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EMMANUELLE de Audrey Diwan [Critique Ciné]

Emmanuelle d'Audrey Diwan

La mythique Emmanuelle est de retour dans une relecture qui n’a plus grand chose d’érotique.

Ayant attiré plus de neuf millions de spectateurs à sa sortie en 1974 et resté pendant longtemps un phénomène incontournable même pour les touristes du monde entier qui venaient en France, le premier Emmanuelle passe aujourd’hui pour un film très patriarcal coupable de prôner la culture du viol. Preuve que la libération de la parole des femmes a fait changer les mentalités aujourd’hui. L’annonce d’un nouveau film Emmanuelle avait donc de quoi surprendre et réveille forcement notre curiosité.

Rapidement la réalisatrice Audrey Diwan a tenu a précisé  que son film n’est pas un remake mais bien une toute nouvelle version de cette histoire. Tellement différente même qu’elle n’a quasiment plus aucun rapport avec la précédente version ni même avec le livre écrit par Emmanuelle Arsan qu’elle est censé adapter. Transposée à notre époque et à Honk Kong au lieu de Bangkok, cette nouvelle version commence par la scène culte dans l’avion mais celle ci montrera tout de suite bien la différence entre les films de 1974 et 2024 . Allumeuse n’hésitant pas à faire l’amour au milieu des autres passagers endormis et se laissant sans résistance emmenée par un un autre homme dans les toilettes de l’avion pour être prise à nouveau avec plaisir dans le film d’origine. La nouvelle Emmanuelle se laissera elle rejoindre aux toilettes par un homme sans l’avoir vraiment cherché  qu’elle laissera la prendre sans pour autant réussir à lui provoquer le moindre plaisir.

Emmanuelle d'Audrey Diwan

C’est bien là, la principale différence entre ces deux Emmanuelle. Dans le film de 1974, Sylvia Kristel incarnait une jeune ingénue d’une vingtaine d’années poussée par son mari à avoir des rapports avec d’autres hommes ou femmes pour se perfectionner dans son apprentissage du sexe. Dans cette nouvelle version Emmanuelle n’est toujours pas d’origine asiatique contrairement au personnage du livre. C’est en effet Noémie Merlant qui a été choisi pour incarner l’héroïne dans une version 2024 où elle est une célibataire de plus de trente ans incapable de ressentir du plaisir. Une femme séduisante mais vraiment glaciale tant elle se montre rarement souriante qui fait preuve d’autorité dans son métier de contrôleuse de qualité dans une chaine d’hôtel de luxe.

Il y a de quoi se demander pourquoi  la réalisatrice Audrey Diwan n’a pas appelé son film autrement qu’Emmanuelle tant il n’a plus rien à voir. Inspiré par cet ère post-#MeToo dans lequel la nouvelle génération ne pense même plus à faire l’amour, Cette quête féministe du plaisir se montrera très peu érotique, Noémie Merlant dévoilera à plusieurs reprises ses seins mais rarement plus. La scène la plus érotique sera à vrai dire la description de la scène de sexe dans l’avion lors d’une discussion plus torride en nous laissant l’imaginer qu’en la voyant plus tôt dans le film. Audrey Diwan semble prendre un malin plaisir à cacher les objets du désir en mettant des obstacles visuels dans le champ ou en cadrant de sorte de ne rien montrer. Il faudrait pourtant en finir avec ce tabou sur les organes sexuels qui n’ont strictement rien de choquant et que certains films et séries pourtant non érotiques n’hésitent pas à en montrer souvent bien plus qu’ici.

Emmanuelle d'Audrey Diwan

À l’image de cette Emmanuelle frigide, le film se montrera la plupart du temps tout aussi ennuyant qu’elle. Malgré l’intention de la réalisatrice, cette nouvelle version aura du mal à donner des leçons à la précédente car son héroïne a l’air ici d’une véritable forçeuse à tenter de séduire en vain un homme qui ne semble pourtant avoir aucun désir pour elle allant même jusqu’à lui envoyer des nudes non sollicité. Un comportement qu’aucune femme n’accepterait aujourd’hui de la part d’un homme. Il ne sera jamais question d’amour dans cette version 2024 là où l’Emmanuelle de 1974 était très éprise de son mari mais aussi d’une femme. Un personnage que nous pourrions penser remplacée ici par la directrice de l’hôtel jouée par Naomi Watts mais elle ne servira au final à pas grand chose dans cette histoire où elle n’aura même pas à quitter un vêtement.

C’est à se demander à qui s’adresse ce long métrage qui fera fuir la plupart des hommes et n’aura rien non plus pour émoustiller le public féminin qui n’auront rien à voir pour se rincer l’œil. En dehors d’une scène de tempête qui apportera subitement un peu de tension, il ne se passera strictement rien dans ce long métrage qui reste bloqué la plupart du temps dans cet hôtel de Hong  Kong là où le film de 1974 avait au moins le mérite de nous faire voyager dans de beaux paysages malgré tout ce que nous pouvons lui reprocher aujourd’hui. 

Emmanuelle d'Audrey Diwan

Personne n’a jamais considéré l’Emmanuelle de 1974 comme un chef d’œuvre mais il restera toujours un classique du cinéma Français par le phénomène qu’il est devenu. Annoncé comme un contrepied féministe à cette version, le film d’Audrey Diwan n’est au final pas plus réussi et n’attirera sans nul doute jamais autant de spectateurs tant il se montre trop ennuyeusement prude et rate à faire passer le moindre message.

MON AVIS :
1/5

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