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MOONLIGHT de Barry Jenkins [Critique Ciné]

 

Moonlight

 

C’est auréolé du Golden Globe du Meilleur Film Dramatique et de six prix raflés au Gotham Awards que Moonlight arrive dans les salles françaises ce 1er février 2017. Mais le film de Barry Jenkins mérite t’il vraiment autant d’honneur ?

 

 

SYNOPSIS : Trois étapes de la vie de Chiron, passé du jeune garçon timide et chétif à l’adolescent en colère devenu un jeune adulte qui n’a pas pu échapper à son destin.

 

Histoire d’étouffer le scandale de l’absence d’acteurs noirs aux Oscars 2016 et pour se déculpabiliser de la récente montée de crimes racistes, Tout Hollywood était prêt il y a quelque mois à faire du film Birth Of A Nation le grand favori des Oscars après son triomphe à Sundance. Mais le réalisateur Nate Parker ayant été peu de temps après rattrapé par son passé trouble plus personne ne veut aujourd’hui entendre parler de lui. Avec la pluie de récompenses reçues aux Gotham Awards et un Golden Globe du Meilleur film dramatique en poche, Moonlight semble aujourd’hui devenu le nouveau film excuse. Cela semble particulièrement flagrant car le film de Barry Jenkins ne mérite clairement pas toutes ces récompenses.

 

Moonlight

 

Moonlight est l’adaptation de la pièce de théâtre In Moonlight Black Boys Looks Blue écrite par Tarrel Alvin McCraney mais encore jamais jouée sur scène il s’agit de l’histoire de Chiron qui comme dans le sketch Le Blouson Noir de Coluche  semble collectionner malheureusement toutes les raisons d’être brimée par les autres : noir, homosexuel, pauvre, fils d’une camée et d’un père inconnu, petit et chétif. Comme le disait l’humoriste, sa vie ne sera forcement pas facile avec ce genre de bagages. Barry Jenkins a choisi de l’illustrer à travers trois périodes de sa vie : préadolescence, adolescence et jeune adulte qui chapitrent le film. Un film inspiré du quotidien du réalisateur et de l’auteur qui ont grandi dans le même quartier de Miami gangrené par la drogue où se situe cette histoire.

Face à ses difficultés dans la vie, le jeune garçon manque forcement de confiance et a bien du mal à s’ouvrir aux autres. Très peu bavard, il nous donnera bien du mal à s’attacher à lui. Mais le plus gros défaut de ce film c’est que le réalisateur a choisi de se focaliser principalement sur lui et tous les personnages secondaires ont tendance à disparaître subitement au fil des années comme ce père de substitution auquel il s’était attaché dans sa jeunesse et dont on apprend juste la mort sans savoir vraiment comment ou encore comme sa mère de substitution dont on entend encore parler dans la troisième partie sans plus la voir. On a vraiment l’impression que le film ne fait survoler cette histoire sans jamais vouloir entrer dans les détails.

 

Moonlight

 

A l’image des films de Xavier Dolan, on a l’impression que Barry Jenkins fait exprès de filmer n’importe comment. Ils a une fâcheuse tendance à coller sa caméra très prés des personnages sans se soucier de faire forcement le point. Du coup l’image tremble et devient flou sans que cela semble le gêner. Barry Jenkins semble aussi s’auto censurer en ne rentrant jamais dans le vif du sujet, l’homosexualité du personnage est à peine illustré et le séjour en prison à peine évoqué. Au final, tout ce qui aurait pu être intéressant dans le film est éclipsé et tout ce qu’on a le droit est une succession de scènes pour la plupart sans intérêt et rarement émouvantes.

Ce scénario ou montage complètement raté est d’autant plus dommage que l’ensemble du casting assure clairement sa part du travail, le seul Gotham Award véritablement mérité. On sera forcement plus touché par les prestations des plus jeunes Alex R. Hibbert et Ashton Sander qui joue Chiron dans les deux premiers chapitres. En sosie de 50 Cent, Trevante Rhodes est moins convaincant d’autant plus que cette troisième partie n’apporte rien au récit. Alors qu’il était encore bien parti en mentor de Chiron, le pauvre Mahershala Ali se voit encore subitement disparaître comme dans Luke Cage ne nous laissant que trop peu de temps pour apprécier sa prestation. En mère camée Naomie Harris est convaincante mais n’a pas non plus la place pour devenir vraiment émouvante.

 

Moonlight

 

Difficile de comprendre l’engouement autour de Moonlight tant le film semble ne rien raconter. Il ne fait que survoler la vie d’un pauvre petit garçon qui comme tant d’autre a été malmené à l’école et n’a pas eu de chance dans la vie. On a déjà vu ça de nombreuses fois et bien souvent raconté de manière bien plus émouvante qu’ici. Particulièrement mal filmé et mal découpé, il ne nous permet jamais de profiter pleinement de la prestation d’acteurs excellents qui auraient mérité une plus grande présence à l’écran. La première grosse déception de 2017.

 

MON AVIS : 0/5

 

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Barry Jenkins
  • AVEC : Alex R. Hibbert, Ashton Sander, Trevante Rhodes & Naomie Harris
  • SCÉNARISTE : Barry Jenkins
  • COMPOSITEUR : Nicholas Brittell
  • GENRE : Drame
  • DURÉE : 1h51
  • NATIONALITÉ : Américain
  • DISTRIBUTEUR : Mars Films
  • SITE OFFICIELhttp://moonlight.movie/
  • DATE DE SORTIE : 1er février 2017

 

 

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