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ÉLÉMENTAIRE de Peter Sohn [Critique Ciné]

ÉLÉMENTAIRE de Peter Sohn [Critique Ciné]

Élémentaire

La lente et pénible déchéance du studio Pixar semble se faire de plus en plus évidente avec Élémentaire

Planquez vous revoici Stephen Sohn ! Après une « origin story » de Buzz Lightyear dont nous nous demandons encore l’intérêt, c’est le réalisateur du catastrophique Le Monde d’Arlo, le pire Pixar de l’histoire du studio, qui a été choisi pour reconquérir le grand écran avec Élémentaire. Après une projection en clôture du Festival de Cannes et au Festival d’animation d’Annecy toujours hors compétition, le film vient maintenant grossir les rangs des nombreux blockbusters déjà en salles à partit de ce mercredi 21 juin.

Élémentaire se déroule à Element City, une mégapole où vivent en harmonie de curieux personnages nés des différents éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. De l’élément feu, la jeune Flam Lumen a grandit avec ses parents immigrés de Fire Island dans une échoppe dont elle s’apprête à prendre bientôt la responsabilité. La plomberie défaillante du lieu verra par accident en sortir Flack Delamare, élémentaire eau chargé de l’inspection des tuyaux. Bien que tout semble les opposer, les deux jeunes gens finiront par créer des liens plus fort que nature.

Élémentaire

Il aura fallu sept ans au studio Pixar pour développer les outils nécessaires pour réaliser Élémentaire. Au lieu de poser traditionnellement une simple texture sur les deux héros du film leur corps sont en mouvement permanent pour refléter leur élement. Seul leurs yeux et bouches ont été dessinées pour mieux véhiculer les émotions. Un design assez particulier qui ne rend pas grand chose lorsque l’on voit ces personnages à l’arrêt. De quoi même refroidir certains spectateurs d »aller voir le film comme avez déjà pu le faire le précédent film de Peter Sohn, Le Monde d’Arlo, premier gros échec de Pixar au Box Office. Il y a de quoi se demander même pourquoi Pixar est allé se compliquer à ce point la vie alors que le réalisateur japonais Hayao Miyazaki nous avait déjà fortement impressionné il y a déjà 19 ans avec son petit Calcifer dans Le Château Ambulant qui a du être une influence majeure pour le personnage de Flam tant elle lui ressemble.

Le départ forcé de John Lasseter de Pixar se fait cruellement sentir sur ce Élementaire qui ne respecte plus le cahier des charges qui avait fait le succès du studio. Reposant autrefois sur des personnages secondaires forts, la galerie de personnages parait ici particulièrement moches et bâclés. Un jeune personnage d’élément Terre semble se distinguer par moment mais il restera malheureusement assez mal exploité. Peter Sohn semble avoir voulu vraiment travailler principalement l’aspect des éléments qu’il en a clairement oublié l’essentiel. Cela donnera malgré tout quelques scènes vraiment magnifique dans le réalisme de éléments mais aussi les différents effets lumineux. Cette mégalopole où cohabitent les espèces rappellent furieusement celle de Zootopie en beaucoup moins inspirée.

Outre ce design problématique, ce choix de mélange de personnages élémentaires demandera de ne pas trop se poser de question sur les lois de la nature. Véritable torche humaine, la jeune Flam devrait en toute logique enflammer tout ce qu’elle approche. Mais si pour un gag, il lui arrivera de cramer des choses, elle sera tout a fait capable de tenir un prospectus en papier sans le faire bruler. De même, Pourquoi le personnage de Flack constitué d’eau semble-t-il  avoir peur en voyant arriver une forte crue pour qu’on nous le montre quelques minutes après être capable de surfer sur les eaux. Le pire sera atteint par la fin du film qui va à l’encontre de toute logique. Ce n’est pas parce que le film s’adresse principalement aux enfants, qu’il ne doit pas rester crédible !

Élémentaire

Autre problème de taille, à vouloir aborder plusieurs sujets dans le même film, le scénario d’Élémentaire part absolument dans tous les sens. Cela parle d’abord d’origines à travers le parcours compliqué des parents de Flam pour s’installer à Element City. De transmission entre génération dans la relation compliquée qu’elle entretient avec son père, d’histoire d’amour compliquée entre personnages issus d’univers opposés dont on ne comprend pas ce qui a pu les attirer l’un vers l’autre à la base. Enfin il y a une menace d’inondation qui revient de temps en temps dans l’histoire comme un cheveu sur la soupe. Autant d’intrigue qui n’arriveront jamais à construire un scénario qui tient la route et nous prodiguer la moindre émotion.

Là où la version originale d’Élémentaire repose sur deux acteurs encore assez peu connus Leah Lewis et Mamoudou Athie, la projection en clôture du Festival de Cannes à dû pousser Disney France à choisir Adèle Exarchopoulos et Vincent Lacoste au profil très cannois mais assez méconnus du grand public pour prêter leurs voix aux deux héros. La voix très grave de l’actrice peut surprendre tandis que le comédien traine sa nonchalance habituelle qui ne se prête pas forcement au personnage. La faute peut être à une adaptation française des textes qui donne vraiment l’impression d’avoir pris des libertés avec l’original.

Élémentaire

Sans John Lasseter la lente déchéance de Pixar se poursuit avec cet Élémentaire qui aurait bien mieux fait d’être enterré sur Disney+. Avec En Avant et Lucas et ce nouveau film de Peter Sohn, le studio à la lampe se montre bien à la peine pour convaincre avec des personnages de plus en plus moches et des scénarios sans enjeux ni intérêt.  Si la technique est au rendez-vous, rien d’autre ne fonctionne dans ce long métrage destiné aux gamins qui ne se posent pas de questions.

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2/5

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