BOY ERASED de Joel Edgerton [Critique Ciné]
L’acteur Joel Edgerton repasse derrière la caméra pour la seconde fois avec Boy Erased afin de nous raconter l’histoire vraie et poignante de Garrard Conley. Préparez les mouchoirs !
SYNOPSIS : En apprenant l’homosexualité de son fils Jared, le pasteur baptiste Marshall Eamons décide de l’envoyer dans un centre de conversion afin de ne pas avoir à affronter les regards de sa communauté. Mais parce que l’homosexualité n’est pas quelque chose dont on peut guérir, Jared va rapidement rejeter les méthodes du centre et assumer plus que jamais son orientation sexuel au risque de ne plus jamais parler à son père.
Neuf mois après Come As You Are, Boy Erased revient sur un sujet qui ne devrait même pas exister. Se dire qu’encore en 2019, il existe des centres de conversion pour tenter de guérir les homosexuels aux Etats Unis semble être une complète aberration. Et pourtant plus de 700 000 homosexuels américains ont déjà subit cette thérapie dont près de la moitié alors qu’ils étaient encore mineurs. Pour son second film en tant que réalisateur, Joel Edgerton a choisi d’adapter l’autobiographie de Garrard Conley qui avait dû subir ce traitement à 19 ans.
Au début l’histoire de Boy Erased semble très similaire à celle de Come As You Are mais rapidement elle va prendre une tournure encore bien plus violente dans le film de Joel Edgerton. Visiblement, le jeune réalisateur ne compte pas prendre de gants pour raconter le calvaire traversé par Jared. Le centre où il va mettre les pieds a en effet des règles très strictes auxquelles il n’est pas question de déroger sous peine d’être tout de suite remis à sa place par les employés du centre. Sans savoir combien de temps, il devra rester à suivre cette thérapie, il devra subir différentes leçons destinés à découvrir quels membres de sa famille auraient pu par son comportement passé l’inciter ainsi à devenir homosexuel. Il devra aussi apprendre à adopter les postures d’un véritable homme bien viril. Lui qui ne se sent absolument pas malade ou anormal va traverser avec ses camarades des épreuves difficilement supportables même pour les spectateurs.
Si le but principal du film est de faire comprendre à ceux qui en doutaient que l’homosexualité n’est pas un choix mais quelque chose d’aussi naturel que l’hétérosexualité, Boy Erased a aussi un message très intéressant et forcement émouvant sur les relations entre enfants et parents. Le film commence par des images toutes mignonnes du jeune Jared puis enchaîne tout de suite avec une scène où ses parents viennent d’apprendre son homosexualité et semblent subitement vouloir le rejeter. En tant que Pasteur et directeur d’un garage, le père de Jared se sent doublement trahi. Non seulement il n’obéit pas à ce qui est écrit dans la bible et son orientation sexuelle pas assez viril ne fera pas de lui son successeur au garage. Mais au lieu de discuter avec son fils, il préfère prendre conseil d’autres hommes d’églises et l’expédier sans l’écouter suivre cette thérapie. De l’autre coté, sa mère est obligée de laisser faire son mari même si on sent qu’elle lutte avec ses propres sentiments qui lui donnent envie de prendre parti pour son fils. Tout les spectateurs qui ont des problèmes de communication avec leurs parents ou avec leur enfants se reconnaîtront forcement dans cette histoire et y trouverons peut être l’envie d’entamer une grande discussion.
Le jeune Lucas Hedge semble se faire une spécialité des rôles d’adolescent tourmenté. Révélé par son rôle dans Manchester By The Sea où il devait surmonter la mort d’un proche et revu tout récemment dans Ben Is Gone où il jouait un ado drogué, il joue ici brillamment le jeune Jared. C’est un Russell Crowe bien bedonnant qui joue son père qui refuse le dialogue mais celle qui épate le plus est une nouvelle fois Nicole Kidman qui en seulement quelques scènes arrive à nous clouer par sa prestation de mère aimante qui souffre de ne pouvoir aider son fils. En plus de réaliser le film, Joel Edgerton s’est offert le rôle de l’horrible psychologue qui dirige la thérapie de conversion et qui se montre parfaitement détestable. Dans son équipe, on reconnaîtra Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers en instructeur macho digne de Full Metal Jacket. Dans les camarades de Jared, on pourra revoir le réalisateur Xavier Dolan en habitué des centres de conversion.
Si la mise en scène nous réserve de belles images, on pourra reprocher à Boy Erased un problème de rythme et de montage. Succession de scènes se déroulant sur plusieurs mois, il manque clairement des indications de temporalité surtout lorsque Joel Edgerton glisse subitement un flashback pour raconter les premiers émois homosexuels de Jared. Celles-ci sont d’ailleurs particulièrement réussies tant le réalisateur arrive à nous transmettre parfaitement la tension sexuelle entre Jared et ses futurs conquêtes.
C’est avant tout pour son message que tout le monde devrait bien avoir en tête que l’homosexualité n’est ni une maladie mentale ni un simple choix d’orientation sexuel qu’il faut aller découvrir Boy Erased. Véritable claque souvent très violente, le film est cependant réservé à un public averti qui n’a pas peur d’être choqué. Il ne manquera pas non plus de vous émouvoir dans les relations entre cet ado et ses parents et leur impossibilité de communiquer.
MON AVIS : 3/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEUR : Joel Edgerton
- AVEC : Lucas Hedge, Nicole Kidman, Joel Edgerton, Russell Crowe, Xavier Dolan & Madelyn Cline
- SCÉNARISTE : Joel Edgerton d’après l’autobiographie de Garrard Conley
- COMPOSITEURS : Danny Bensi & Saunder Jurriaans
- GENRE : Drame, Biopic
- DURÉE : 1h55
- NATIONALITÉ : Américain
- DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France
- SITE OFFICIEL : http://www.focusfeatures.com/boy-erased
- DATE DE SORTIE : 27 mars 2019