READY PLAYER ONE de Steven Spielberg [Critique Ciné]
Deux mois à peine après la sortie de Pentagon Papers, le réalisateur Steven Spielberg fait déjà son retour avec Ready Player One, un nouveau film de science fiction destinées aux fans de jeux vidéo et aux nostalgiques des années 80.
SYNOPSIS : En 2045, le monde est devenu tellement pourri que les gens préfèrent s’échapper de leur quotidien en se connectant à l’Oasis, un monde en réalité virtuelle où l’on est libre de faire ce qui nous chante. A sa mort, James Halliday le créateur de cet univers a décidé de confier son héritage au joueur qui arrivera à trouver le premier l' »Easter Egg » qu’il a caché. Joueur solitaire, Wade Watts va se lancer dans cette grande chasse au trésor où il finira par se créer un groupe d’amis fidèles qui vont s’unir pour sauver l’Oasis.
À maintenant 71 ans, Steven Spielberg ne compte visiblement toujours pas ralentir. Débordant en permanence de projets, il est obligé d’enchaîner les tournages à vitesse grand V. C’est ainsi que seulement deux mois après un Pentagon Papers clairement taillé pour les Oscars, le revoici déjà avec Ready Player One, un grand film pour toute la famille et principalement pour les fans de jeux vidéo. Il s’agit de l’adaptation d’un best seller imaginé par Ernest Cline en 2011 qui a donné naissance à une véritable saga littéraire culte auprès des américains. Véritable hommage à la culture geek des années 80, il n’est pas vraiment étonnant que Steven Spielberg ce soit rapidement intéressée à cette histoire en tant que l’un des principaux architectes de cette culture. Mais était-il pour autant le mieux placé pour lui rendre un hommage rempli de nostalgie ?
Il faut l’avouer, le premier teaser de Ready Player One, dévoilé judicieusement au Comic Con de San Diego temple des geeks du monde entier, nous avait laissé bouche bée avec une grande interrogation : comment un film peut réunir ainsi autant de figures emblématiques du cinéma, du comics books et des jeux vidéos ? Alors que la véritable bande annonce avait déjà émoussé notre impatience en dévoilant une intrigue pas aussi accrocheuse que ce qu’on aurait pu imaginer, la vision du film complet ne fait malheureusement que confirmer nos craintes. On se rendra rapidement compte tous ces personnages cultes n’apparaissent au final pas plus longtemps dans le film que dans la bande annonce et qu’ils n’apportent strictement rien au récit. Ce sont simplement les avatars des différents joueurs dans l’Oasis et non pas du tout les véritables personnages que l’on connait. Si certains auront une place un peu plus importante dans l’intrigue, pour d’autres il faudrait pouvoir faire des arrêts sur images pour les voir tant leurs apparitions seront furtives.
Passé cette première déception, il faut en venir à la principale, le héros Wade Watts est tout sauf attachant. La faute à un scénario pourtant écrit par l’auteur du roman Ernest Cline assisté par Zak Penn qui ne prend pas assez de temps pour développer ses personnages et préfère miser beaucoup plus sur l’action. C’est aussi parce qu’une fois nos héros plongés dans l’Oasis, le film devient alors un véritable dessin animé en images de synthèse où ils n’auront plus du tout la même apparence. On a alors la farouche impression de se retrouver devant une très belle scène cinématique d’un jeu vidéo mais qui rend le film moins spectaculaire car il est semble bien plus facile de faire du 100% digital au lieu de mêler prises de vues réelles et images de synthèse. C’est une grande scène dans l’univers d’un film culte, dont il reprend de manière incroyable tous les décors les plus mythiques, qui nous impressionnera le plus mais il faudra vraiment connaître ce long métrage pour l’apprécier pleinement. On ne pourra s’empêcher de penser au dessin animé Les Mondes De Ralph, dans ce croisement d’univers vidéo-ludiques à la différence que le film de Disney était beaucoup plus amusant.
A coté de ces scènes en images de synthèses, les scènes se déroulant en prise de vue réelles sont beaucoup moins impressionnantes comme si elles souffraient d’un manque de budget. Des bâtiments en ruine, beaucoup de béton et de gris qui montrent bien pourquoi la population préfère passer ses journées connectée à l’Oasis. Si l’un des messages du film est justement de tenter de faire comprendre aux spectateurs qu’il faut savoir de temps en temps se détacher de nos ordinateurs et smartphones, il n’y a rien dans cet univers qui pourraient donner envie aux gens de décrocher, si ce n’est une histoire d’amour un peu trop facile vraiment destiné à un public adolescent. Cette intrigue qui se prend un peu trop au sérieux a du mal à tenir la route et à captiver en allant parfois trop vite dans son développement. Dans sa longue carrière, Steven Spielberg nous a offert de nombreux divertissement largement supérieur à ce Ready Player One dont beaucoup avaient justement inspiré l’auteur Ernest Cline. D’une autre génération, le réalisateur n’a clairement pas la nostalgie des années 80 qu’il aurait fallu pour ce film. Il aurait mieux fait de rester producteur du film et de confier la réalisation à un réalisateur un peu plus jeune qui comme J.J. Abrams avec Super 8 ou les Duffer Brothers avec la série Stranger Things ont su si bien nous replonger dans cette ambiance.
Peut être aurait il fallu un acteur un plus sympathique que ce Tye Sheridan pour porter le film. Révélé par les drames Mud et Joe mais désormais aussi héros des derniers X-Men en Cyclops, il peine franchement à nous convaincre ici. Il se fait voler la vedette par une Olivia Cooke bien plus expressive et dont le rôle dépasse largement celui de la simple petite amie du héros. Le rôle du grand méchant de service est joué par Ben Mendelsohn dans une performance qui n’est pas sans rappeler celle qu’il faisait dans Rogue One : A Star Wars Story mais en moins bien ici. Steven Spielberg retrouve son nouvel acteur fétiche Mark Rylance dans le rôle de l’étrange concepteur de l’Oasis. Enfin On sera surpris de retrouver Simon Pegg dans le rôle pas vraiment drôle de son associé.
Si le grand spectacle est assuré, on sera forcement déçu de voir que l’avalanche de personnages cultes qui apparaissaient dans le teaser ne sont finalement que des caméos de luxe dont l’apparition ne durera pas plus longtemps dans le film et auquel ils n’apportent pour la plupart strictement rien. On préférera largement les véritables films des années 80 et 90 de Steven Spielberg tel E.T. ou Jurassic Park que ce Ready Player One qui ressemble plus à un dessin animé en image de synthèse ou une cinématique de jeux vidéo plus taillé pour l’Imax 3D ou la 4DX que pour le plaisir des cinéphiles. Trop frénétique et manquant clairement d’émotions, ce nouveau long métrage au scénario bâclé semble clairement être destiné aux plus jeunes malgré les nombreuses références visuelles et musicales aux années 80.
MON AVIS : 3/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEUR : Steven Spielberg
- AVEC : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, Mark Rylance, Simon Pegg et Lena Waithe
- SCÉNARISTES : Zak Penn et Ernest Cline d’après son roman
- COMPOSITEUR : Alan Silvertri
- GENRE : Science Fiction
- DURÉE : 2h20
- NATIONALITÉ : Américain
- DISTRIBUTEUR : Warner Bros. France
- SITE OFFICIEL : http://readyplayeronemovie.com/
- DATE DE SORTIE : 28 avril 2018
Critique rédigée le 20 mars 2018