef, Abra & Bill Skarsgård
  • SCÉNARISTE : Sam Levinson
  • COMPOSITEUR : Ian Hultquist
  • GENRE : Thriller, Drame
  • DURÉE : 1h48
  • NATIONALITÉ : Américain
  • DISTRIBUTEUR : Apollo Films
  • SITE OFFICIELhttps://www.anationmovie.com/
  • DATE DE SORTIE : 5 décembre 2018

 

 

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