24 HEURES A NEW YORK de Vuk Lungulov-Klotz [Critique DVD]
Tranche de vie d’un jeune trans à New York, 24 Heures A New York mérite d’être rattrapé avec sa sortie en DVD.
Dans cette période où la transsexualité est aujourd’hui bien mieux acceptée et ne semble plus être un sujet tabou mais plutôt en vogue, il est étonnant que le film 24 Heures À New York soit passé si inaperçu lors de sa sortie dans les salles françaises. Certes en sortant début août, il ne se donnait pas toutes ses chances mais avec seulement 4 496 spectateurs, il lui a clairement manqué un buzz sur TikTok pour toucher la jeune génération plus enclin à ce sujet. Avec sa sortie en DVD le 20 février, le long métrage Vuk Lungulov-Klotz se voit offrir une seconde chance vous laissant cette fois ci aucune excuse pour passer à coté.
24 Heures à New York c’est vraiment ce que l’on va vivre dans ce film mais il ne faut cependant pas s’attendre à une visite touristique de la « Grande Pomme ». Portant le titre original de Mutt qui signifie cabot, le film de Vuk Lungulov-Klotz est en fait une tranche de vie de vingt quatre heures qui retrace la journée mouvementée de Feña. Une jeune femme en transition pour devenir un homme qui en vingt quatre heures va retrouver son ex-petit ami qu’elle avait larguée au début de sa transition, sa demi-sœur perdue de vue lorsqu’elle a quitté la maison de leur mère et son père vivant en Amérique du Sud qui vient lui rendre visite.
24 Heures A New York n’est pas un film autobiographique mais le réalisateur Vuk Lungulov-Klotz semble avoir tout de même mis beaucoup de lui dans cette histoire. Il a en effet lui même vécu la même transition et partage aussi des origines métissées entre le Chili et la Serbie. Depuis son premier court métrage, il se fait une sorte du porte parole de la transexualité et s’est vu récompensé pour ce premier film au Festival de Berlin de la mention spéciale du Jury dans la sélection Generation 14. Au dela de son sujet, il démontre aussi un vrai talent de mise en scène avec de très beaux plans et des jeux de caméras.
Au lieu de 24 Heures À New York, le film aurait peut être mieux fait de s’appeler 24 Heures dans la peau d’un Trans car cette tranche de vie veut clairement nous montrer quels sont les regards qui sont portés tout le long de la journée sur son héros. Ses amis, sa demi-sœur et un pharmacien qui l’acceptent totalement comme elle est, son père qui essaye de se faire à l’idée ou une banquière intolérante. Le cœur de l’intrigue repose cependant sur la relation avec son ex-petit-ami. Malgré les disputes et la séparation, ils gardent un lien très fort entre eux mais le choix de Fenã rend aujourd’hui difficile les relations car leurs attentes dans la vie ne sont pas les mêmes. Le film ne retraçant que 24 heures de leur vie, ce sera aux spectateurs de s’imaginer comment toutes ces relations pourront évoluer.
Si le réalisateur Vuk Lungulov-Klotz a voulu faire un film dépassant le public LGBT directement touché par le sujet pour aider le grand public à mieux comprendre ce que peuvent vivre les transsexuels, cette histoire pourrait cependant donner du grain à moudre à leurs détracteurs. Avec la jeunesse compliquée, qu’a traversé Fenã, nous pouvons nous demander si cela n’a pas créé un trouble psychologique qui l’aurait poussé à vouloir devenir un garçon. En cela, 24 Heures A New York aurait peut être mérité de se montrer un peu plus pédagogique dans ce véritable mystère de la science qui fait que certaines personnes ne se sentent pas être né dans le bon corps mais son concept de temps limité l’empêche de trop creuser le sujet.
Vuk Lungulov-Klotz a mis six ans à préparer son film dont deux ans pour trouver son acteur principal. Il a fini par trouver la perle rare en Lio Mehiel, jeune homme trans partageant les bonnes origines et qui s’est aussi fait retirer les seins. Si Fenã a du mal à montrer ses cicatrices, l’acteur n’hésite pas à les exhiber sur son compte Instagram. Pour son premier film en tête d’affiche, il est en tout cas véritablement épatant ne laissant absolument pas paraître qu’il n’est qu’un acteur débutant. Il a d’ailleurs été récompensé pour cette performance du Prix d’Interprétation au Festival de Sundance. Il faut reconnaître qu’il est bien épaulé par de jeunes acteurs encore méconnus Cole Doman qui joue l’ex-petit ami et MiMi Ryder qui joue la demi-sœur.
Drame indépendant typiquement new yorkais, 24 Heures À New York est une histoire très touchante qui aide à comprendre ce que peuvent vivre les personnes trans au quotidien. Porté de jeunes acteurs quasi-débutants, le premier film très réaliste de Vuk Lungulov-Klotz mérite vraiment d’être découvert.
LE DVD : Service vraiment minimum pour le DVD de 24 Heures A New York. Un menu fixe laissant le choix seulement aux pistes audio 2.0 et 5.1. uniquement en version originale et une qualité d’image pas vraiment au top avec quelques effets d’escalier dans des scènes compliquées à encoder. C’est d’autant plus dommage que la très belle photographie du film vraiment colorée aurait bien mérité un Blu-Ray. Le plus regrettable est tout de même l’absence totale de bonus alors qu’un sujet pareil aurait bien mérité au moins une interview du réalisateur pour nous expliquer ses intentions et développer le message qu’il cherche à passer.
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