BUDAPEST de Xavier Gens [Critique Ciné]
Révélé par le film d’horreur Frontière(s), le réalisateur Xavier Gens fait un retour surprenant avec la comédie Budapest grandement inspirée par Pattaya mais réussir une vraie bonne comédie n’est pas à la portée de tous.
SYNOPSIS : Même si ils sortent de H.E.C., Vincent et Arnaud sont loin d’être satisfaits dans leur travail. Lorsqu’un soir, ils se font jeter à l’entrée d’une boite sélect, ils vont avoir l’idée de tout plaquer pour créer une agence de tourisme spécialisée dans l’enterrement de vie de garçon à Budapest. Face au succès de leur projet, ils vont rapidement perdre pied au point de mettre en péril leur amitié et leur vie de couple avec leurs épouses.
Avec Frontière(s), le réalisateur français Xavier Gens avait fait ses premiers pas dans le film de genre de manière impressionnante et prometteuse qui lui avait permis de convaincre la 20th Century Fox de lui confier la réalisation de la première adaptation du jeu vidéo Hitman. Après ce second long métrage pour le moins raté, c’est directement en DVD que nous avions pu découvrir son troisième film The Divide en 2011. Depuis il s’était fait plutôt rare accumulant les projets qui n’on jamais vu le jour. Lorsque Manu Payet a renoncé à réaliser lui même Budapest, Xavier Gens a vu dans ce projet l’occasion d’explorer une autre facette de sa cinéphilie citant comme référence Todd Philips (Very Bad Trip), Les Frères Coen ou bien encore Adam McKay (Frangins Malgré Eux). Mais si il a fait ses preuves dans l’horreur, cette première comédie est loin d’être aussi réussie…
Après sa sympathique comédie romantique Situation Amoureuse : C’est Compliqué, Manu Payet avait visiblement envie de lâcher la bride pour son second film en écrivant l’histoire de Budapest. En voyant l’affiche ou la bande annonce de cette comédie, on pense forcement tout de suite à Pattaya, Very Bad Trip ou même à Gangsterdam de son pote Romain Levy dans lequel il joue mais l’indication en début de film qu’il est inpiré d’une histoire vraie laissait déjà à penser que ce long métrage ne serait du coup peut être pas aussi déjanté que ce qu’on pouvait s’imaginer. Il ne faut pas s’attendre à du gag toutes les trente secondes et de folles rigolades en regardant Budapest. Le début du film se montre très plaisant dans l’installation de son histoire et la découverte des diverses activités et orgies sexuelles pleines de folie offertes par la ville. Rien cependant de bien originaltant le film ne fait que reprendre des choses vues ici où là même dans le Hostel d’Eli Roth sans aller aussi loin. Il suffit même d’aller faire un tour sur le site officiel de la véritable agence qui a inspiré le film pour voir que les scénaristes n’ont fait que reprendre les activités les plus délirantes proposées pour de vrai.
On ne peut pas vraiment parler ici de rôles de composition pour les acteurs de Budapest tant chacun ne fait que reprendre son personnage habituel. Manu Payet est le mec posé et réfléchi, Jonathan Cohen fait beaucoup penser à son personnage de Serge Le Mytho et Monsieur Poulpe pour son plus grand rôle au cinéma reste le même qu’à la télévision dans ses expressions et même dans les tatouages dont certains sont ses vrais. Au fond cela n’est pas vraiment gênant car c’est un peu pour cela que l’on avait envie de voir Budapest tant les trois comédiens ont chacun su faire leurs preuves en terme de comédie et qu’ils restent ici toujours aussi bons pour nous donner tout de même de bonnes occasions de rire.
Mais si Budapest est au fond plutôt décevant, c’est qu’il ne peut s’empêcher de reprendre des travers bien français qui vont finir par nous faire passer toute envie de rire. Si on peut fermer les yeux sur l’inévitable brouille entre amis que l’on retrouve toujours dans les comédies de pote en guise de ressort pour l’intrigue, le film fini par se prendre trop au sérieux dans sa dernière partie qui essaye de se montrer plus dramatique sans avoir vraiment la bonne idée pour le devenir. Quand à la conclusion du film, elle montre à quel point les scénaristes partis d’une bonne idée n’ont vraiment pas su la développer correctement et encore moins su trouver une fin convenable tant la dernière grande scène paraît totalement inutile.
On pourrait s’étonner que Budapest n’ait pas encore déclenché les foudres des mouvements féministes en cette période de libération de la parole et de lutte contre le harcèlement entre l’accessoirisation de filles dénudées que certains ne manqueront pas de trouver sexiste et les blagues que l’on pourrait qualifier de grossophobes. Et que dire du mauvais rôle donné à Alice Belaïdi en nunuche prête à accepter d’être trompée et surtout à Alix Poisson, en castratrice briseuse de rêves, deux rôles tellement clichés et peu sympathiques qu’on aura du mal même à les prendre en pitié. Quand aux autres rôles féminins, ils relèvent presque de la figuration tant elles n’ont rien à défendre.
Pas aussi déjanté que ce qu’on aurait aimé, Budapest manque clairement d’inspiration par son accumulation de scènes réchauffées. Les influences sont clairement mal digérées et recrachées simplement comme une mauvais copie carbone. Heureusement que le trio formé par Manu Payet, Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe, toujours fidèles aux personnages qu’ils se sont créés, arrivera par moment à nous arracher un éclat de rire. Ce ne sera malheureusement pas suffisant pour sauver un film au ressort dramatique vraiment plombant qui laisse à penser qu’adapter librement cette histoire vraie n’était au fond peut être pas une si bonne idée.
MON AVIS : 2/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEUR : Xavier Gens
- AVEC : Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe, Alice Belaïdi et Alix Poisson
- SCÉNARISTES : Manu Payet & Simon Moutaïrou
- COMPOSITEUR : Jean-Pierre Taïeb
- GENRE : Comédie
- DURÉE : 1h42
- NATIONALITÉ : Français
- DISTRIBUTEUR : Warner Bros. France
- DATE DE SORTIE : 27 juin 2018