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MEGALOPOLIS de Francis Ford Coppola [Critique Ciné]

Megalopolis

Francis Ford Coppola réalise le rêve de sa vie avec un Megalopolis qui ne plaira clairement pas à tout le monde.

Rare cinéaste à avoir par deux fois été récompensé de deux Palmes d’Or au Festival de Cannes pour ses films Conversation Secrète et Apocalypse Now, Francis Ford Coppola revenait sur la Croisette en mai dernier avec son nouveau film Megalopolis. Mais loin d’avoir convaincu le jury et la presse, le long métrage est reparti de la compétition sans la moindre récompense. De quoi refroidir le public même fan du réalisateur pour ce qui était annoncé pourtant comme l’un des gros évènement du festival. Sortant enfin dans tous les cinémas de France ce mercredi 25 septembre 2024, c’est enfin à notre tour de découvrir ce qu’a imaginé Francis Ford Coppola pour sa dernière création à la bande annonce plus qu’intrigante.

Dire que ce Megalopolis était très attendu des fans de Francis Ford Coppola relève presque du pléonasme tant cela fait longtemps que nous en entendions parler. Cela fait en effet plus de quarante ans que le cinéaste tente en vain de produire cet ambitieux projet. Mis en chantier plusieurs fois avant de voir sa production stoppé par divers événements, c’est finalement à 85 ans et après avoir dû vendre une partie de ses vignobles qu’il a enfin réussi à donner jour à ce long métrage qui de tout ses nombreux films restera sans doute celui qui lui tenait le plus à cœur pour s y être accroché depuis si longtemps.

Megalopolis

En sortant finalement en 2024, Megaloplis parait être la réponse de Francis Ford Coppola contre les blockbusters Marvel qu’il a descendu fréquemment dans de récentes interviews. Investissant de sa poche plus de 100 millions de Dollars il semble vouloir prouver que l’on peut mettre un déluge d’effets spéciaux au service d’une véritable œuvre d’art et non pas d’un blockbuster décérébré. Malheureusement pour lui, toute l’esthétique de son long métrage ne fera que rappeler d’autres films comme Inception de Christopher Nolan, le dernier Matrix voir même certains films de Zack Snyder plutôt que paraitre réellement original.

Megalopolis se déroule dans un univers dystopique où la ville de New York a été rebaptisée New Rome. Francis Ford Coppola imagine ici une sorte de péplum futuriste dans lequel Cesar Catilin, un architecte visionnaire inventeur d’un nouveau matériau de construction révolutionnaire, a de grands projets pour la ville. Il doit cependant faire face au maire de la ville Franklyn Cicero qui a d’autres projets en tête. Les deux hommes ont encore plus de raison de ne pas s’apprécier que le maire était aussi procureur lors du procès de Cesar accusé d’être responsable de la mort de son épouse. Il est amusant de constater que Francis Ford Coppola a engagé deux des grands méchants des Star Wars de l’ère Disney pour se tenir tête ici. D’un coté il y a Adam Driver en architecte visionnaire et de l’autre Giancarlo Esposito en Maire de la Ville que nous connaissons peut être plus pour son rôle dans Breaking Bad.

Megalopolis

Rapidement il paraitra évident que Francis Ford Coppola a mis beaucoup de lui-même dans ce personnage de créateur visionnaire. Son héros combat pour créer des œuvres architecturales appelées à durer dans le temps tandis que le cinéaste se bat lui depuis toujours pour créer des œuvres cinématographiques marquantes qui lui survivront sans aucun doute. Autre parallèle, le cinéaste comme l’architecte ont tous les deux encore du mal à se remettre de la perte de la femme de leur vie.

Francis Ford Coppola pourra toujours s’imaginer être un artiste incompris mais il aurait certainement dû nous faciliter la tache pour comprendre sa vision. Multipliant les personnages et les sous intrigues, les scènes s’enchaînent sans donner l’impression de suivre un vrai fil conducteur. Comme Hayao Miyazaki avec son dernier film Le Garçon Et Le Héron, Francis Ford Coppola nous donne l’impression d’avoir cherché à coucher sur pellicule tout un tas d’images qui lui trottait dans la tête depuis des années dans une abondance de magnifiques costumes et décors et d’avoir tenté de bricoler avec cela un scénario approximatif pour en caser un maximum. Curieusement leurs histoires partagent par hasard le même message de transmission à une nouvelle génération.

Megalopolis

Cette transmission passera par une romance presque Shakespearienne à la Roméo Et Juliette entre  entre cet architecte et Julia, la fille de son rival.  une sorte de « It Girl » jouée par Nathalie Emmanuel connue pour son rôle dans Game Of Thrones qui enchaîne les mondanités avec ses copines mauvaises langues en portant des tuniques romaines en guise de robes de soirée. Leur histoire d’amour ressemblera par moment à une comédie musicale mais sans chansons dans plusieurs très jolies scènes.

En plus de l’histoire de César vient s’ajouter celle de son  amante Wow Platinum. Une journaliste aux dents longues incarnée par une Aubrey Plaza très inspirée par Lady Gaga dans la vulgarité de son personnage dans une sous intrigue ou le réalisateur dénonce la presse à ragots. Il y a aussi Shia LaBeouf qui incarne Clodio le petit fils excentrique du puissant banquier Hamilton Crassus (John Voight) pressé de récupérer l’héritage. Nous serons aussi étonné d’apercevoir Dustin Hoffman dans un bref rôle d’architecte du maire et Laurence Fishburne en chauffeur et narrateur qui rappelle son rôle de Morpheus dans Matrix.

Megalopolis

Félicitations aux spectateurs qui réussiront à tout comprendre à l’histoire de Megalopolis au premier visionnage car cela ne sera clairement pas évident. Il faudra avoir le courage de revoir le film plusieurs fois pour réussir à tout saisir de cet intrigue foutraque. C’est surtout  pour de nombreuses très belles images et séquences ainsi que pour son casting 5 étoiles brillant que Megalopolis pourra séduire les spectateurs les plus cinéphiles.

MON AVIS :
3/5

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