ETERNAL DAUGHTER de Joanna Hogg [Critique Ciné]
ETERNAL DAUGHTER de Joanna Hogg [Critique Ciné]
Tilda Swinton incarne mère et fille dans le gothique Eternal Daughter de Joanna Hogg.
Voir le logo du producteur et distributeur A24 sur une affiche pousse généralement notre curiosité à découvrir leurs nouveaux films tant ils sont la plupart du temps capables de nous étonner réellement avec des œuvres qui sortent de l’ordinaire. C’est une nouvelle fois le cas avec ce mystérieux Eternal Daughter. Premier pas dans l’horreur gothique de la réalisatrice britannique Joanna Hogg qui se montre cependant plus dramatique que vraiment effrayant.
L’ambiance gothique est déjà bien présent dès les premières images d’Eternal Daughter où un taxi s’enfonce dans une nuit pleine de brouillard sur une route de campagne anglaise pour arriver à un somptueux manoir transformé en hôtel. C’est ici que Julie compte passer quelque jours pour célébrer l’anniversaire de sa mère Rosalind malgré l’accueil assez peu aimable de la réceptionniste. Un lieu chargé de souvenir joyeux et douloureux pour la vieille femme qui y avait passé du temps dans sa jeunesse que compte immortaliser Julie dans un long métrage.
Sur un rythme très lent, la réalisatrice prend tout son temps pour dérouler son intrigue laissant le spectateur dans le doute de ce qui l’attend. Les journées défileront sans que rien de marquant ne se déroule. Ce n’est que la nuit où Julie est constamment dérangée par des bruits que nous pourrions croire qu’il va enfin se passer quelque chose. Mais ce qui nous avait été annoncé comme un film de fantômes n’aura jamais d’effrayant. Le seul mystère reposant sur des détails qui resteront inexpliqués comme cette difficulté pour obtenir une chambre au premier étage alors que l’hôtel semble pourtant vide.
Eternal Daughter est en fait le genre de film contemplatif qui laisse carte blanche au spectateur d’interpréter à sa façon chaque plan et chaque scène. Un procédé qui malheureusement pourra laisser sur le carreau ceux qui comptait vraiment découvrir un scénario construit. Nous remarquerons bien sur les nombreuses scènes où Joanna Hogg filme ses personnages à travers des réflexions dans des miroirs mais quel est réellement la raison ? Il faudra sans aucun doute plusieurs visionnages pour le comprendre.
C’est Tilda Swinton qui a proposé à la réalisatrice Joanna Hogg d’incarner Julie et sa mère Rosalind. Une performance à laquelle l’actrice nous a habitué depuis longtemps tant elle a toujours démontré un gout pour la transformation dans ses films. Nous pourrions penser tout d’abord que c’est pour des problèmes de budget que mère et fille n’apparaissent du coup jamais ensemble dans le même plan. La seule fois où nous les verrons face à face ce sera au moment du twist final qui confirmera ce que nous avions pu imaginer. Cette révélation tardive soulèvera cependant beaucoup plus de questions qu’il n’apportera de réponses tant certaines scènes paraissent inexplicables.
Il y a cependant quelques acteurs supplémentaires dans Eternal Daughter a commencé par Carly Sophia-Davies dans son premier rôle au cinéma. Elle incarne la bien jolie mais désagréable réceptionniste de l’hôtel. Son rôle est contrebalancé par celui de Joseph Mydell, gardien de nuit de l’hôtel bien plus sympathique qui n’est pas sans rappeler le personnage de Dick Halloran dans Shining.
Il faudrait pouvoir regarder Eternal Daughter avec le commentaire audio de le réalisatrice tant Joanna Hogg a noyé son intrigue de mystère et de symboles. Que ceux qui s’attendaient à un véritable film d’épouvante passent leur chemin car ce long métrage est avant tout un drame qui nécessitera de grandes capacités d’analyse voir d’imagination pour qu’il prenne tout son sens. Il n’en reste pas moins un film très bien réalisé dans lequel Tilda Swinton délivre encore une fantastique performance.
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