CinémaCritique Ciné

MOI, TONYA de Craig Gillespie [Critique Ciné]

 

Moi, Tonya

 

Vingt quatre ans après les faits, le réalisateur Craig Gillespie veut réhabiliter la patineuse artistique Tonya Harding en racontant ce qui se serait vraiment passer dans un biopic pas comme les autres.

 

https://www.youtube.com/watch?v=iZbTLdDHRvs&list=PL09Z8tuMMqJHxsb9xkRRB2q_jZErkb_8W

 

SYNOPSIS : Tonya Harding est née avec un véritable don pour le patinage artistique. A quatre ans, elle remportait déjà des compétitions avant rapidement de se faire connaître grâce à son Triple Axel. Mais parce qu’elle ne faisait jamais rien comme les autres, les jurés ont longtemps refusé de lui donner les bonnes notes qu’elle méritait pourtant. Avec une mère autoritaire et un mari violent, la vie de Tonya était loin d’être rose. Alors qu’elle voulait prendre sa revanche aux Jeux Olympiques de Lillehammer, elle va être soupçonné d’être responsable de l’attaque subie par sa grande rivale Nancy Kerrigan.

Moi, Tonya sort à point nommé alors que le patinage artistique est au cœur de l’actualité sportive avec les jeux olympiques en Corée du Sud mais c’est en fait surtout parce qu’il espère rafler plusieurs Oscar début mars que l’on peut le découvrir en ce début d’année. Rares sont les films vraiment marquants sur cette discipline en dehors de l’excellent Les Rois Du Patins avec Will Ferrell mais curieusement comme le tennis, le patinage artistique semble maintenant inspirer les réalisateurs puisque après le film français Kiss & Cry sorti très discrètement en septembre 2017, Moi Tonya sort lui précédé d’un buzz énorme et déjà récompensé de plusieurs prix. Il s’agit du nouveau film de Craig Gillespie qui semble désormais se focaliser sur les histoire vraies puisqu’on lui doit précédemment le drame maritime The Finest Hours.

 

Moi, Tonya

 

C’est un pari audacieux de vouloir raconter un fait divers vieux de plus de vingt quatre ans au cinéma car à moins de s’intéresser de près au patinage artistique, la nouvelle génération n’a certainement jamais entendu parler de Tonya Harding retombée aujourd’hui dans l’anonymat le plus complet. C’est peut être pour cela que Craig Gyllepsie a choisi d’adopter pour Moi, Tonya un ton plutôt humoristique afin de retracer ce scandale qui avait fait grand bruit à l’époque. C’est en s’appuyant sur de véritables interviews rejouées par les acteurs que le réalisateur a choisi de nous raconter cette histoire en triant le vrai du faux et en n’hésitant pas à briser régulièrement le quatrième mur pour s’adresser directement au spectateur afin qu’il prenne parti.

Derrière l’humour, on sent tout de même bien le film à performance formaté pour les Oscars. Révélée en bombe sexy dans Le Loup De Wall Street, Margot Robbie avait depuis volé la vedette à tout le monde dans Suicide Squad en Harley Quinn belle, dangereuse et déjà très drôle. Pour incarner Tonya Harding, l’actrice n’hésite pas à s’enlaidir pour prendre le style plus « redneck » et plus vulgaire de l’ancienne patineuse. Après deux jeunes actrices dont l’excellente McKenna Grace vue récemment dans Mary pour la jouer dans ses jeunes années. Margot Robbie reprend le rôle à partir des quinze ans de la patineuse jusqu’à aujourd’hui. Cette performance finira certainement de convaincre les derniers réticents du talent de cette jeune actrice dont on n’a certainement pas fini d’entendre parler. Malheureusement pour elle, c’est Frances McDormand pour 3 Billboards, Les Panneaux De La Vengeance qui reste pour l’instant la favorite pour l’Oscar 2018.

 

Moi, Tonya

 

Celle qui a toutes ses chances en revanche c’est Allison Janey que l’on reconnaîtra à peine dans le rôle de la mère de Tonya. Déjà plusieurs fois récompensée pour le rôle, elle se montre vraiment exceptionnelle dans cette performance plus vraie que nature de cette femme sans cœur qui n’a jamais ménagé sa fille. Si Sebastian Stan, célèbre pour son rôle de Bucky Barnes  / Le Soldat de l’Hiver dans Captain America, n’a pas eu besoin de se transformer pour incarner le mari violent de Tonya, sa performance est là aussi de haut niveau et nous permet de mieux découvrir l’acteur que dans les films Marvel. Il forme avec Margot Robbie un duo excellent plein de tension. Focalisé sur la vie de Tonya Harding, le film ne laisse que très peu de place à sa rivale Nancy Kerrigan jouée par  Caitlin Carver qui n’apparaîtra que très brièvement le temps de trois ou quatre scènes la plupart sans dialogues dans un film pourtant très bavard.

Il ne faut pas s’attendre à un véritable film sur le patinage artistique avec Moi, Tonya car ce n’est clairement pas ce qu’avait en tête le réalisateur Craig Gyllepsie qui filme ces scènes sans virtuosité préférant les gros plans sur les patineuses aux plans plus larges que l’on peut voir habituellement à la télévision. Même si Margot Robbie s’est longtemps entraîné il n’y avait pas moyen pour elle de passer un triple Axel ni même sa doublure car cela est un véritable exploit que peu de patineuses réussissent. Résultat il a fallu souvent utiliser des effets spéciaux numériques particulièrement flagrants qui gâchent l’intérêt de ces scènes. L’ensemble du récit est heureusement bien plus solide et prenant et nous fera vite oublier ces défauts. Le film offre vraiment un nouveau regard sur la patineuse que les médias ont trop souvent accusé alors que la vérité est bien plus cruelle que ce qu’on pouvait imaginer. Cependant en ne laissant même pas la parole à la pauvre Nancy Kerrigan dans un témoignage comme les autres protagonistes, le scénariste Steven Rogers et le réalisateur Craig Gillespie semblent avoir carrément choisi leur camp et ce sera au spectateur d’y croire ou non.

 

Moi, Tonya

 

Biopic vraiment pas comme les autres, Moi, Tonya sent cependant un peu trop le film à Oscars pour être vraiment emballant. Si les transformations et les performances de Margot Robbie et Allison Janey sont en tous points remarquables, on ne pourra s’empêcher de trouver parfois le temps un peu long devant ce film très bavard. Le film a tout de même le mérite de nous faire découvrir le parcours compliqué de Tonya Harding et devrait la réhabiliter aux yeux de grand nombre qui l’avaient certainement jugé trop vite par ce qui avait été raconté dans les médias à l’époque. Espérons qu’avec ce film la patineuse puisse retrouver les spotlights et lui permettre de renfiler les patins même si ce n’est plus pour la compétition.

 

MON AVIS : 2/5

 

 

FICHE TECHNIQUE :

  • TITRE ORIGINAL : I, Tonya
  • RÉALISATEUR : Craig Gillespie
  • AVEC : Margot Robbie, Allison Janney, Sebastian Stan, Paul Walter Hauser, Juliane Nicholson & McKenna Grace
  • SCÉNARISTE : Steven Rogers
  • COMPOSITEUR : Peter Nashel
  • GENRE : Biopic, Comédie Dramatique, Sports
  • DURÉE : 2h00
  • NATIONALITÉ : Américain
  • DISTRIBUTEUR : Mars Films
  • SITE OFFICIELhttp://www.itonyamovie.com/
  • DATE DE SORTIE : 21 février 2018

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.