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LE COMTE DE MONTE-CRISTO de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière [Critique Ciné]

Le Comte De Monte-Cristo

Le « AlexandreDumasVerse » de Pathé se poursuit avec une nouvelle adaptation sous forme de blockbuster du Comte De Monte-Cristo.

Penser pouvoir concurrencer les super héros Marvel et DC Comics avec des héros de classiques de littérature française est un pari de Pathé qui semble fonctionner. Sans battre des records d’affluence et malgré leur qualité discutable, les deux volets de la dernière adaptation des Trois Mousquetaires ont prouvé que le public hexagonal est client de ce genre de film Français épique qui se fait de plus en plus rare. Troisième volet de cet « AlexandreDumasVerse » la nouvelle adaptation bien plus réussie du Comte De Monte-Cristo devrait sans peine séduire de nombreux spectateurs férus d’aventure et de complots machiavéliques.

Scénaristes des deux volets des nouveaux Trois Mousquetaires, Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte sont promus au rang de réalisateurs de cette nouvelle version du Comte De Monte-Cristo. Un choix qui pourrait paraitre surprenant tant les deux hommes issus du théâtre ne se sont jamais frotté à une film de cet ampleur. Avec en tête la médiocrité des dialogues des Trois Mousquetaires et d’un scénario qui ne mettait vraiment pas en valeur ces héros il y avait de quoi franchement craindre le pire. Nous serons donc vraiment surpris de constater que ce Comte De Monte-Cristo s’éloigne énormément des films ratés de Martin Bourboulon pour un résultat beaucoup plus réussi qu’il n’y aura aucune honte à montrer au monde entier.

Le Comte De Monte-Cristo

Il faut dire qu’Alexandre De La Patellière n’avait pas le droit de se louper pour ne pas décevoir son père Denys De La Patellière qui avait déjà réalisé une adaptation marquante du Comte De Monte-Cristo sous forme d’une mini-série en 1979. Profitant pleinement d’un budget conséquent, cette nouvelle version assure le grand spectacle dans les costumes, les décors, les paysages et dans son casting réunissant la fine fleur de la nouvelle génération d’acteurs. Après François Civil en d’Artagnan, c’est son ami Pierre Niney qui endosse le rôle d’un Edmond Dantès plus jeune que dans le roman d’Alexandre Dumas.

Là où il aurait bien fallu au moins deux films pour adapter en détail les deux tomes du roman d’Alexandre Dumas représentant plus de 1 300 pages,  les réalisateurs ont pris le pari de résumer cette aventure en un seul film de trois heures. Un parti pris qui aura sans doute de quoi décevoir les amoureux de littérature qui connaissent l’histoire par cœur mais qui permet peut être d’éviter un peu trop de longueurs en ces temps où le public a bien du mal à se concentrer plus du temps d’un épisode de série. Le pari est réussi puisque nous n’aurons pas le temps de voir passer le temps durant ces trois heures.

Le Comte De Monte-Cristo

Pas évident de résumer en trois heures une vengeance qui aura mis plus de vingt ans à murir dans la tète d’Edmond Dantès. Un jeune marin qui en à peine dix minutes de film va se mette à dos deux hommes puissants qui vont contribuer à son arrestation pour une présumée trahison dont il est pourtant innocent. Condamné à passer le reste de ces jours dans un profond cachot, il trouvera son salut grâce à son voisin de cellule qui a commencé à creuser un tunnel pur s’échapper de là et retrouver un immense trésor qu’il est prêt à partager avec lui. C’est avec cette fortune qu’Edmond trouvera les moyens de murir sa vengeance. Allez savoir si Bob Kane s’était inspiré du Comte De Monte-Cristo pour créer son Batman, mais il y a pas mal de point commun dans cette histoire de millionnaire aveuglé par une quête de vengeance qui lui pourrira la vie.

Si dans le livre il se passe de nombreux évènements durant les quatorze années éclipsées, les réalisateurs ont décidé de passer directement à l’exécution de cette vengeance en résumant brièvement la création de l’équipe qu’il va former pour l’exécuter. Cela est suffisamment bien fait pour que les spectateurs n’ayant pas lu les livres n’aient pas l’impression d’avoir raté quelque chose d’important. Sans s’ennuyer un moment nous suivrons les différentes étapes du plan fomenté par Edmond Dantès, un peu étonné parfois que cela se passe exactement comme prévu. En revanche, les réalisateurs sembleront avoir fini par manquer de temps pour  raconter l’exécution finale de cette vengeance qui paraitra subitement un peu trop accélérée.

Le Comte De Monte-Cristo

Il y a cependant quelque chose qui ne fonctionne pas dans cette nouvelle adaptation du Comte de Monte-Cristo, ce sont les masques qu’il utilise pour tromper le monde. Alors que nous voyons très bien qu’il s’agit de masques probablement en cire vu l’époque maintenu par des sangles qu’il manipule, curieusement une fois sur son visage, c’est un maquillage prosthétique bien plus souple qui est utilisé pour changer le visage de Pierre Niney. L’autre chose étrange c’est que sa transformation laisse tout de même bien reconnaitre le visage de l’acteur ou de son personnage Edmond Dantès mais aucun de ses ennemis jurés ne fera jamais le rapprochement.

Nul doute que ce rôle marquera durablement la carrière de Pierre Niney comme l’un de ses longs métrages les plus marquants. Ce sera moins le cas pour Laurent Lafitte, Patrick Mille et Bastien Bouillon qui jouent ses ennemis jurés de manière très caricatural. Déjà en couple avec elle dans Sauver ou Périr, où il fini aussi par porter un masque sur le visage, Anaïs Demoustier joue avec tout son charme la femme de sa vie Mercédès. Le film s’appuie aussi sur un toute nouvelle garde du cinéma français prête déjà à leur faire de l’ombre constituée d’Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider et  Julien De Saint Jean.

Le Comte De Monte-Cristo

Bien plus réussi que les deux volets des nouveaux Trois Mousquetaires, Le Comte De Monte-Cristo est une histoire de vengeance épique totalement à la hauteur des attentes qui étaient placées dans cet ambitieux long métrage. Digne d’un Batman à la française, le film méritera plus que des César techniques ce coup ci tant ce rôle marquera la carrière de Pierre Niney et permettra aussi un coup de projecteur sur une toute nouvelle génération d’acteurs qui monte.

MON AVIS :
4/5

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