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JOKER de Todd Phillips [Critique Ciné]

Joker

Todd Phillips revisite le personnage mythique du Joker dans une Origin Story qui fera certainement date dans l’histoire du cinéma déjà récompensée du Lion d’Or à la Mostra De Venise.

INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS AVEC AVERTISSEMENT

 

SYNOPSIS : Arthur Fleck n’a jamais connu le bonheur dans sa vie. Obligé de faire le clown pour pouvoir vivre en attendant de percer dans le Stand Up, il est constamment le sujet de moqueries et de brimades. Obligé de s’adapter à ce monde injuste et sans pitié, il va finir par basculer définitivement dans une folie sans concessions.

 

Qui aurait pu croire que le réalisateur de la trilogie Very Bad Trip pourrait faire un jour un film sur le Joker, l’ennemi juré de Batman ? Probablement personne ! Et ce n’est que la première surprise de ce long métrage qui n’a rien à voir avec l’habituel film de super héros. À tel point que l’éditeur D.C. Comics nierait presque toute rapport avec ce long métrage, le logo n’apparaissant qu’en toute fin du générique final. De quoi inquiéter les fans du personnage mais à la vue de ce qu’est devenu le D.C. Universe avec Suicide Squad et Justice League, ce n’est au fond peut être pas plus mal. Alors oubliez tout ce que vous avez vu auparavant et préparer vous à prendre une grosse claque !

 

Joker

 

Si Joker n’a rien à voir avec toutes les précédentes histoires que vous pouvez avoir lu dans les comics books ou vu au cinéma, le film de Todd Phillips respecte pourtant bien tout ce que l’on connait. Il se déroule toujours à Gotham dans un univers où Bruce Wayne est bel et bien présent sauf qu’il est encore bien trop jeune pour être devenu Batman. Cela ne nous empêchera cependant pas d’avoir le droit à LA scène incontournable présente dans tous les différents reboot de la franchise. Loin des décors gothiques des films de Tim Burton, Todd Phillips nous plonge dans un Gotham très réaliste très proche de la version de Christopher Nolan mais aussi proche du New York de Taxi Driver de Martin Scorsese qui était le premier attaché à ce projet avant de finalement y renoncer.

Joker n’est clairement pas un film d’action mais bel et bien un drame. Il commence pourtant sur une note légère avec un Arthur Fleck insouciant en train de faire son show dans la rue pour promouvoir les soldes d’un magasin avant de se faire gratuitement agresser par une bande de jeunes. On se dit alors qu’il est un garçon bien malheureux dans la vie mais ce ne sera que le début d’une lente descente aux enfers. Tous les jours, il se prendra des coups que ce soient physiques ou psychologiques. Déjà victime de troubles qui le font rire nerveusement à la moindre montée d’anxiété, il n’avait pas besoin de plus pour faire de sa vie un véritable cauchemar.

 

Joker

 

Prenant aux tripes comme un véritable thriller, on se demande jusqu’où ira Todd Phillips pour dépeindre la dégringolade de cet homme qui va progressivement perdre tout ce qui lui était cher dans une série de rebondissements désastreux. Magistralement mis en scène, on le verra progressivement se transformer. Le maquillage de clown innocent à ses débuts se perfectionnera pour devenir comme une seconde peau. On le verra vraiment basculer à travers de sublimes plan très graphiques. Pour cela, le film n’hésitera pas par moment à se montrer violent et sanglant mais c’est bien pour son  emprise psychologique sur le spectateur que le long métrage est interdit aux moins de 12 ans.

Même si il ne s’agit que d’un film, Joker pourrait se montrer en réalité véritablement dangereux pour les spectateurs un peu fragiles qui se sentent seuls dans la vie et victimes de moqueries comme Arthur Fleck. Rien dans le film ne viendra en effet contrebalancer les actions de celui qui deviendra l’ennemi juré de Batman. Même Thomas Wayne, le père du justicier est ici dépeint comme un homme assez inhumain et le majodorme Alfred se montre lui aussi bien moins sympathique que d’habitude. Le film ne fait que montrer qu’Arthur Fleck n’est qu’un pauvre bougre devenu violent car le monde dans lequel on vit l’est lui même de plus en plus. Même si on ne pourra pas ne pas être choqué par ses actions, on aura cependant tendance à le comprendre voir même à l’encourager à se comporter de la sorte face à tant d’injustice. Au fond n’avons nous pas toujours eu de la sympathie pour ce personnage dont les origines n’ont jamais été vraiment dépeintes par ses créateurs Bob Kane, Jerry Robinson et Bill Finger dans les premières version du comic book ? Il faudra savoir de par nous même la part des choses pour ne pas avoir envie de sombrer dans la même folie.

 

Joker

 

Si Joaquin Phoenix n’a pas été lui-même directement récompensé à Venise pour sa prestation, il porte clairement tout le film sur ses épaules. Présent dans chaque scène, son incarnation du Joker est absolument magistrale et se hisse sans peine au niveau de celle de Heath Ledger comme si il en était un peu les origines. C’est cependant bien une version unique qui n’est liée à aucun autre films D.C. Comics déjà sorti où même à paraître. Ce rôle fera sans aucun doute date dans la carrière de l’acteur déjà jalonnée de grands rôles et fait clairement de lui un favori pour la prochaine cérémonie des Oscars.

Les seconds rôles ne sont pas en reste dans la réussite du film à commencer par un Robert De Niro au top de sa forme en présentateur TV mentor d’Arthur Fleck comme un autre hommage flagrant au cinéma de Martin Scorsese. Bien connue des fans de la série American Horror Story, Frances Conroy ne démérite pas non plus dans le rôle de la mère d’Arthur. Zazie Beetz qui explosait tout dans Deadpool 2 est ici une voisine qui collabore à apporter une touche sensible au personnage. Quand à Brett Cullen, il donne à Thomas Wayne une vraie image de salopard comme on ne l’avait encore jamais vu joué ainsi.

 

Joker

 

Loin de l’esbroufe visuelle d’un film Marvel ou mêmes des récents films du D.C. Universe, Joker est un film absolument brillant qui pourra séduire même les plus réticents aux films de Super Héros. Il s’agit là d’un drame psychologique très réaliste et totalement prenant de la première à la dernière minute grâce à la prestation sans failles de Joaquin Phoenix et la maîtrise visuelle du réalisateur Todd Phillips qui démontre ici un potentiel insoupçonné. Déjà récompensé à Venise, le film devrait encore sans doute faire parler de lui lors des différentes cérémonies de remise de prix en début d’année prochaine et il a également toutes ses chances pour aussi casser le box office au delà de n’importe quelle aventure de Batman et consorts. 

 

MON AVIS : 5/5

 

FICHE TECHNIQUE :

  • RÉALISATEUR : Todd Phillips
  • AVEC : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz & Frances Conroy
  • SCÉNARISTES : Todd Phillips & Scott Silvers
  • COMPOSITEUR : Hildur Guðnadóttir
  • GENRE : Drame, Thriller
  • DURÉE : 2h01
  • NATIONALITÉ : Américain
  • DISTRIBUTEUR : Warner Bros France
  • SITE OFFICIEL : http://www.jokermovie.net/
  • DATE DE SORTIE : 9 octobre 2019

 

 

Critique rédigée le 4 octobre 2019

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