ANTEBELLUM de Gerard Bush et Christopher Renz [Critique Ciné]

Cherchant à surfer sur le succès de Get Out et Us, Antebellum est l’un des événement ciné de la rentrée collant parfaitement à l’actualité du moment mais vaut-il vraiment le coup d’être vu ?

 

SYNOPSIS : Deux femmes : Eden une esclave dans une plantation au mains des confédérés durant la guerre de sécession qui cherche à tout prix le moyen de s’échapper et Veronica, une féministe militante pour les droits des noirs dans l’Amérique d’aujourd’hui qui lui ressemble beaucoup doivent avoir une histoire commune mais outre ce combat partagé pour une liberté légitime quel peut bien être le lien qui les unit réellement ?

 

Et si le vent de révolte qui souffle actuellement aux Etats unis était en réalité parti d’Hollywood ? Depuis que des voix se sont fait entendre pour exprimer le manque de représentativité des noirs aux Oscars, nous avons vu subitement apparaître plein de films pour combler cette absence. Un mouvement porté par 12 Years A Slave, Black Panther, Get Out et Moonlight qui trouve un nouvel écho avec les intenses protestations qui ont fait suite à la mort de George Floyd. Aujourd’hui, les films sur le racisme dont sont victimes les noirs pourraient paraître opportunistes alors qu’ils ont été prévus bien avant les manifestations. Mais dans le cas d’Antebellum, on peut vraiment se poser la question de savoir si ce film s’est vraiment fait en toute honnêteté.

 

 

Lorsqu’on voit qu’Antebellum est produit par la même équipe que Get Out et Us, on pourrait penser que le réalisateur Jordan Peele est impliqué dans ce nouveau film mais ce n’est pas du tout le cas. C’est en fait le premier film réalisé par le duo  Bush + Renz composé du réalisateur noir Gerard Bush et du réalisateur blanc Christopher Renz connus pour leur travail publicitaire militant. Il est en fait produit par la même société  que Get Out et Blackkklansman mais c’est le seul point commun. Les deux hommes ont du s’imaginer que le meilleur moyen de dépeindre l’horreur de l’esclavagisme serait d’en faire un véritable film d’horreur. Mais faute d’expérience cette idée alléchante sur le papier donne un résultat clairement décevant sur pellicule. A aucun moment cette histoire n’arrivera à nous faire frissonner. Nous sommes à la rigueur devant un thriller psychologique raté mais vraiment pas devant un film d’épouvante.

Le debut d’Antebellum rappelle beaucoup les récents 12 Years A Slave ou Birth Of A Nation en présentant une esclave captive des confédérés durant la guerre de sécession. Le titre Antebellum (avant la guerre en latin) a d’ailleurs été utilisé pour la période qui avait précédé cette guerre. L’aspect trop caricatural de ses personnages et cette impression d’avoir déjà vu tout cela de manière bien plus convaincante ne nous permettra pas d’entrer vraiment dans cette histoire. Lorsqu’au bout d’une demi heure,le film basculera dans le temps présent, nous aurons alors le droit a une nouvelle longue scène d’introduction pour nous présenter une autre femme qui ressemble beaucoup physiquement à la première. Pendant encore une bonne demi heure, le film se transforme en une sorte de comédie girly à la Girls Trip sur une autrice féministe et militante de la cause noire. On découvrira autour d’elle des visages similaires à ceux de la première partie sans savoir si ils ont nourri un rêve où si cela n’est qu’une coïncidence. Histoire de nous faire croire qu’on est dans un film d’horreur les deux réalisateurs glisse une fillette dans un couloir d’hôtel qui fera penser à Shining mais ne nous fera pas peur pour autant.

 

 

Ce n’est que dans sa troisième partie que l’on découvrira ce qui relie ces deux femmes. Et si l’affiche dans les couloirs du métro demandent aux spectateurs de ne pas spoiler la fin, c’est qu’elle se révélé complètement improbable. Les deux réalisateurs nous ont réservé un twist à la M. Night Shyamalan totalement ridicule et rempli d’incohérences. On en aura parfois du mal à se retenir d’éclater de rire devant la débilité de certains passages et l’improbabilité de cette histoire. Très mal conçu dans son écriture et son montage, Antebellum est un véritable ratage dont on ne retiendra que quelques plans séquences bien filmés grâce à leur expérience dans la publicité mais dont l’ensemble est une belle perte de temps et d’argent qui ne méritait clairement pas sa place sur grand écran.

Dans le double rôle de l’héroïne d’Antebellum, Janelle Monáe se montre convaincante en esclave forte face à ses maîtres tout comme Kiersey Clemons mais elle est particulièrement exaspérante en militante féministe dont le personnage parait juste idiote a coté sa meilleure copine croqueuse d’homme jouée par Gabourney Sidib. On voit clairement que le film est écrit par deux hommes pour montrer une telle image de la femme. Egalement présente dans les deux parties, Jena Malone, souvent employé dans des rôles étranges, joue la maîtresse de la plantation et une femme mystérieuse qui a visiblement  des intentions néfastes pour la romancière militante. Leur affrontement dans la dernière partie du film sera le summum du ridicule de ce film.

 

 

A une époque où on a voulu interdire le chef d’oeuvre Autant En Emporte Le Vent pour la façon dont il dépeint l’esclavagisme de manière soi-disant trop complaisante, oser sortir un film aussi ridicule qu’Antebellum est une véritable honte. Loin du brûlot militant dénonçant cette période atroce de l’histoire des Etats Unis que l’on attendait, ce pseudo thriller psychologique aussi mal écrit que monté ne mérite vraiment pas que l’on perde son temps devant. On comprend mieux pourquoi le film sortira aux Etats Unis uniquement en V.O.D. pour se faire le plus discret possible.

 

MON AVIS : 0/5

 

FICHE TECHNIQUE :

• RÉALISATEURS : Gerard Bush et Christopher Renz
• AVEC : Janelle Monáe, Jena Malone, Kiersey Clemons, Gabourey Sidibe & Lily Cowles
• SCÉNARISTES : Gerard Bush et Christopher Renz
• GENRE : Thriller psychologique
• DURÉE :  1h46
• NATIONALITÉ : Américain
• DISTRIBUTEUR : Metropolitan Filmexport
• SITE OFFICIEL : https://antebellum.movie/
• DATE DE SORTIE : 9 septembre 2020