LE CROCODILE DU BOTSWANGA de Fabrice Eboué et Lionel Steketee [Critique Ciné]
Très bonne surprise de l’année 2011, Case Départ, le premier film de Fabrice Eboué et Thomas Ngijol avait révélé une facette des deux humoristes jusque là insoupçonnée. Sortis très rapidement du lot de la première saison du Jamel Comedy Club, ils ont su se démarquer par des spectacles très drôles sans pour autant que l’on puisse se douter que leur humour pourrait fonctionner aussi sur grand écran. Deux ans plus tard il récidive avec Le Crocodile du Botswanga pour dénoncer avec humour les dérives de l’Afrique.
Bienvenue au Botswanga, un pays imaginaire pas si éloigné de la vérité dans lequel Didier, un minable agent sportif accompagne son nouveau poulain : le talentueux Leslie Conda. Celui ci veut profiter de son invitation par le président de la République Bobo Babimbi pour déposer les cendres de sa mère près de son village d’origine. Les deux hommes vont cependant vite déchanter en découvrant la véritable nature d’un président plus proche du dictateur que du grand démocrate qu’il se voudrait être.
C’est en s’échangeant sur YouTube des vidéos hilarantes de véritables présidents africains souvent si ridicules que l’on a du mal à croire qu’ils puissent réellement diriger un pays que Fabrice Eboué et Thomas Ngijol ont trouvé le sujet de leur second film. Un sujet qui a déjà fait l’objet de nombreux sketchs chez les humoristes black comme Dieudonné et Eric Blanc mais qui dénonce toujours en même temps comment l’Afrique est en permanence pillée par de grands groupes industriels qui a coup de lobbying installent des chefs d’états de pacotille qui profitent des richesses tout en laissant leur pays se faire piller toutes ses ressources.
Le Crocodile du Bostwanga suit un peu la même trame que le film Le Dernier Roi d’Ecosse. On découvre un dictateur sévère mais qui parait aussi sympathique et accueillant. Ce n’est qu’un peu plus tard que Didier va découvrir les manigances de ce chef d’Etat qui s’occupe plus de ses intérêts personnels que ceux de son pays. C’est bien sur dans une version beaucoup plus drôle que Fabrice Eboué et Thomas Ngijol font passer leur message. Un scénario écrit en collaboration avec Blanche Gardin qui était avec eux chez Jamel. Les deux humoristes prouvent encore que l’on peut définitivement rire de tout si cela est fait de manière intelligente.
Pour ce deuxième film Thomas Ngijol a laissé les manettes entièrement à Fabrice Eboué qui a écrit l’histoire et réalisé le film toujours en compagnie de Lionel Steketee pour la caution technique. Du coup il a pu se consacrer à sa prestation épatante de dictacteur à la fois hilarante mais aussi parfois inquiétante très inspirée par le président guinéen Dadis Camara. Fabrice Eboué lui retrouve un rôle pas si éloigné de celui qu’il tenait dans Fatal puisqu’il y était déjà un agent. Un personnage à l’image de son humour sur scène, une sorte d’enfoiré qu’on ne peut cependant pas détester comme lorsque sur scène il sort une vanne limite qui nous fait pourtant bien marrer.
Une grande partie du casting de Case Départ est également de retour dans Le Crocodile du Botswanga : Franck De La Personne qui jouait le curé est ici le conseiller du Président, Eriq Ebouaney qui jouait leur ancêtre est le chef militaire, Etienne Chiquot le riche propriétaire est ici un Patron véreux venu arroser le Président et David Salles (Monsieur Henri) fait un petit caméo en journaliste. Se rajoute au lot Gloria Tagbo et Amelle Chahbi issu elles aussi de la 1ere année du Jamel Comedy Club ainsi que deux petits nouveaux Ibrahim Koma dans le rôle du footballeur et la révélation Hélène Kuhn dans un rôle très sexy.
L’effet de surprise de Case Départ passé, Le Crocodile du Botswanga ne déçoit cependant pas. Le duo a gardé le même niveau d’humour et même les scènes vues et revues de la bande annonce arrive encore à nous faire rire. Un duo définitivement très prometteur dont on va surveiller de près les prochaines apparitions même si ils ont déjà l’air de vouloir aller voir chacun de leur coté. Thomas Ngijol préparant actuellement un film en solo pour cette année.
MON AVIS 4/5 |
Si on pouvait craindre un deuxième film moins réussi, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol ne mettent à peine que quelques secondes pour nous rassurer. On rigole tout autant devant la nouvelle fantaisie des deux humoristes qui arrivent toujours à nous faire rire d’un sujet pourtant grave. De l’humour intelligent qui les place sur le dessus du panier d’une nouvelle génération d’humoristes qui réussissent aussi bien sur scène qu’au ciné bien au dessus d’un Kev Adams ou Max Boublil. |
- FICHE TECHNIQUE :
- – REALISATEURS : Fabrice Eboué et Lionel Steketee
- – AVEC : Thomas Ngijol, Fabrice Eboué & Ibrahim Koma
- – SCENARISTES : Fabrice Eboué et Blanche Gardin
- – GENRE : Comédie
- – DUREE : 1h30
- – MUSIQUE : Guillaume Roussel
- – PAGE FACEBOOK : https://www.facebook.com/LeCrocodileduBotswanga
- – DATE DE SORTIE : 19 Février 2014
BONUS : Quand la réalité dépasse la fiction : Dadis Camara, le président de Guinée