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Critique Ciné : LA CREME DE LA CREME de Kim Chapiron

 

La Crème De La Crème

Après son départ aux Etats Unis pour réaliser son second long métrage Dog Pound, on pensait que le réalisateur Kim Chapiron était dorénavant perdu pour la France. Ce n’est en fait pas la frilosité des producteurs français qui a fait fuir le metteur en scène de l’incroyable Sheitan mais les contraintes scénaristiques d’une histoire qui ne pouvait pas se dérouler chez nous. La preuve en est le voici de retour avec La Crème De La Crème, nouveau brûlot sous forme de pavée dans la mare des grandes écoles de commerce françaises.

AVERTISSEMENT

DES SCENES, DES PROPOS OU DES IMAGES PEUVENT HEURTER LA SENSIBILITE DES SPECTATEURS

A force de ne jamais réussir à draguer une fille de son école, Dan a fait de ses déboires sentimentaux une véritable théorie économique. Il en est tellement convaincant que Kelly, jeune étudiante fraîchement débarquée dans l’école le suit dans son expérience. En permettant aux garçons les moins populaires de s’afficher auprès d’une créature de rêve, leur côte va monter en flèche et ils pourront enfin coucher avec toutes les filles dont ils osaient rêver. L’expérience étant plus que convaincante, ils se font convaincre par Louis de la pousser encore plus loin…

Si on ne compte plus les innombrables films qui se déroulent dans des campus américains, rares sont les exemples français. Comme si les murs des grandes écoles de commerce françaises étaient des barrières infranchissables pour le commun des mortels qui ne méritent pas de savoir comment est formée La Crème De La Crème qui deviendront les têtes pensantes de notre économie. A grand coup de butoir, Kim Chapiron explose les murs pour nous montrer une vérité qu’il valait en fait vraiment mieux cacher.

La Crème De La Crème

Il ne faut que quelques minutes pour voir le vernis s’écailler, voir cette soi-disant élite passer son temps soir après soir à se bourrer la gueule et se foutre littéralement des cours après deux dures années préparatoires ne donnent vraiment pas envie d’aller les côtoyer. Si ces jeunes alcooliques mondains qui beuglent à tue tête Les Lacs Du Connemara de Michel Sardou est vraiment La Crème De La Crème cela ne mérite pas le coup de s’y mêler. C’est ce que doit penser Kelly à voir sa tête en soirée. Cette jeune première année entrée ici sans avoir fait de prépa a du mal à s’intégrer. C’est en prenant de haut cette soi-disant élite qu’elle va baiser un système jusque là bien réglé.

Kim Chapiron ne va certainement pas se faire que des amis avec le sujet de son film qui forme avec Sheitan et Dog Pound une trilogie de la déchéance d’une jeunesse qui se cherche. En se frottant au milieu très fermé des écoles de commerce il soulève un lièvre  qui pourrait bien inciter certaines langues à se délier pour révéler les véritables secrets de ces mystérieuses grandes écoles. Il risque aussi fort de susciter la polémique auprès des féministes en montrant qu’il parait très facile de trouver des filles prêtes à se prostituer pour côtoyer le gratin de la société illustrant cette idée avec une chanson que l’on entend dans le film « elles sont toutes des tasspé ». Le film est heureusement tellement plus malin que cela, qu’il serait dommage d’y voir de véritables propos misogynes de la part du réalisateur.

La Crème De La Crème

Porté par un trio d’acteurs encore très peu connu : l’impeccable Alice Isaaz (Kelly) vue dans Fiston et La Cage Dorée, l’amusant Thomas Blumenthal (Dan) qui jouait dans Les Choristes le rôle de Corbin et le cynique Jean-Baptiste Lafarge (Louis) aperçu dans JC Comme Jésus Christ. Trois véritables révélations qui tiennent leurs rôles avec une grande justesse et beaucoup de naturel. C’est sans compter sur des seconds rôles tout aussi intéressants comme celui de Jafar joué par Karim Ait M’Hand et bien sur les superbes jeunes femmes qui alimentent le réseau de prostitution ou fréquentent les soirées comme Carolina Jurczak. Kim Chapiron fait aussi apparaître ses amis comme Mouloud Achour vu déjà dans Sheitan et les membres du groupe Justice. Il a aussi confié les prises de vues des soirées à Romain Gavras, réalisateur de Notre Jour Viendra et issu lui aussi du collectif Kourtrajmé.

A la vue des précédents longs métrages de Kim Chapiron, on aurait pu penser que l’histoire de La Crème De La Crème tournerait un peu plus au cauchemar. Bien que très bien écrit, le scénario signé par le réalisateur et Noé Debre paraît plus sage qu’à l’habitude. Même les scènes sexy reste très chastes, filmées dans une pénombre qui suscite encore plus le désir mais bien moins torride que dans Sheitan. Finalement ce sont peut être les scènes de fêtes qui sont les plus choquantes à la vue de cette jeunesse dorée écœurante de certitudes.

La Crème De La Crème

MON AVIS

4/5

La Crème De La Crème démontre définitivement le talent de Kim Chapiron, réalisateur phare d’une nouvelle génération très prometteuse. Loin de toutes les comédies faciles ou des films prise de tête, il montre qu’il est possible de réaliser des films différents porteurs de véritables réflexions et qui n’hésite pas à mettre le doigt là où ça fait mal. Un long métrage qui deviendra certainement culte dans toutes les écoles de commerce où il s’échangera en douce.

 

FICHE TECHNIQUE :

  • REALISATEUR : Kim Chapiron
  • AVEC : Alice Isaaz, Thomas Blumenthal & Jean-Baptiste Lafarge 
  • SCENARISTES : Kim Chapiron & Noé Debre
  • GENRE : Comédie Dramatique
  • DUREE : 1h30
  • MUSIQUE : Ibrahim Maalouf
  • PAGE FACEBOOK :  https://www.facebook.com/LaCremeDeLaCremeFilm
  • DATE DE SORTIE : 02 Avril 2014

 

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