THE CROW de Rupert Sanders [Critique Ciné]
The Crow retrouve le chemin des salles obscures pour écorner une fois de plus le mythe.
Si elle n’avait peut être pas convaincu totalement tous les fans du comic book, la première adaptation de The Crow au cinéma avait tout de même séduit de nombreux spectateurs par son ambiance sombre et gothique à une période ou les héros de comics book n’étaient pas aussi nombreux à se bousculer sur grand écran. Malheureusement mise à mal par des suites et une série télé bien moins réussies, la franchise aura eu bien du mal à se relever. C’est finalement tout juste trente ans après le premier film qu’Eric Draven ressuscite à nouveau pour un reboot qui surpasse en médiocrité tout que ce nous avions pu voir précédemment.
Ceux qui pouvaient déplorer à l’époque le manque de fidélité du long métrage d’Alex Proyas au comic book de James O’Barr ne pourront qu’être révolté par ce que devient leur héros dans cette nouvelle adaptation de The Crow. Une volonté des nouveaux producteurs de partir dans une nouvelle direction pour ne pas reproduire à l’identique le premier film mais qui ressemble fortement à une grosse sortie de route. Réalisé par Rupert Sanders, qui s’était déjà raté sur son adaptation du manga Ghost In The Shell, il est en train de se tailler une belle réputation de massacreur de Bandes Dessinées cultes avec ce nouveau film.
Le nouveau Eric Draven est un junkie tatoué comme le Joker de Jared Leto dans Suicide Squad encore traumatisé par la mort de son cheval lorsqu’il était enfant. Enfermé dans un centre de désintoxication dans un beau jogging tout rose, il s’apprêtait à mettre fin à sa misérable existence lorsqu’il va voir arriver Shelly. Une junkie qui se retrouve dans ce centre pour avoir tenté d’échapper à une sinistre bande d’individus obéissant à une sorte d’incarnation humaine du Diable. Nous passerons bien au moins une demi heure à suivre leur romance mièvre et sans intérêt pour bien souligner à quel point ils étaient amoureux. Ils finiront enfin par se faire rattraper et tuer par la bande de la manière la plus improbable possible.
Au lieu de mourir, Eric Draven se réveillera dans une espèce de gare désaffecté où une sorte de dieu lui confiera qu’il est devenu immortel et qu’il pourra ramener sa fiancée à la vie en tuant ceux qui les ont assassinés. Alors que nous pensions que le film allait enfin vraiment démarrer, l’histoire se trainera encore dans la quête de vengeance de ce Eric Draven bien trop diffèrent du personnage que nous espérions retrouver. Il faudra encore attendre la dernière partie du long métrage pour que le héros prenne réellement sa véritable apparence mais nous aurons déjà décroché depuis longtemps avant que cela n’arrive.
Dire que la prestation de Brandon Lee dans le film d’Alex Proyas était vraiment brillante serait faire trop d’honneur à l’acteur qui a malheureusement perdu la vie pour ce rôle. Cependant, Bill Skarsgård ne fait clairement pas mieux dans cette version entre le Joker de Jared Leto et le clown Pennywise qu’il interprétait dans le reboot de Ça. L’autre déception sera de voir Danny Huston en nouveau grand méchant dont nous ne saurons jamais vraiment ce qu’il est et qui se montrera bien moins impressionnant que le chef vampire qu’il incarnait dans 30 Jour De Nuit.
Là où le film d’Alex Proyas avait des allures de clip vidéo grunge ou gothique très inspiré par les Batman de Tim Burton, cette nouvelle adaptation par Rupert Sanders donne l’impression d’une version aseptisée et sans aucune recherche artistique. Nous serons du coup très surpris par le soudain excès d’exécutions gore dans le dernier acte qui ne colle pas du tout avec le reste du film. Ce n’est certainement pas l’utilisation d’une chanson de Joy Division qui suffira à rendre son atmosphère gothique à cette adaptation totalement ratée qui ne fera que réveiller le sombre souvenir du Danny The Dog de Luc Besson dont il partage la même médiocrité.
Destiné à une nouvelle génération biberonnée aux séries surnaturelles des plateformes de S.V.O.D sans saveur, cette nouvelle adaptation de The Crow tombera vite dans l’oubli collectif tant il n’a rien à y sauver. Faute de faire mieux qu’il y a trente ans malgré les progrès possibles en terme d’effets spéciaux, Rupert Sanders aurait mieux fallu laisser Eric Draven reposer en paix pour de bon plutôt que souiller ainsi sa mémoire. Après un tel ratage, nous ne sommes en tout cas pas prêts de le revoir avant longtemps.
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