THANKSGIVING, LA SEMAINE DE L’HORREUR de Eli Roth [Critique Ciné]
Eli Roth rend hommage aux slashers avec son nouveau film Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur.
La pandémie n’aidant pas cela faisait cinq ans que nous n’avions pas eu le droit à un nouveau film du réalisateur Eli Roth. Autrefois considéré comme le nouveau maitre de l’horreur avec ses films Cabin Fever et Hostel, le cinéaste s’était éloigné de son genre de prédilection avec son remake de Death Wish et le film pour ados La Prophétie De L’Horloge. Cinq ans plus tard, il revient à ses premiers amours avec avec le slasher Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur qui sort juste à temps pour coller au calendrier.
Certains s’en souviennent peut être mais en 2007, Eli Roth avait déjà réalisé une fausse bande annonce pour un slasher baptisé Thanksgiving pour le film Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. En gestation depuis 2010, sa transformation en véritable long métrage aura finalement mis treize ans à voir le jour. Malheureusement si Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur reprend certaines scènes de la fausse bande annonce, il n’a pas conservé l’aspect vieux film endommagé par le temps ni le second degrés du projet Grindhouse. Après avoir rendu hommage au Evil Dead de Sam Raimi avec son premier film Cabin Fever et au film culte Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato avec The Green Inferno, c’est cette fois ci au genre du slasher qu’il rend cette fois ci hommage avec ce nouveau long métrage sans malheureusement apporter du sang neuf au genre.
C’est en effet sans fouler qu’Eli Roth suit à la lettre le cahier des charges du slasher que le réalisateur Wes Craven et le scénariste Kevin Williamson avaient su brillamment relancer avec leur saga Scream. Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur met en scène un nouveau groupe de jeunes pris pour cible par un tueur mystérieux un an après une tragédie arrivée dans un grand magasin d’électro-ménager lors du Black Friday l’année précédente. La fille du patron du magasin avait fait entrer par la porte de service ses amis qui n’avaient pas manqué de narguer la clientèle qui attendait en masse devant les barrières l’ouverture du magasin, engendrant une véritable émeute durant laquelle trois personnes avaient été tuées.
Pour les habitués du genre, il sera assez malheureux de suivre cette histoire sans la moindre originalité où les meurtres s’enchaineront très mollement. Il faudra se farcir de nombreuses scènes de dialogues particulièrement clichés qui ne feront même pas preuve de second degré et ne pas trop s’étonner de l’enchaînement parfois curieux de certaines scènes. Comme celle par exemple, où le shérif est en tenue de service dans le resto du coin avant d’apparaitre subitement en civil dans la scène suivante qui semble pourtant se passer à peine quelques minutes après.
Comme d’habitude dans ce genre de films de nombreuses fausse pistes viendront semer le trouble sur la véritable identité du tueur qui se cache derrière un déguisement de colon américain. Malgré ce manque flagrant d’originalité nous retrouvons cependant la patte d’Eli Roth dans l’aspect gore des différents meurtres avec des effets prosthétiques à l’ancienne. Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur sort en effet dans une période où les films d’horreur semblent aujourd’hui de plus en plus aseptisés par le passage des mouvements #MeToo et #BlackLivesMatter. Il suffit de comparer la fausse bande annonce dans Grindhouse et le film pour se rendre compte que contrairement à ses habitudes, Eli Roth ne peut plus aujourd’hui montrer la moindre femme nue même lorsqu’elles doivent passer au four. De même il n’est plus possible aujourd’hui de tuer le noir de la bande qui aurait été autrefois le premier à y passer comme s’en moquait Wes Craven dans Scream.
Du casting de Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur nous reconnaitrons avant tout Patrick Dempsey qui n’a clairement pas eu la carrière qu’il escomptait en quittant la série Grey’s Anatomy. Servant de produit d’appel pour la ménagère, il interprète sans grande motivation le shérif de la bourgade où se déroule les faits face à de jeunes acteurs comme la Tiktokeuse au 88,7 millions d’abonnés Adison Rae engagée pour attirer ses fans et la méconnue Neil Verlaque issue de la série Big Shot sur Disney+ dans le rôle des héroïnes typiques de slashers qui ne demande pas de gros efforts.
Film d’horreur aux ambitions purement commerciales, Thanksgiving, La Semaine De L’Horreur ne surprendra que les spectateurs qui n’ont jamais vu un slasher de leur vie. Une véritable déception de la part d’Eli Roth qui semble s’être particulièrement assagi avec l’âge et les risques de se mettre à dos tous les Wokistes. Après les trop nombreuses déconvenues de l’année dans le genre horrifique , il y a de quoi se demander si il est encore possible de réaliser aujourd’hui de véritables films d’horreur capable de durablement marquer les esprits.
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