MARY SHELLEY de Haifaa Al Mansour [Critique Ciné]
Tout le monde connait Frankenstein mais qui connait l’histoire de Mary Shelley, l’auteur du roman où il est né ? C’est ce que le second film de Haifaa Al Mansour aimerais tenter nous faire découvrir sans parvenir malheureusement à ses fins.
SYNOPSIS : Fille de deux grands écrivains, Mary Wollstonecraft Goodwyn fait la connaissance à 16 ans du poète révolutionnaire Percy Shelley. De leur scandaleuse histoire d’amour, la jeune femme va trouver l’inspiration pour écrire l’un des romans fantastiques les plus célèbres au monde : Frankenstein Ou Le Promethée Moderne.
Si le mythe de Frankenstein a donné naissance depuis sa sortie à des centaines d’œuvres diverses et variées dans tous les domaines culturels, la vie de son auteur Mary Shelley a elle aussi déjà inspirée plusieurs réalisateurs dans des films comme Gothic ou Haunted Summer qui fantasmaient la genèse du roman mythique avec un aspect plus horrifique. Pour son second film, la réalisatrice saoudienne Haifaa Al Mansour a choisi d’aborder cette histoire de manière bien plus réaliste en dressant avant tout le portrait d’une femme qui a beaucoup souffert. Mais autant l’avouer tout de suite, Mary Shelley n’est toujours pas le grand film que l’on attendait sur la vie de cette auteur trop méconnue.
Forcement avec toutes les adaptations de Frankenstein au cinéma et toutes les œuvres qui s’en sont servi d’inspiration, on s’attendait forcement en allant voir Mary Shelley à se retrouver devant un film très gothique dans la lignée du Frankenstein de Kenneth Branagh . On se rendra malheureusement bien vite compte que ce ne sera pas le cas en voyant les costumes un peu trop modernisés et le manque d’ambiance total de ces premières scènes. Clairement, on sent un manque de budget flagrant qui laisse à penser que le film aurait certainement mieux fait de sortir directement en DVD plutôt que sur grand écran. Forcement, on se demande si une réalisatrice saoudienne telle que Haifaa Al Mansour était vraiment la mieux placé pour raconter une telle histoire tant elle vient d’un horizon très éloigné de la culture britannique. Ce n’est clairement pas un film d’horreur que la cinéaste a voulu faire ici mais un portrait de femme militant quitte à prendre de grandes libertés avec la véritable histoire de l’écrivaine pour dépeindre une théorie selon laquelle la créature de Frankenstein serait née de toutes les épreuves et toutes les souffrances qu’elle a connu dans sa vie.
Plus que la vie de la romancière, c’est son histoire d’amour avec Percy Shelley qui est clairement au cœur du long métrage. Avec de grandes ellipses, le film tourne rapidement à la bluette romantique mais là où il y aurait facilement le matériel pour inventer une histoire digne des sœurs Bronte, Haifaa Al Mansour n’a clairement pas le même talent dans l’écriture romantique et gothique et son histoire se rapproche clairement plus d’une romance à l’eau de rose à la Twilight. Le scénario de Mary Shelley joue au montagnes russes avec des scènes très réussies lorsqu’il nous raconte les étapes de la vie de l’auteur marquée par le poids d’avoir pour parents deux auteurs réputés et la souffrance de ne jamais avoir connue sa mère mais il finit vraiment par nous plonger dans l’ennui dans sa dernière partie vraiment focalisée sur les difficultés traversées par le couple. L’écriture du roman n’apparaît qu’en filigrane à travers de courtes scènes où l’on devine quelles expériences ont pu l’inspirer pour inventer le personnage et son histoire.
On l’a vu à travers quasiment toute sa filmographie et encore récemment dans How To Talk To Girls At Parties, Elle Fanning n’a aucun mal à jouer les amoureuses et surtout à nous faire tomber amoureux d’elle. La jeune actrice est une nouvelle fois impeccable dans le rôle de Mary Shelley laissant éclater sa passion pour le poète et montrant ses doutes et ses peines. Quel dommage de lui avoir donné pour partenaire l’acteur Douglas Booth, exaspérant en Percy Shelley trop inspiré par le vampire Edward Cullen. Vu dans Golem, Le Tueur De Londres et Orgueil et Prejugés et Zombies, il semble se spécialiser dans les rôles gothiques mais son look un peu trop rock star lui donne un coté anachronique.
Probablement choisie pour son visage un peu étrange, Bel Powley principalement connue pour son rôle dans Detour joue ici le rôle de la belle sœur de Mary qu’elle va embarquer dans sa fuite avec Percy avantq que celle-ci ne la trahisse dans une sous intrigue qui ne reposera que sur des non dits sans être totalement exploitée. Tom Sturridge qui avait déjà joué avec la grande sœur Dakota Fanning dans Effie Gray joue un Lord Byron tout aussi exaspérant que l’est Percy Shelley. Il ne vaut mieux pas aller voir Mary Shelley pour y voir Maisie Williams car l’actrice de Game Of Thrones ne tient qu’un rôle très anecdotique dans la période trop courte d’exil écossais de la jeune Mary.
Loin du grand film gothique que l’on était en droit de s’imaginer en repensant à toutes les bonnes adaptations de Frankenstein, Mary Shelley n’est qu’une romance à l’eau de rose qui n’arrive pas à véhiculer le message féministe qui semblait pourtant tenir spécialement à coeur à la réalisatrice Haifaa Al Mansour. Au final, la cinéaste semble être un bien mauvais choix pour écrire et mettre en scène la vie de la romancière qu’elle s’est permis de rendre bien moins complexe qu’elle ne fût vraiment. Alors qu’on espérait tout savoir de la genèse du livre qui a marqué la littérature, on sort de la projection avec des notions bien trop floues et qui ne sont peut être même pas vraies. On ne retiendra de ce ratage que la toujours aussi craquante Elle Fanning qui ne pourra pas sauver le film de l’ennui face à des partenaires insupportables.
MON AVIS : 1/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEUR : Haifaa Al Mansour
- AVEC : Elle Fanning, Bel Powley, Douglas Booth, Stephen Dillane, Tom Sturridge & Maisie Williams
- SCÉNARISTE : Haifaa Al Mansour et Emma Jensen
- COMPOSITEUR : Amelia Warner
- GENRE : Biopic, Romance, Drame
- DURÉE : 2h00
- NATIONALITÉ : Britannique
- DISTRIBUTEUR : Pyramide Distribution
- SITE OFFICIEL :
- DATE DE SORTIE : 8 août 2018