INU-OH de Masaaki Yuasa [Critique Ciné]
INU-OH de Masaaki Yuasa [Critique Ciné]
Le réalisateur Masaaki Yuasa nous replonge dans le japon féodal avec son nouveau chef d’œuvre Inu-Oh.
Chacun des films et séries de Masaaki Yuasa ne ressemble jamais tout à fait à la précédente mais ils portent tous indéniablement la patte de ce réalisateur hors normes. Récompensé du Cristal du Long Métrage au festival d’animation d’Annecy pour son film Lou Et l’Île Aux Sirènes, le cinéaste devient de plus en plus populaire au fil de ses différents projets. La preuve avec son nouveau film Inu-Oh qui a a été sélectionné en compétition à la prestigieuse Mostra de Venise et au Toronto International Film Festival. Une plongée dans le japon traditionnel pour un film musical aux accents rock dont lui seul a le secret.
Inu-Oh raconte l’histoire du jeune Tomona qui a perdu la vue lorsque son père a mis la main sur une relique légendaire convoité par le Shogun. Depuis il sillonne les provinces pour récolter les histoires des Heike. En chemin il fera la rencontre d’un moine Biwa-Hoshi qui lui apprendra jouer du biwa pour raconter ses histoires. Les années passant ils finira par croiser la route d’un étrange garçon difforme qui prendra le nom d’Inu-Oh pour se produire avec lui. Touchant les classes populaires, leur spectacle très moderne rencontrera un tel succès qu’il finira par être jalousé par le maitre Kakuichi et arriver jusqu’au oreilles du Shogun.
Habitué à des œuvres contemporaines, Masaaki Yuasa a choisi de remonter 600 ans en arrière pour adapter le roman de Hideo Furukawa sur Le Dit Des Heike publié en 2017. Le personnage d’Inu-Oh a réellement existé et il est considéré comme le créateur du théâtre Noh dont les histoires ont malheureusement été perdues comme s’il n’avait jamais existé. Le début du film sera très respectueux de cette histoire dont les origines remontent au XIIIème siècle. Visuellement le film s’inspire clairement des illustrations des estampes et livres de l’époque et ne ressemble pas aux autres oeuvres du réalisateur. Nous reconnaitrons cependant son style dans les multiples changements visuels à travers les différents plans. Cette longue introduction aura cependant de quoi nous déconcerter tant nous nous attendions pas à cette sorte de classicisme de la part du réalisateur.
Il faudra attendre la première apparition d‘Inu-Oh pour que le film quitte l’aspect dramatique de son introduction pour une histoire plus délirante. On retrouvera réellement la patte du Masaaki Yuasa lorsque Tomona va s’associer à Inu-Oh pour fonder leur propre troupe. Le film délaisse alors un peu l’aspect traditionnel pour ajouter du rock dans les musiques du film. Pour exprimer la révolution que fût les représentations de cette nouvelle troupe, le cinéaste n’hésite pas à utilser des anachronismes pour faire danser Inu-Oh comme Michael Jackson ou de raconter ses histoires sur une chanson proche du We Will Rock You de Queen. Pendant une bonne vingtaine de minutes le film enchainera les séquences musicales toutes plus belles et entrainantes les unes que les autres.
Le style graphique des films Masaaki Yuasa n’a jamais été aussi soigné que les œuvres du Studio Ghibli mais pourtant on sera réellement émerveillé par l’ambiance que dégage ce long métrage plein de surprises. Parmi les numéros musicaux, une danse avec un bâton enflammé aura de quoi nous subjuguer tany l’effet du feu est absolument magnifique et parfaitement intégré à l’animation traditionnelle du film.
Curieusement ce n’est vraiment que dans son dernier quart d’heure que le scénario d’Inu-Oh prendra réellement de l’ampleur en dévoilant vraiment son intrigue. Passé l’introduction des personnages et ce long passage musical, le film nous révélera le mystère autour d’Inu-Oh, apparu comme un monstre diforme au visage masqué et doté d’un bras immense. Cette révélation et la rivalité avec le maître Kakuichi aurait mérité d’être prolongée plus que cela tant elle est captivante et nous dévoile encore plus de fantaisie.
De film en film, le réalisateur Masaaki Yuasa ne cesse de nous étonner. S’améliorant à chacun de ses nouveaux longs métrages, il y a de quoi se demander ce qu’il nous réserve pour la prochaine fois. Ressemblant à aucun autres dessin animé japonais, Inu-Oh ne pourra que vous séduire par son mélange de tradition dans les dessins et la musique et de modernité par un style de récit déjanté et des partitions rocks totalement anachroniques. Une nouvelle grande réussite après Ride Your Wave qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte.
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