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LE RÈGNE ANIMAL de Thomas Cailley [Critique Ciné]

Le Règne Animal

Ambitieuse tentative de film de genre à la française, Le Règne Animal devrait séduire plus d’un spectateur.

Longtemps quasiment impossible à monter en France, les films de genre semblent enfin connaitre un certain essor en France. Cela s’explique certainement grâce à ce nouveau courant mêlant drame et fantastique que Julia Ducourneau a réussi à porter avec les nominations aux César de Grave et la Palme d’Or de Titane. En cette rentrée cinématographique, deux projets ambitieux de films de genre créent l’événement et ne manquent pas de faire parler d’eux. Le malheureusement raté Acide et maintenant Le Règne Animal qui après avoir fait l’ouverture de la sélection Un Certain Regard au dernier Festival De Cannes sort maintenant au cinéma ce mercredi 4 octobre.

Nouveau film de Thomas Cailley, le réalisateur de Les Combattants, Le Règne Animal imagine une nouvelle épidémie qui transforme progressivement en animaux les personnes atteintes. Frappant totalement au hasard certains et les transformant en différents animaux sans que l’on sache trop pourquoi ni comment. Cette maladie a touché la compagne de François parent d’Émile, un ado bientôt adulte. Alors qu’elle doit rejoindre un centre spécialisé dans le Sud de la France, le père et le fils décident aussi d’emménager dans la région mais durant le transfert des malades leur bus est victime d’un accident de la route suite aux intempéries, laissant ces créatures perdues dans la foret. Persuadé que sa compagne est encore en vie, François va alors tout mettre en  œuvre pour la retrouver sans se rendre compte qu’Émile est à son tour frappé par la maladie.

Le Règne Animal

Le Règne Animal est une histoire originale imaginé par le réalisateur Thomas Cailley d’après une idée de scénario de la jeune scénariste Pauline Munier encore étudiante à la FEMIS. C’est avec elle qu’il a écrit le scénario de ce nouveau long métrage basée sur la même idée d’hommes se transformant en animaux. L’aspect fantastique de ce récit n’est cependant pas le principal enjeu du film. Le Règne Animal se focalise avant tout sur le personnage du jeune Émile qui a dû grandir et traverser la période difficile de l’adolescence en l’absence de sa mère dont il a vécu la lente transformation en animal sans rien pouvoir y faire.  Un véritable traumatisme qui a fait de lui un jeune homme instable et mal dans sa peau. Comme une allégorie de la transformation du corps que doit traverser tout ado, la sienne sera celle de la transformation en une sorte de loup qu’il tentera de cacher à son père et à ses proches.

Le réalisateur Thomas Cailley prendra un peu trop de temps à dérouler son intrigue et ses personnages sans que l’on sache vraiment ce qu’il veut bien nous raconter. Alors que le développement finira par se montrer vraiment intéressant, le cinéaste viendra cependant tout gâcher avec une dernière partie qui tourne un peu au grand n’importe quoi à vouloir subitement intégrer de l’action au récit. Le Règne Animal est cependant sauvé par d’impressionnants effets spéciaux mêlant à la perfection effets physiques et digitaux. Une prouesse rarement vue dans un film français. Thomas Cailley n’hésite pas par moment à flirter avec le genre du « Body-Horror » en filmant en gros plans bien dégoutants des blessures et cicatrices. A coté de ses quelques images difficiles à supporter, d’autres images de ces créatures fantastiques ne manqueront pas de poésie.

Le Règne Animal

Le Règne Animal aurait presque pu se passer de ses têtes d’affiche. Sans rien reprocher à sa prestation tout en émotion, le choix de Romain Duris pour jouer le rôle du père d’un grand adolescent ne colle pas vraiment à l’image que l’on peut avoir de l’acteur même s’il incarne ici un paternel à la cool et aux grandes convictions, militant contre la mal bouffe et l’abrutissement des masses. Le plus surprenant reste tout de fois le choix d’Adèle Exarchopoulos dans le rôle très secondaire d’une gendarme qui ne demandait pas forcement une actrice de ce niveau vu le peu de chose qu’elle a à défendre.

La prestation du jeune Paul Kircher, révélé récemment par son rôle dans Le Lycéen de Christophe Honoré prouve bien que Le Règne Animal pouvait très bien reposer sur de jeunes révélations.  Son naturel apporte beaucoup à ce rôle d’adolescent perdu. Il y aussi la jeune Billie Blain touchante dans le rôle d’une camarade de classe d’Émile. Sans oublier non plus Tom Mercier, héros du récent La Bête Dans La Jungle, à peine reconnaissable avec son visage bandé mais qui délivre une incroyable performance d’homme-oiseau aussi effrayant qu’émouvant dans sa transformation.

Le Règne Animal

Il y a entre autres un peu de Spielberg et de Miyazaki parmi les influences parfaitement digérés par Le Règne Animal. Un conte fantastique et dramatique qui mériterait une bonne place dans les nominations aux César pour son originalité dans le paysage cinématographique français. Non seulement pour ses effets spéciaux d’un niveau rarement vu par chez nous mais aussi pour la prestation de ses comédiens qui se sont visiblement beaucoup impliqués pour la réussite de ce long métrage à ne pas manquer.

MON AVIS :
4/5

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