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SUSPIRIA de Luca Guadagnino [Critique Ciné]

 

Suspiria

 

Après le navrant et surcoté  Call Me By Your Name, le réalisateur Luca Guadagnino s’attaque à un film culte en signant un remake de Suspiria. Mais pourquoi ????

 

 

SYNOPSIS : Venue spécialement des Etats Unis à Berlin pour tenter sa chance d’intégrer la célèbre troupe de danse Helena Markos dirigé par la chorégraphe Madame Blanc, Susie Bannion va non seulement brillamment réussir son audition mais aussi rapidement obtenir le premier rôle du nouveau spectacle. Mais cette compagnie de danse semble cacher bien des secrets que la jeune femme va petit à petit découvrir.

 

Le réalisateur Luca Guadagnino se spécialiserait-il dans le remake inutile ? Après avoir signé un remake de La Piscine avec A Bigger Splash que personne n’a voulu voir, le revoici trois ans plus tard à la tête d’un remake du film culte Suspiria.  Véritable chef d’oeuvre de l’horreur signé par le maître de l’horreur Italien Dario Argento en 1977, le long métrage original fait parti de ces œuvres totalement uniques que l’on ne devrait jamais retoucher, un peu comme si quelqu’un cherchait à proposer une nouvelle version de La Joconde. Avant lui, David Gordon Green s’était cassé les dents sur le projet et s’est depuis vengé avec un nouveau Halloween tout aussi inutile mais malheureusement pour nous le réalisateur du calamiteux Call Me By Your Name a lui réussi à aller au bout grâce à la volonté d’Amazon Studio et bien sur le résultat n’arrive pas à la cheville du mythe.

 

Suspiria

 

Alors que le film original ne dépassait pas la centaine de minutes, le remake de Suspiria approche lui des 150 minutes et se voit diviser en six chapitres et un épilogue. Autant le dire tout de suite vous allez voir le temps passer ! La première scène voit débarquer dans le cabinet d’un psychiatre,  une danseuse qui s’est enfuie de la compagnie et qui semble visiblement être devenue complètement folle. S’en suit un dialogue difficilement compréhensible entre les deux mélangeant les langues entre anglais et allemand auquel il faudra pourtant être vigilent car il pose les premières pierres de l’histoire. Ce prologue passé, arrive l’héroïne Susie qui va vite comprendre qu’elle est là pour remplacer la danseuse présentée dans la première scène. Rapidement s’enchaîne des scènes sans intérêt au sein de l’école de danse où l’on cherchera en quoi ce remake de Suspiria est encore un film d’horreur.

L’impression qu’il ne se passe rien perdura quasiment durant l’intégralité des six chapitres plus ou moins longs du film. Il y  a clairement trop de personnages et on passera du coup une bonne partie de notre temps à se demander qui sont toutes ses vieilles femmes dans l’école de danse et qu’est-ce qu’elles viennent faire ici. Le scénario de ce nouveau Suspiria se voudrait mystérieux mais n’arrivera jamais à réellement nous intriguer face à la platitude des scènes. Luca Guadagnino a voulu visiblement nous raconter plein de choses différentes dans son film, se détournant même de son sujet initial pour y inclure des éléments historiques de la seconde guerre mondiale et des gangsters de la Bande à Baader, alors que nous étions là pour découvrir une histoire fantastique voir sataniste. Si quelques visions étranges et une scène de torture viendront nous sortir de notre torpeur, il faudra attendre le tout dernier chapitre pour que le film ose enfin dénuder son héroïne et nous offrir enfin une scène qui ressemble un peu à un film d’horreur.

 

Suspiria

 

Alors que le film de Dario Argento est une véritable claque artistique qui a imposé carrément le genre du giallo dont les couleurs vives sont  encore exploitées brillamment par Darren Aronofsky dans Black Swan ou Hélène Cattet et Bruno Forzani dans L’Étrange Couleur Des Larmes De Ton Corps voir même Rob Zombie avec son Lords Of Salem, le remake de Luca Guadagnino est la plupart du temps vraiment moche. Si il cite le cinéma du réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder comme influence principale au lieu d’avoir cherché à copier le maître de l’horreur italien, son film ressemblera surtout pour le grand public à un épisode de Derrick avec ses couleurs typiques de l’Allemagne entre le marron et le vert bien dégueulasses. On pense aussi aux derniers films de Lars Von Trier comme Anti-Christ et Nymphomaniac dans cet intellectualisme ridicule qui ne plaira qu’à ceux qui aiment faire divaguer leur esprit devant un film plutôt que se contenter de ce qu’il se passe à l’écran. Enfin alors, que Thom Yorke a sorti un double album pour la bande originale du film, on se demande bien souvent où est la musique dans ce remake tant le réalisateur semble privilégier les moments de silence. Là encore c’est certainement dans une volonté de se détacher du film original dont la bande originale signée Goblin est tout aussi mythique que les images.

Avec son casting, ce remake de Suspiria avait logiquement de quoi vraiment nous proposer quelque choses de vraiment intéressant. Malheureusement, le film est tellement mal écrit qu’il ne donnera l’occasion à aucune des actrices de briller. Chloé Grace Moretz aurait mérité d’apparaître bien plus longtemps dans le rôle de la danseuse folle, Dakota Johnson la star de Cinquante Nuances De Grey qui nous a montré une autre facette bien plus intéressante dans Sale Temps à L’Hotel El Royale  retrouve ici toute sa fadeur alors qu’elle incarne malheureusement le rôle principal de Susie. Tilda Swinton est elle dans un registre déjà bien trop vu de sa part pour nous donner l’impression d’une véritable nouvelle performance. Contrairement à ce qui a pu être dit, il est rapidement flagrant que c’est bien elle qui incarne aussi le seul personnage masculin important de l’histoire, le psychiatre Josef Klemperer car cela s’entend dans la voix et se voit dans la gestuelle. Spécialiste des rôles étranges Mia Goth vue récemment dans A Cure For Life et et High Life est peut être celle qui donne le plus envie de suivre son personnage.

 

Suspiria

 

Luca Guadagnino avoue lui même avoir voulu se faire plaisir en réalisant sa propre version de Suspiria. Mais si il était vraiment aussi fan que cela du film de Dario Argento, il ne se serait pas permis de le maltraiter de la sorte. Si vous espériez trouver ici tout ce qui fait la force du film de Dario Argento, vous pouvez passer votre chemin. Ce nouveau Suspiria n’a quasiment plus rien du giallo ou du film d’horreur. Encore un remake dont on espère qu’il sera bien vite enterré en emportant avec lui son médiocre réalisateur tant le film n’a rien de mémorable. Décidément 2018 est une bien sale année pour le cinéma horrifique tant on enchaîne les déceptions.

 

MON AVIS : 1/5

 

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Luca Guadagnino
  • AVEC : Dakota Johnson, Tilda Swinton, Mia Goth & Chloe Grace Moretz
  • SCÉNARISTE : David Kajganish d’après l’oeuvre de Dario Argento
  • COMPOSITEUR : Thom Yorke
  • GENRE : Épouvante-Horreur
  • NATIONALITÉ : Italien, Américain
  • DISTRIBUTEUR : Metropolitan FilmExport
  • DURÉE : 2h32
  • SITE OFFICIELhttps://www.suspiria.movie/
  • DATE DE SORTIE : 14 novembre 2018

 

 

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