DILLINGER de John Milius [Critique Blu-Ray]
DILLINGER de John Milius [Critique Blu-Ray]
Dillinger, le premier film de John Milius, vient de sortir en combo Blu-Ray + DVD chez Rimini Editions.
Connu tout d’abord comme scénariste de L’Inspecteur Harry et Jeremiah Johnson puis plus tard comme le réalisateur de Conan Le Barbare, John Milius avait commencé sa carrière de cinéaste neuf ans plus tôt avec Dillinger. Un biopic consacré au plus grand des gangsters américains qui était sorti sur les écrans français en avril 1974. Célébrant cette année son cinquantième anniversaire, le long métrage a le droit à sa première sortie officielle en Blu-Ray en France dans un très beau digipack en combo avec le DVD chez Rimini Edition disponible depuis le mardi 6 juin 2023.
Ne vous attendez pas à tout savoir sur Dilinger avec le film de John Milius. Malgré son titre, cette histoire a en réalité deux personnages principaux. D’un coté le célèbre gangster et de l’autre Melvin Purvis agent du FBI qui s’est juré d’éliminer John Dillinger et toute sa bande. C’est cette traque qui s’est étalée entre 1933 et 1935 que raconte en vérité ce long métrage narré du point de vue du policier. L’idée de consacrer un film à Dilinger était en effet mal vu à l’époque surtout de la part de J. Edgar Hoover, le directeur du FBI, qui avait exprimé son désaprouvement dans un message que l’on peut entendre à la toute fin du film. C’est donc peut être pour cela que le film donne l’impression de seulement survoler son sujet sans assez rentrer dans le vif du sujet.
La première fois que nous verrons John Dillinger, c’est dans un plan en vue subjective à travers les yeux d’une employée de banques alors que le gangster vient braquer l’endroit. De quoi croire à une réalisation originale mais le manque de moyens se sentira très vite dans ce braquage rapide où nous ne verrons même pas les employés et les clients à qui Dillinger s’adresse. Il faudra attendre un prochain braquage pour avoir le droit à une grande scène de fusillade particulièrement sanglante mais qui prêtera aussi aux moqueries pour certaines exagérations. Il y aura de quoi s’étonner que toutes les grandes scène d’action se déroule sans aucune musique pour lui donner plus de suspense et de dynamisme et que le thème qui reviendra le plus souvent donne presque des allures de comédies à ce long métrage qui ne cherche pourtant pas à faire rire.
Le gros problème de Dillinger est cependant l’impression qu’il ne se passe pas grand chose entre deux braquages. Comme s’il ne voulait pas les rendre attachants, John Milius ne s’attardera pas sur la présentation des membres de la bande de John Dillinger. Il faudra du coup être très observateur et physionomiste pour arriver à mémoriser les visages de ces gangsters aux noms célèbres qui seront présentés en photos au début du film mais que nous aurons à peine le temps d’identifier. Résultat lorsque dans le climax du film nous assisterons à leur chute, il sera impossible de savoir qui nous sommes en train de suivre. John Milius ne prendra pas plus le temps de développer l’intrigue amoureuse avec Billie Frechette que John Dillinger a pris en otage dans un bar et qui finira par tomber mystérieusement amoureuse du gangster pourtant violent avec elle.
La vie de John Dillinger sera tellement survolée que le plus intéressant dans le long métrage seront les scènes de chasse aux gangsters de l’agent du FBI Melvin Purvis. Un homme prêt à tous les risques pour mener à bien sa purge de toute la bande qui devrait être considéré comme un héros mais qui n’arrive pas à obtenir de respectabilité aux yeux de la presse et de l’opinion publique face aux exploits de Dillinger. Pas étonnant que le réalisateur a par la suite écrit le scénario de deux téléfilms sur ce personnage après le succès du film tant il est évident qu’il a sa préférence dans ce long métrage. le titre Dillinger était juste plus attirant pour le public qui se retrouvera bien dupé.
John Milius avait déclaré ne vouloir écrire des scénario que pour John Wayne ou Warren Oates, il a eu donc de la chance que ce dernier accepte d’incarner ce John Dillinger auquel il ressemble un peu. En faisant tout pour ne pas glorifier le gangster, nous aurons du mal à trouver de l’intérêt à sa prestation. En policier aux méthodes extrême, Ben Johnson est bien plus convaincant dans le rôle de Melvin Purvis. Le film nous donnera l’occasion de découvrir la très belle Michelle Phillips dans le rôle de Billie Frechette. Une prestation qui lui avait valu d’être nommé pour le Golden Globe de la révélation féminine mais que le manque d’épaisseur de son personnage ne lui avait malheureusement pas permis d’emporter.
Prêt à tout pour réaliser son premier long métrage, le scénariste John Millius ne semble pas avoir mis beaucoup d’âme dans ce biopic de Dillinger qui refuse de glorifier le gangster. Survolant son sujet, il n’arrivera à nous captiver qu’à travers quelques scènes marquantes malheureusement trop peu nombreuses pour faire un grand film. Michael Mann n’ayant pas réussi à faire mieux avec son Public Enemies 35 ans plus tard, c’est à se demander si la vie de John Dillinger mérite vraiment sa place sur grand écran.
LE BLU-RAY : Sans être resplendissante, l’image de Dillinger est très propre avec un respect du grain originel qui ne présentera aucun soucis de compression. Le son mono ne fera de l’effet que lors des grandes scènes du fusillades. Question bonus, Rimini Editions a réuni les interviews de plusieurs critiques et spécialistes qui nous raconteront chacun leur tour à peu près la même chose et qui semblent pas non plus très convaincu de la qualité du film. Heureusement qu’une interview du producteur est présente pour s’enthousiasmer encore sur le film. Une interview d’un membre de l’équipe technique viendra apporter aussi quelques détails intéressants sur la conception du film.
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