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X de Ti West [Critique Ciné]

X de Ti West [Critique Ciné]

X de Ti West - Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss

Le réalisateur Ti West retrouve le chemin des salles obscures avec son nouveau film d’horreur X.

Apres son très réussi premier film The House Of The Devil qui semblait être un chef d’œuvre inédit des années 70, le realisateur Ti West s’était vu curieusement privé de cinema pour ses films suivants  tous parus directement en France en vidéo ou V.O.D. même lorsqu’il s’est essayé à d’autre genres comme le western avec In A Valley Of Violence. En revenant aux sources avec un nouveau film d’horreur à l’ambiance 70, son nouveau long métrage X lui permet enfin de revenir sur grand écran avec une œuvre qui fera certainement longtemps parler d’elle.

En débutant son histoire par la découverte par les autorités d’une scène de crime macabre dans une vielle ferme texane, l’hommage à Massacre à la Tronçonneuse est plus qu’évident et Ti West ne s’en est d’ailleurs jamais caché. À nouveau, le realisateur arrive encore parfaitement à nous faire croire que X est un film des années 70 qui vient subitement d’etre découvert. Comme dans son modèle, X met en scène une groupe de jeunes à bord d’un van en route vers une ferme isolée qui une fois sur place vont se retrouver pris dans une situation qu’ils n’auraient pas pu imaginer.

X de Ti West - Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss

Mais à la différence des autres films du genre, il ne s’agit pas cette fois ci d’une bande d’amis mais l’équipe de tournage d’un film porno qui espère connaitre la gloire avec l’essor du marché de la vidéo. Son héroïne Maxine rêve de devenir une veritable star du cinéma mais accepte pour l’instant de tourner pour son petit ami producteur dans ce genre de production où elle compte bien se faire remarquer.

S’inscrivant dans l’ère du temps de ces films horreur d’auteurs aux accents dramatiques tels que Grave ou Midsommar, X ne démarrera pas tout de suite comme un film d’horreur. Ti West prendra tout son temps pour installer ses personnages et le cadre de son histoire. C’est avec des scènes drôles, souvent sexy mais aussi plein de suspense plus que d’angoisse que commencera ce long métrage. Nous y reconnaitrons au fil des scènes différentes influences avec un lac et son ponton qui renvoie à Vendredi 13 ou un Crocodile qui rend hommage à un autre classique de Tobe Hooper, Le Crocodile De La Mort.

X de Ti West - Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss

Alors qu’on se demande à quel genre de monstre finira par être confronté cette joyeuse équipe, nous découvrirons qu’il s’agit simplement des propriétaires de cette ferme. Un couple suffisamment âgé pour avoir traversé les deux guerres mondiales aussi ravagés par le temps que le grand père de Massacre à la Tronçonneuse bien qu’un peu plus en forme. Autour de ces « monstres » se dresse en fait la question du désir sexuel chez les personnes âgées. Derrière ce corps qui ne ressemble plus à rien en comparaison des trois splendides jeunes femmes qui viennent d’arriver dans la ferme réside toujours les mêmes envies chez la grand mère qui se reconnait beaucoup en Maxine.

X casse aussi un tabou qui ne fera pas forcement plaisir à certaines féministes. Celui que les femmes répriment bien souvent leurs envies de sexe contrairement aux hommes qui ne peuvent bien souvent pas le cacher. Cela nous est montré par le biais de la plus jeune de la bande Lorraine venue à la base juste tenir le micro pour aider son copain réalisateur qui va finir par être émoustillée par le tournage alors qu’elle apparaissait si prude et innocente.

X de Ti West - Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss

Ce n’est qu’à la nuit tombée que le film basculera vraiment dans l’angoisse. Dévoilant enfin comment nous en sommes arrivés au carnage dévoilé en ouverture. Une succession de scènes gores jouissives et de très beaux moments de tension avec une scène vraiment marquante aussi drôle que pleine de suspense mis en scène de manière magistrale. Ti West démontre ici tout son talent dans un montage ou il met souvent en parallèle certains évènements réels avec le tournage du film porno. En s’inspirant de classiques des années 70, Ti West ne fait clairement pas dans l’originalité surtout lorsqu’il utilise lui aussi le titre (Don’t Fear) The Reaper de Blue Oyster Cult que l’on entend dans le premier Halloween de John Carpenter mais les amateurs du genre devrait clairement apprécier la folie de certaines attaques.

Pour incarner  Maxine l’héroïne du film, Ti West a porté son choix sur l’actrice Mia Goth dont le charme un peu étrange apporte déjà une atmosphère particulière au film A Cure For Life comme dans  le remake de Suspiria. C’est elle aussi qui incarne la grand mère Pearl même si on aura bien du mal à la reconnaitre. L’autre actrice porno du film Bobby-Line est incarnée par Brittany Snow très amusante avec ce personnage délurée. Les deux actrices ne seront pas avares de leurs charmes même s’il ne faut pas s’attendre à trouver dans X de vrais scènes de sexe explicites.  Déjà présente dans le dernier Scream, Jenny Ortega casse un peu son image de jeune fille modèle ex-égérie Disney  en incarnant la prude Lorraine qui se laissera aussi tenter. Le casting masculin est lui plus dans l’humour et la caricature que ce soit Martin Henderson en producteur, Kid Cudi en acteur porno ex-marine et Owen Campbell en réalisateur visionnaire.

X de Ti West - Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss

Premier volet d’une trilogie annoncée dont le premier prequel Pearl est déjà sorti aux Etats Unis, X est un film d’horreur très réussi qui allie tradition en prenant le meilleur des années 70 tout en y apportant la touche auteur des meilleures productions récentes. Bien que moins extrême que son inspiration principale Massacre À La Tronçonneuse, ce premier volet donne réellement envie de découvrir l’ambitieux nouveau projet de Ti West dans son intégralité.

MON AVIS :
5/5

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