VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT de Ariane Louis-Seize [Critique Ciné]
Avec ses allures de graphic novel, Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant casse les codes du film de vampires traditionnel.
Avec un titre tel que Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant, le spectateur un brin curieux sera forcement interpellé par une proposition aussi curieuse. D’autant plus que la bande annonce promet une histoire décalée ne manquant visiblement pas d’humour. Autant de bonnes raisons de se laisser séduire par le premier film de la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize récompensé à la Mostra de Venise et déjà remarqué dans de nombreux festivals.
Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant commence lors de la fête d’anniversaire de la jeune Sasha. En dehors du titre du film, rien ne laisserait présager alors que nous sommes devant une famille de vampires vivant tout simplement dans un petit pavillon qui n’a rien de la demeure gothique habituelle. Nous découvrirons leur vraie nature lorsque le clown convié à cet anniversaire va en fait être offert à la fillette en guise de première victime sur laquelle se faire les dents. Sauf que contrairement aux autres membres de sa famille, Sasha refuse de tuer un innocent pour se nourrir.
Passé ce prologue, nous la retrouverons adolescente de 68 ans, toujours avec les mêmes convictions, se nourrissant uniquement de poches de sang collectées par ses parents qu’elle boit à la paille. Cependant, en voyant le jeune Paul cherchant à se suicider depuis le toit du bowling ou il travaille, Sasha va voir ses crocs de vampires sortir pour la première fois. Réprimant cette pulsion, elle finira par retrouver par hasard le jeune homme dans une réunion de suicidaires quelques jours plus tard. C’est après cette réunion qu’ils finiront par faire vraiment connaissance et que Paul se portera volontaire pour devenir la première victime consentante de Sasha. Mais même comme ça, ce ne sera pas évident pour la jeune femme de passer à l’action.
Même si ce n’est pas le cas, Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant donne vraiment l’impression d’être une adaptation d’un roman graphique. Paul, le jeune suicidaire joué par Félix-Antoine Bénard a des traits de visage qui lui donnent vraiment l’impression d’être un personnage de cartoon. Quand à la vampire Sasha interprétée par Sara Montpetit, elle ressemble vraiment à une héroïne de Tim Burton. Bien que parfois trop sombre, la direction photo est très soignée ajoutant à l’ambiance de cette comédie noire et sanglante aux décors et effets gores très réussis.
Très soigné visuellement, Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant pêche malheureusement un peu par son scénario qui paraitra n’être que le prologue d’une histoire qui aurait pu être bien plus développée. Il y aurait largement de quoi imaginer toute une série autour de ce couple pas comme les autres et de cette famille de vampires haute en couleur dont nous ne pourrons qu’imaginer la suite des aventures dans notre tête. Les dialogues en québécois très inspirés et le talent de l’ensemble des seconds rôles contribuent beaucoup à l’humour très décalé de ce longs métrage.
Bien qu’assez originale, cette histoire de vampire qui refuse de tuer n’est pas tout à fait nouvelle puisqu’elle était déjà au cœur d’Entretien Avec Un Vampire dont le héros Louis préférait boire du sang de rat que tuer un humain. Il y a aussi un peu de Morse dans la relation particulière entre Sasha et Paul et de What We Do In The Shadows dans cette famille de vampires hors normes mais le mélange est si réussi que Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant est un film vraiment prometteur pour le reste de la carrière de la réalisatrice Ariane Louis-Seize.
Comédie vampirique très réussie, Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant n’est pas fait pour effrayer mais pour passer un moment bien délirant devant cette romance adolescence entre deux personnages atypiques. Les fans de Tim Burton et de What We Do In The Shadows ne devraient pas passer à coté de ce long métrage qui restera l’une des véritables curiosité de l’année.
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