BELFAST de Kenneth Branagh [Critique Ciné]
BELFAST de Kenneth Branagh [Critique Ciné]
Kenneth Branagh s’inspire de sa jeunesse irlandaise pour son nouveau film Belfast en lice pour sept Oscars.
Kenneth Branagh serait-il devenu bipolaire ? Difficile de croire que c’est le même homme qui a pu réaliser dans la foulée une adaptation de Mort sur le Nil noyée dans les effets spéciaux numériques et Belfast un film bien plus intimiste tourné en noir et blanc. A cause de la pandémie ces deux films sortent en France avec seulement trois semaines d’écart. S’il y avait de quoi être déçu par ses adaptations d’Agatha Christie qui sentaient encore trop la naphtaline, ce nouveau long métrage nommé pour sept Oscars pourrait bien vous réconcilier avec le réalisateur.
Si Belfast n’est pas un film autobiographique mais il est tout de même inspiré en partie par les jeunes années de Kenneth Branagh alors qu’il vivait a Belfast en Irlande. Buddy, son petit héros blondinet, ressemble un peu au réalisateur. Il aime le cinéma, le théâtre, Agatha Christie et les comics book de Thor mais le reste n’est qu’une fiction inspirée de faits réels qui se déroule au début de la guerre entre Protestants et Chrétiens qui finira par diviser le pays.
Là où Mort Sur Le Nil commençait en Noir & Blanc pour passer en couleur, Belfast débute par des images en couleur de la ville telle qu’elle est aujourd’hui avant de passer ensuite en Noir & Blanc pour nous emporter en 1969. Tout le film se passe dans une petite rue dans laquelle les protestants et les catholiques avaient toujours cohabités paisiblement. Une paix qui ne va pas tarder à être troublée par le début du conflit entre pratiquants de ces deux religions.
C’est par le regard de ce jeune Buddy que nous suivrons ce récit. Encore tout innocent, il est plus préoccupé de s’améliorer en classe pour s’asseoir au plus près de la fille de ses rêves que par les tensions dans le pays. On comprend vaguement que son père est un ancien activiste qui s’est rangé lorsqu’il a trouvé un travail qui l’oblige à s’absenter en permanence de son foyer. C’est sa mère qui l’élève seul avec parfois l’aide des grands parents. Il a aussi un grand frère qui ne fait que quelques apparitions sans que l’on sache vraiment ce qu’il fait de ces journées et une jeune cousine rebelle qui veut l’entrainer dans le mouvement avec des missions secrètes qu’elle fait passer pour des jeux d’enfants.
On se surprendra à s’attacher à cette charmante famille dans cette histoire où il ne se passe au fond pas grand chose. La principale question pour eux est de savoir s’il ne vaudrait pas mieux fuir le conflit en quittant Belfast pour s’installer à Londres. Mais il est difficile pour eux de quitter un quartier qui fut pendant longtemps si agréable pour partir dans une ville où leur fort accent irlandais sera une sorte de barrage. Il est vrai qu’en version originale, il faudra souvent s’accrocher pour les comprendre mais cela apporte tout son charme à ces personnages. Il ne faudra en revanche pas espérer tout connaitre sur ce conflit car ce n’est clairement pas l’intention ici de Kenneth Branagh. Les affrontements seront tout de même montrés lorsqu’ils touchent directement le quartier où réside la famille.
Encore inconnu, le jeune Jude Hill est particulièrement amusant dans le rôle de Buddy. Sa mère est incarnée par l’actrice Caitrona Balfe bien connue comme héroïne de la série Outlander épatante en mère courage qui doit élever quasiment seul ses deux enfants et les protéger de la situation. Le rôle plus secondaire du père est tenu par Jamie Dornan bien loin de son rôle de 50 Nuances De Grey qui connait bien la ville pour y être né. Les grands parents sont joué pas Judi Dench et Ciarán Hinds que l’on a pas l’habitude de voir en gentils Papi et Mamie drôles et émouvants.
Regard d’enfant sur le conflit irlandais, Belfast nous fera passer par différentes émotions entre moments de tension, joie et tristesse. Une histoire simple mais très efficace portée par une distribution impeccable. Déjà récompensé du Golden Globe du meilleur scénario, nul doute que le nouveau film de Kenneth Branagh devrait faire parler de lui aux Oscars et aux BAFTA.
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