TRAP de M. Night Shyamalan [Critique Ciné]
Avec son improbable thriller Trap, le réalisateur M. Night Shyamalan ne prendrait-il pas les spectateurs pour des imbéciles ?
Beaucoup de parents ont déjà dû se sentir piégés en étant obligés d’accompagner leurs enfants à des concerts d’artistes qui n’étaient pas à leur gout. Nous pourrions croire que c’est ce qui a inspiré le réalisateur M. Night Shyamalan pour son nouveau thriller Trap. Vendu comme la « nouvelle expérience » du cinéaste capable du pire comme du meilleur, c’est à se demander si cette expérience n’est pas simplement de voir à quel point il peut se permettre de prendre les spectateurs pour des imbéciles et combien de temps ils mettront avant de quitter la salle exaspérés par autant de bêtises.
Dès la bande annonce, nous sentions bien que l’histoire de Trap paraissait franchement ne pas tenir la route un instant. C’est cependant en comptant sur l’ancien talent de M. Night Shyamalan pour nous surprendre avec des twists hallucinants dans nombre de ses films que nous sommes malgré tout tentés de risquer cette »expérience ». Grand mal nous aura pris puisque Trap est bien l’un des plus improbables thrillers jamais vu au cinéma qui ne pourra séduire que les spectateurs qui ont tendance à débrancher le cerveau en s’installant dans leur fauteuil devant leur paquet de popcorn.
La longue première partie de Trap présentera Cooper, un papa gâteau tout heureux d’emmener sa fille Riley au concert de sa star préférée Lady Raven. Mais arrivé sur le lieu du concert, nous le sentirons nerveux en voyant l’étonnant déploiement massif de policiers et de forces armées. Il a de quoi être en panique puisque nous découvrirons qu’il est en réalité un psychopathe surnommé Le Boucher qui apprendra d’un employé de l’Arena un peu trop bavard que tout le concert est un piège conçu pour l’arrêter. Sa fille n’étant bien sur pas au courant de ses déviances, le tueur devra alors trouver le moyen de s’échapper tout en évitant de lui gâcher la soirée de ses rêves.
Bien que tourné dans une vraie grande salle de spectacle, tout sonne faux dans la mise en scène de ce concert dès les premiers instants même jusqu’au public qui se comporte vraiment comme des figurants jouant les spectateurs alors qu’ils n’avaient qu’à profiter du show. Nous nous étonnerons surtout de voir qu’à chaque fois que Cooper quitte le concert pour chercher un moyen de s’échapper, les couloirs sont toujours plein de spectateurs qui ratent le show. Nous ne pourrons pas croire un seul instant que tous ces policiers et même les employés de l’Arena sont tous briefés et préparés pour l’arrestation du tueur et que pourtant ils seront tous prêts à dévoiler des informations confidentielles à Cooper alors qu’il correspond pourtant bien au profil connu du potentiel coupable. Il n’y a en fait pas une seule scène sans incohérence dans tout le film mais plutôt que de tout dévoiler, les plus courageux pourront toujours aller le constater par eux mêmes.
Si nous pensions que notre calvaire toucherait à sa fin après le concert, M. Night Shyamalan a choisi de poursuivre le supplice pour deux autres parties que nous cachait bien la bande annonce. Là encore, le réalisateur et scénariste se surpasse dans le grand n’importe quoi. Se vantant de n’avoir mis que cinq mois et demi pour écrire le scénario de Trap, là où cela lui prend habituellement bien plus de temps, nous comprendrons bien vite pourquoi le film est aussi raté. Difficile à croire que c’est le même qui avait réussi à ce point à nous scotcher avec Sixième Sens, Incassable ou même le dernier en date Knock At The Cabin. Surtout le tueur de Trap n’arrive clairement pas à la cheville du kidnappeur aux multiples personnalités de Split. Souhaitant que le film reste accessible à tous les publics, jamais nous verrons ce supposé psychopathe dans ses œuvres les plus sanglantes où même se montrer un brin angoissant.
Trap n’est en fait pas du tout un thriller mais juste une manière pour M. Night Shyamalan d’aider sa fille Saleka à percer dans la musique. Après avoir produit Les Guetteurs, le premier film de sa fille Ishana, quoi de plus normal de profiter de sa notoriété pour permettre à son autre fille de faire connaitre sa musique dans le monde entier. Ce n’est pas moins de quatorze titres spécialement composés pour le film que nous pourrons entendre. Incarnant la chanteuse Lady Raven, elle prouvera dans la deuxième partie qu’elle a plus de chance dans la musique qu’en tant qu’actrice. Dans ce rôle à contre emploi, Josh Hartnett peinera à se montrer convaincant en psychopathe faute de véritables scènes où il aurait pu se montrer réellement inquiétant. Quand à Ariel Donoghue qui joue sa fille Riley, elle donne vraiment l’impression que n’importe quelle gamine de quinze ans aurait pu tenir le rôle.
Encore plus absurde qu’un film de Quentin Dupieux sans malheureusement en avoir l’humour, l’intrigue de Trap est tout aussi improbable que ce que laissait transparaître la bande annonce. Le film se montrera même de plus en plus bête et insupportable au fur et à mesure qu’il avance dans le temps. À tel point que nous nous demanderons si M. Night Shyamalan ne nous prend pas pour des imbéciles. Devant tant de bêtises, il est certain que nous ne trouverons aucun moment pour frissonner devant ce qui est sans nul doute l’un des plus gros ratage de la carrière du réalisateur.
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