SAINT AMOUR de Benoît Delépine et Gustave Kervern [Critique Ciné]
En 2014, Benoît Delépine et Gustave Kervern surprenaient tout le monde en sortant Near Death Experience où l’écrivain Michel Houellebecq était seul à l’écran pendant 1h27. Forcement cet O.F.N.I n’a attiré en salles que les plus fidèles spectateurs des longs métrages du duo grolandais. Avec Saint Amour, ils renouent avec Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu pour une comédie sensible qui pourrait leur permettre de faire un nouveau succès dans la lignée de Mammuth.
SYNOPSIS : Le salon de l’agriculture est l’occasion chaque année pour Bruno de s’offrir une semaine de vacances à la capitale où il tente de faire la Route des Vins en faisant le tour des stands. Son père Jean sent bien que Bruno n’a pas vraiment envie de reprendre l’exploitation laitière mais plutôt que de s’énerver comme d’habitude pour tenter de l’en convaincre, il décide de tenter un rapprochement en lui offrant une véritable excursion sur la Route des Vins.
Saint Amour colle parfaitement à l’actualité en sortant juste durant la semaine du Salon De L’Agriculture et en pleine crise du lait dont les deux personnages principaux du film sont d’ailleurs eux aussi victimes. Le nouveau long métrage de Benoît Delépine et Gustave Kervern avait été tourné en partie durant l’édition 2015 du salon, une année heureusement bien plus calme qu’en 2016 puisqu’ils ont pu y tourner tranquillement pendant trois jours. Ce n’est qu’en filigrane que l’on comprend que la vie de paysan de Bruno et son père Jean est loin d’être facile mais ce n’est pas là le vrai sujet du film qui traite avant tout d’amour et de la solitude des agriculteurs déjà illustré dans le film Je Vous Trouve Très Beau d’Isabelle Mergault.
Déjà présent dans quatre des six précédents longs métrages des deux réalisateurs, Benoît Poelvoorde signe avec eux pour une cinquième fois en incarnant Bruno, le personnage principal de cette histoire. Un agriculteur porté sur la bouteille toujours malheureux en amour et pas franchement emballé de reprendre l’exploitation de son père qui lui prend tout son temps sans lui apporter vraiment de quoi vivre. Un rôle de marginal à l’image de celui du punk de Le Grand Soir où même du tueur de C’est Arrivé Près De Chez Vous qui lui va beaucoup mieux que les comédies plus commerciales dans lesquelles il peut parfois se perdre. Souhaitant retravailler avec Gérard Depardieu après le succès de Mammuth, Benoît Delépine et Gustave Kervern lui ont offert le rôle de Jean, le père de Bruno. Le duo Poelvoorde et Depardieu n’a plus ses preuves à faire puisqu’ils se sont déjà partagé précédemment l’affiche de trois longs métrages.
Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu se retrouvent ici avec Vincent Lacoste, le héros de Les Beaux Gosses et de Hippocrate, en chauffeur de taxi forcé de les transporter durant toute leur route des vins. Une très bonne idée d’avoir pensé à intégrer cet acteur, lui aussi un peu particulier, à l’univers de Delépine et Kervern. Cela semble même être une évidence tant il s’y insère parfaitement. Les deux réalisateurs ont aussi réussi à séduire un beau casting d’actrices française qu’on ne s’attend pas à retrouver dans ce genre de film comme Céline Sallette, Ana Girardot, Chiara Mastroianni, Solène Rigot et Ovidie l’ancienne star du X.
Benoît Delépine et Gustave Kerven ne semblent pas aimer les films qui font du sur place et nous propose avec Saint Amour un nouveau Road Movie. On pense forcement à leur premier long métrage Aaltra qui mettait déjà en scène un paysan et son voisin qui faisait tout un périple en fauteuil roulant pour se faire dédommager par le fabricant de tracteurs responsable de leur paralysie. Louise-Michel et Mammuth nous faisaient également voyager. Les habitués des films du duo seront bien en terrain connu avec ce nouveau long métrage auquel on pourrait justement reprocher un certain manque de renouvellement. Leur réalisation minimaliste semble plus motivée par un véritable je m’en foutisme revendiqué que par une volonté d’imprimer leur patte. Certes cela leur permet de faire des films avec de petit budget mais il n’est pas rare de voir s’échapper des spectateurs en cours de séances face à leur style.
Parler d’amour ne semble pas vraiment réussir à Benoît Delépine et Gustave Kervern. La dernière partie de Saint Amour devient beaucoup moins drôle à partir du moment où le trio fait la connaissance de Venus (Céline Sallette) qui leur fera une étrange proposition. Un peu le même genre de défaut que l’on pouvait déjà reprocher à Mammuth qui se perdait aussi dans sa dernière partie à croire que les conclusions ne sont pas le fort du duo.
Ce ne sera pas vraiment pour l’histoire qu’il faut aller voir Saint Amour mais tout simplement pour son trio d’acteur principal absolument impeccable. Un nouveau festival Poelvoorde drôle de bout en bout mais aussi sensible et touchant. Gérard Depardieu est fidèle à lui même, véritable ogre plein de tendresse, de plus en plus gros mais toujours aussi bon. L’ajout de Vincent Lacoste est la grande idée de ce nouveau film et on espère qu’il deviendra lui aussi désormais un fidèle de la famille Delépine – Kervern.
MON AVIS : 3/5
FICHE TECHNIQUE :
- RÉALISATEURS : Benoît Delépine et Gustave Kervern
- AVEC : Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste
- SCÉNARISTES : Benoît Delépine et Gustave Kervern
- MUSIQUE : Sébastien Tellier
- GENRE : Comédie, Drame
- DURÉE : 1h41
- NATIONALITÉ : Française
- DISTRIBUTEUR : Le Pacte
- SITE OFFICIEL : http://www.le-pacte.com/saint-amour/
- DATE DE SORTIE : 2 mars 2016