LOVE LIFE de Kôji Fukada [Critique Ciné]
LOVE LIFE de Kôji Fukada [Critique Ciné]
Valeur montante du cinéma japonais, le prolifique Kôji Fukada est déjà de retour au cinéma avec Love Life.
Rendez-vous incontournable des amateurs de cinéma japonais, Les Saisons d’Hanabi du distributeur Art House permettent de profiter d’une semaine entière de projections en avant première de films japonais récents qui sortiront par la suite officiellement au cours de l’année. Le premier titre de cette édition 2023 est Love Life, le nouveau long métrage de Kôji Fukada, prolifique cinéaste japonais récompensé du Prix Du Jury dans la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes en 2016 pour son film Harmonium et qui avait sorti l’année dernière l’excellent diptyque Suis-Moi Je Te Fuis et Fuis Moi Je Te Suis.
Avec un titre comme Love Life et une bande annonce qui cache l’essentiel, le nouveau film de Kôji Fukada pourrait paraître comme une simple romance autour d’un triangle amoureux comme seuls les japonais ont le secret. Inspirée par la chanson Love Life de la chanteuse Akiko Yano, l’histoire de ce nouveau long métrage est en réalité bien plus complexe que cela et dévoilera au fil de sa progression de nouvelles intrigues et messages. L’occasion d’aborder les thème de la force des sentiments, de la fidélité et de la solitude mais aussi en sous couche de l’accueil fait aux étrangers, du patriarcat et de l’handicap.
Love Life débute par les joyeux préparatifs d’une fête pour célébrer la victoire du jeune Keita à un tournoi d’othello. Une introduction qui permettra d’installer en fait les différents personnages de l’histoire en dévoilant leurs liens respectifs. La principale protagoniste est Taeko, une femme marié avec Jiro qui a a rompu ses fiançailles avec une autre pour l’épouser à sa place. Ensembles ils élèvent le jeune Keita qu’elle a eu d’une précédente union avec Makoto un homme japano-coréen sourd et muet qui l’avait quitté subitement deux ans après la naissance de leur enfant.
Alors que rien ne le laisser présager, un drame qu’il faut garder secret viendra bouleverser à jamais la vie de ces personnages. À partir de là, le film s’intéresse à la difficile reconstruction du couple qui illustre les paroles de la chanson « Quelle que Soit La Distance Qui Nous Sépare, Rien Ne Peut M’Empêcher de T’aimer ». Retrouvant peu de temps après le drame le vrai père de Keita, Taeko va l’aider dans ses démarches pour s’insérer au Japon, un rapprochement qui va pousser Jiro dans les bras de son ancienne fiancée.
C’est avec toute la douceur caractéristique du cinéma japonais que le cinéaste Kôji Fukada déroule progressivement son histoire riche en rebondissements. Un rythme lent assez caractéristique qui permettra aux plus observateurs d’apprécier les nombreux effets de mise en scène parfois bien cachés dans le long métrage et de les interpréter chacun à sa manière.
Love Life s’inscrit dans la lignée des récentes œuvres japonaises qui militent pour l’émancipation de la femme dans cette société très patriarcale. L’actrice Fumino Kimura, vue sur Netflix dans les films The Fable, est impeccable dans le rôle de cette mère qui sait tenir tête à son beau-père et qui gère sa vie à sa manière pour se reconstruire. Son époux est interprété par Kento Nagayama qui était récemment dans le drama Invisible, un personnage qui semble lui dépasser par les événements qu’il ne sait pas comment gérer. Tomorô Taguchi vu dans Sanctuary et The Journalist délivre une prestation intense dans le rôle de cet immigré coréen sourd et muet qui réalisent ses erreurs.
S’il n’a pas remporté de récompense à la Mostra De Venise, Love Life a tout pour séduire les amateurs de mélodrames japonais par la richesse de son histoire et sa mise en scène pleine d’inventivité. Le réalisateur Kôji Fukada est sans aucun doute devenu un réalisateur à suivre tant il accompagne avec force le mouvement de l’émancipation des femmes à travers ses plus récents longs métrages.