BEETLEJUICE BEETLEJUICE de Tim Burton [Critique Ciné]

20 septembre 2024 hohxb

Tim Burton donne enfin une suite à BeetleJuice mais est-elle vraiment à la hauteur de notre attente ?

Cela fait trente six ans que nous attendions une suite au film culte Beetlejuice de Tim Burton. Rapidement mise en chantier après le succès du premier volet, l’écriture de cette suite aura vu défiler de nombreux scénaristes avant de réussir à enfin voir le jour. Réellement mis en chantier depuis 2011 tout d’abord sous la plume de Seth Grahame-Smith le scénariste de Dark Shadows , il aura encore fallu dix ans de travail pour développer une histoire capable de convaincre le réalisateur Tim Burton et les acteurs Michael Keaton et Winona Ryder de rempiler. Mais à la vue du résultat, peut-être auraient-ils mieux fait de se retrouver sur un tout autre projet plutôt que de sortir une suite loin de nos attentes.

C’est qu’en trente six ans tous les fans du long métrage ont eu largement le temps de chacun s’imaginer cette suite qui tardait à voir le jour. Et comme pour la dernière trilogie Star Wars, voir la tournure choisie pour cette suite aura de quoi étonner. À force d’attendre, il a fallu prendre en compte que tous les acteurs ont pris de l’âge et que Winona Ryder n’est forcement plus la charmante adolescente que nous avons connu. C’est désormais en tant que présentatrice d’une émission télé sur les fantômes faisant penser à la célèbre Elvira que nous retrouvons Lydia. Elle est aussi maintenant la mère d’une adolescente prénommée Astrid en froid avec elle depuis la mort de son père.

Preuve que cette suite a été difficile à écrire, BeetleJuice BeetleJuice compte trois sous-intrigues différentes comme si les scénaristes n’avaient voulu abandonner aucune de leurs idées développées au fil des années d’écriture. Cela n’empêchera pas de s’ennuyer ferme durant la longue installation du film. Il y a de quoi se demander à quand remonte leur dernier visionnage du premier BeetleJuice tant cette suite ne semble pas prendre en compte la manière dont il se finissait. Alors que le couple de fantômes était normalement condamné à passer 125 ans dans leur maison, ils se verront balayés de cette nouvelle histoire d’une simple réplique et la maison aura retrouvé la décoration intérieure changée par les parents de Lydia à leur emmenagement.

À croire que le scénario a été écrite comme un cadavre exquis, certaines scènes viendront régulièrement contredire ce qui était dit plus tôt. Comme par exemple quand Lydia avoue à Astrid ne plus avoir de sentiments pour son père à l’époque de sa disparition, nous apprendrons ensuite qu’elle est pourtant partie se reposer dans un centre spécialisé pour se remettre de sa mort. C’est là qu’elle a fait la rencontre de son nouveau fiancé devenu le producteur de son émission. Un nouveau personnage joué par Justin Theroux qui rappelle les affreux bourgeois du premier film. C’est leur relation qui est le cœur de l’histoire alors qu’elle est pourtant sans aucun doute la moins intéressante.

Comme pour le premier film, Tim Burton a tenu absolument à garder BeetleJuice comme un rôle secondaire. Il aurait pourtant été plus judicieux d’en faire cette fois ci le véritable héros de cette suite tant Mickael Keaton est excellent dans ce rôle. L’âge rendant le personnage encore plus répugnant et peut-être encore plus drôle. Il se verra confronté cette fois ci au retour de son ancienne épouse responsable de sa mort et qui veut encore récupérer son âme. Jouée par Monica Bellucci, celle ci semble être un croisement entre Morticia Addams ou Angélique Bouchard de Dark Shadows pour son aspect « Vamp » et de Sally de L’Étrange Noël De Monsieur Jack pour son corps rapiécé. Un personnage qui semble exprimer la rancœur du réalisateur contre ces anciennes compagnes. Mais alors que nous nous attendions à une confrontation mémorable, leur face à face sera malheureusement bien trop vite expédié au final.

La pire idée du film est certainement d’avoir fait appel à Jenna Ortega pour jouer la fille de Lydia. Non pas que la jeune actrice soit mauvaise mais son personnage est trop proche de la Mercredi Addams qu’elle joue dans la série de Tim Burton pour faire de véritable distinctions entre les deux personnages. Elle aussi aura le droit à son histoire d’amour dans la troisième sous-intrigue du film dont le conclusion donnera encore l’impression d’être trop vite bâclée.

Comme pour le premier film, la grande réussite de BeetleJuice BeetleJuice repose sur la possibilité pour Tim Burton de retrouver toute sa fantaisie dans les scènes dans le monde des morts toujours aussi géniales. Cependant si cette suite compte de nombreuses nouvelles bonnes idées pour développer cet univers, le film fait aussi beaucoup trop dans le fan service en recyclant des éléments du premier volet comme une surexploitation du personnage à tête réduite qui s’est ici multiplié comme une sorte de bande de Minions.

En plus de Michael Keaton et Winona Ryder, BeetleJuice BeetleJuice permet de retrouver Catherine O’Hara qui s’en donnera à nouveau à cœur joie dans le rôle l’excentrique mère de Lydia. En revanche si son père a une place importante dans cette histoire, nous serons surpris de ne pas retrouver l’acteur Jeffrey Jones qui l’incarnait mais celui ci est boycotté par Hollywood pour de graves accusations judiciaires. C’est avec beaucoup d’humour qu’il sera savamment remplacé. Il faut aussi noter l’arrivée de Willem Dafoe qui trouve un nouveau personnage déjanté d’acteur décédé se prenant toujours pour son personnage de détective et la brève apparition de Dany DeVito.

Tout comme le premier Beetlejuice, c’est pour la fantaisie de Tim Burton que cette suite est une réussite bien plus que pour son scénario qui multiplie les sous-intrigues sans savoir comment les achever correctement. Des histoires d’amour tournant au vinaigre qui donnent l’impression que le réalisateur a des comptes à régler avec ces anciennes compagnes mais qui ne sont pas ce que nous espérions pour nos retrouvailles avec BeetleJuice. C’est d’autant plus dommage que Michael Keaton est encore excellent dans le rôle mais malheureusement pas assez présent.