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ROSALIE de Stéphanie Di Giusto [Critique Ciné]

Rosalie de Stéphanie Di Giusto

Nadia Tereszkiewicz ose se laisse pousser la barbe pour la romance militante Rosalie.

Allez savoir pourquoi des siècles de diktat patriarcal ont fait que les femmes sont obligées de se débarrasser de quasiment toute pilosité ? Si l’évolution des mœurs voudrait que de nos jours cela devienne mieux toléré, vous trouverez encore certainement peu d’hommes prêts à tomber amoureux d’une femme à barbe. Alors imaginez bien ce que cela pouvait être au 19eme siècle. C’est ce que nous découvrirons dans Rosalie, le nouveau long métrage de  la réalisatrice Stéphanie Di Giusto.

Inspirée de l’histoire vraie de la célèbre femme à barbe Clémentine Delait dont la réalisatrice n’a gardé que les poils et le travail dans un café. Rosalie est une jeune femme obligée de cacher la pilosité excessive dont elle souffre dans l’espoir de trouver un mari. Souvent rejetée, son dernier espoir réside en Abel, un cafetier criblé de dettes séduit avant tout par la dot promise pour ce mariage que par la jeune femme en elle-même. Ne l’ayant jamais rencontré auparavant, ce n’est que lors leur nuit de noce qu’il verra pour la première fois les poils qui couvrent la poitrine de sa nouvelle épouse. Se sentant véritablement trahit en découvrant le pot au rose, il rejettera l’amour de la jeune femme mais continuera cependant à vivre avec.

Rosalie de Stéphanie Di Giusto

C’est dans l’espoir d’aider son mari à rembourser ses dettes que Rosalie décidera pour un pari avec un client de laisser pousser librement sa barbe comme les monstres de foire qui remportent un franc succès à Paris. Au lieu d’être rejeté par les habitants du village, tout le monde commencera alors à fréquenter le café mais cela ne sera pas au gout de tout le monde et même Abel aura toujours bien du mal à accepter la vraie nature de Rosalie.

Décrit comme une histoire d’amour, Rosalie est avant tout un long métrage féministe sur une femme qui ose s’affirmer dans une époque ou cela n’était pas permis. En s’assumant telle qu’elle est vraiment, Rosalie vivra enfin pleinement sa vie, n’en déplaise aux grincheux. Face à cela son mari ne pourra qu’être témoin de cette évolution en arrivant toujours difficilement à accepter de s’être fait duper.

Rosalie de Stéphanie Di Giusto

Rosalie est une romance qui pousse à voir au delà de l’apparence physique pour trouver la beauté intérieure. Car derrière sa pilosité excessive, Rosalie est une jeune femme avec les mêmes aspirations que les autres. Nous pourrons tout de même comprendre les réticences d’Abel tant cette barbe et ces poils sur le corps ne la rendent vraiment pas attirante malgré toute sa gentillesse. Nous pourrons même y voir une sorte d’inversion des rôles où ce cafetier imberbe deviendrait presque la femme et Rosalie l’homme. S’installant très tardivement, leur romance paraitra assez improbable tant elle était mal partie.

Apres son César de la révélation féminine, Rosalie devrait sans nul doute ouvrir la voie à  celui de meilleur actrice pour Nadia Tereszkiewicz. Déjà bien rodé à ce genre de rôles classiques Benoit Magimel se montre un très bon choix pour incarner ce cafetier marqué par ce qu’il a vécu à la guerre. La réalisatrice Stéphainie Di Giusto semble avoir voulu intégrer ses chanteurs et chanteuses préfères en intégrant au casting Benjamin Biolay en bourgeois régnant sur la région et Juliette Armanet en prostituée confidente d’Abel. Rosalie aura pour principal rival Guillaume Gouix jaloux en seul barbu du village qui semble ne pas vouloir se faire piquer la place par une femme. Gustav Kerven ne fera malheureusement que de trop brèves apparition dans le rôle du père de Rosalie.

Portrait d’une femme qui se libère et s’assume enfin, Rosalie parait plus être film militant très réussi sur la place de la femme dans la Société que la romance qu’on voulait nous vendre. D’un classicisme qui lui donne toute sa chance aux Césars, ce film offre à Nadia Tereszkiewicz l’opportunité bien méritée de décrocher au moins une nomination pour celui de la meilleure actrice mais nous la préférons tout de même sans la barbe.

MON AVIS :
3/5

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Rosalie

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Nadia Tereszkiewicz ose se laisse pousser la barbe pour la romance militante Rosalie.

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