DOGMAN de Matteo Garrone [Critique Ciné]
C’est fort du prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes que Dogman, le nouveau film de Matteo Garrone, arrive dans les salles de cinéma françaises en ce mois de juillet.
SYNOPSIS : Toiletteur pour chiens apprécié de tous pour son immense gentillesse qui vit dans une banlieue pauvre d’Italie, Marcello ne voit pas le mal en Simoncino, un ancien boxeur accro à l’héroïne qui terrorise le quartier. Mais lorsque celui-ci va abuser une fois de trop de sa gentillesse, Marcello compte bien obtenir réparation même si il doit pour cela employer des méthodes radicales.
Après s’être frotté au fantastique avec l’étonnant Tales Of Tales, le réalisateur italien Matteo Garrone repose les pieds bien sur Terre pour revenir à une atmosphère plus proche de Gomorra. Inspiré par un véritable fait divers qui a marqué les esprits par sa violence, Dogman avait emballé la majorité des festivaliers lors de la dernière édition du Festival De Cannes en mai dernier au point de repartir avec le prix d’interprétation masculine pour son premier rôle Marcello Fonte dont il s’agissait pourtant du premier film en tête d’affiche. Forcement avec un tel buzz cannois, il est impossible de passer à coté de Dogman mais à la vue du résultat, c’est à se demander pourquoi tant d’enthousiasme pour une histoire aussi peu original pour les amateurs de thriller.
Les premières scènes de Dogman ont presque des allures de comédies. On découvre le toiletteur Marcello tout petit et tout chétif aux prises avec un bon gros chien qui montre les crocs pour ne pas se faire laver. On comprendra cependant tout de suite que notre héros n’est pas du genre à se laisser faire et finira par amadouer la grosse bête. Puis viens la menace Simoncino qui a déjà la gueule défoncé par un règlement de compte qui lui a valu un séjour en prison. Loin d’être impressionné même si il aura un peu de mal à se faire entendre, Marcello arrivera là encore à dompter cette bête humaine. Malgré le danger qu’il représente et tous les soucis qu’il cause aux habitants du quartier, une sorte de relation amicale semble s’être installée entre les deux hommes car en plus de ses activités de toiletteurs, Marcello n’est jamais contre un moyen d’arrondir ses fins de mois en aidant pour un petit larcin.
Le réalisateur Matteo Garrone prend tout son temps pour dérouler son histoire alternant des scènes de vie quotidienne de Marcello entre son travail qui donnera toujours lieux à des scènes mignonnes et amusantes avec des chiens de toutes tailles, sa vie de famille où en père divorcé il est prêt à tout pour le bien être de sa fille qu’il emmène plonger dès qu’il en a l’occasion et des scènes violentes à chaque fois qu’il croise la route de Simoncino. Fidèle en amitié, Marcello finira par se retrouver piégé et décidera alors de se venger mais ce retournement de situation n’arrivera que très tard dans le film alors que nous l’attendions avec impatience non seulement pour le soulagement qu’il pourra présenter pour le toiletteur mais aussi parce que en tant que fans de thrillers violents, on espérait bien que la vengeance soit à la hauteur du fait divers qui l’a inspirée et que nous mijote le réalisateur depuis près de dix ans.
Visuellement on sent que le film a particulièrement été soigné. Déjà dans des décors aux allures de villes dévastées loin des cartes postales habituelles de l’Italie qui donne presque des allures de film de science fiction retro futuriste. Mais aussi dans la photo des scènes de nuit vraiment très esthétiques qui pourrait par moment faire penser à Drive. Il y a aussi tous ses plans que l’on sent parfaitement mis en scène à l’image de cette scène où l’image d’une poupée maculée de sang est plus forte que si on avait vu le véritable visage de celui qui venait de se faire casser la figure par Simoncino. On pourra trouver plus discutable le choix du réalisateur de ne pas avoir voulu utiliser de musique durant tout le film. Elle aurait été pourtant bien utile pour aider à faire passer certaines émotions et notamment pour rendre le long métrage plus angoissant.
Choisi alors qu’il avait presque renoncé au métier d’acteur, Marcello Fonte n’a pas volé son prix d’interprétation. Véritable gueule de cinéma, il devrait rapidement trouver d’autres grands rôles tellement il porte le film sur ses épaules. Dans le rôle de le dangereux Simoncino, Edoardo Pesce n’est pas en reste non plus dans la férocité qu’il dégage. Vu dans la série Romanzo Criminale, il incarne de manière impressionnante une véritable bête dangereuse qu’il ne vaudra pas mieux énerver. Les femmes n’ont pas grand mots à dire dans ce long métrage dont le premier rôle féminin est celui de la fille de Marcello jouée par Alida Baldari Calabria. Les autres acteurs ne font que de très brèves apparitions toutes aussi impeccables mais moins mémorables.
Si les images sont soignées et la mise en scène impeccable, Dogman n’est cependant pas la claque que l’on nous a vendu à Cannes. Même si l’acteur Marcello Fonte est une véritable découverte dont la prestation lui permettra de trouver certainement rapidement de nouveaux rôles de gueules bizarres et que son tortionnaire Edoado Pesce se montre vraiment flippant, on restera sur notre faim sur cette histoire de vengeance qui se traîne en longueur et ne passe pas assez de temps sur sa dernière partie.
MON AVIS : 2/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEUR : Matteo Garrone
- AVEC : Marcello Fonte, Edoardo Pesce et Alida Baldari Calabria
- SCÉNARISTES : Matteo Garrone, Maurizio Braucci, Ugo Chiti & Massimo Gaudioso
- GENRE : Policier, Drame
- DURÉE : 1h42
- NATIONALITÉ : Italien
- DISTRIBUTEUR : Le Pacte
- DATE DE SORTIE : 11 juillet 2018