BLUE GIANT de Yuzuru Tachikawa [Critique Ciné]
L’adaptation au cinéma du manga Blue Giant mérite d’être découverte par tous les mélomanes et fans d’animation.
Comme cela est bien dit dans le film, le jazz est une musique apprécié de peu de personnes de nos jours. Mais dans un pays comme la France considéré comme le second plus gros consommateur de mangas comment expliquer que nous n’étions que deux spectateurs à la séance de 14h de Blue Giant au Pathé La Villette ? Si ce n’est pas une série populaire comme One Piece ou Demon Slayer rares sont en fait les prétendus fans de manga à aller découvrit tout ce que peut proposer de plus varié l’animation japonaise. Ils risquent pourtant de passer à coté d’un des meilleurs film d’animation japonais que nous pourrons voir cette année en France. Blue Giant dépasse même le cadre de la japanimation et pourrait largement séduire tous les mélomanes et tout ceux qui avaient aimé le Whiplash de Damien Chazelle, voir même ceux qui auront préféré aller voir Bolero qui sort aussi ce 6 mars 2024.
Blue Giant est à l’origine un manga écrit et illustré par Shinichi Ishizuka qui avait débuté sa carrière avec un manga d’alpinisme nommé Vertical avant de consacrer le reste de sa carrière à cette grande saga musicale. Son adaptation au cinéma est l’œuvre du réalisateur Yuzuru Tachikawa qui a imaginé la série animée Death Parade avant de réaliser deux des dernières aventures de Detective Conan au cinéma.
Blue Giant raconte l’histoire de Dai Miyamoto, un jeune saxophoniste de 18 ans qui depuis trois ans répétait inlassablement au bord d’une rivière dans sa petite ville de Sendai avant de partir à Tokyo pour se lancer officiellement dans la musique. En se rendant à un concert, il fera la connaissance de Yukiniro, un pianiste émérite qui acceptera de former un groupe avec lui comme tremplin pour leurs carrières respectives. Ayant besoin d’un batteur, ils enrôleront Shunji l’ami d’enfance de Dai qui l’héberge à Tokyo et qui a décidé subitement de se mettre à la batterie après avoir découvert le talent de son ami. Ensemble il se donneront pour objectif de jouer au So Blue, le plus grand club de jazz de Tokyo avant leur vingt ans.
Fidèle aux dessins du manga de Shinichi Ishizuka, le design des personnages pourra surprendre au premier abord ceux qui ne l’ont jamais lu car le héros Dai comme son ami Shunji ont vraiment plus des physiques de sportifs que de musiciens. Leur silhouettes sont souvent renforcé par des traits dynamiques qui leur donne presque des allures de boxeurs. Il faudra même parfois être bien attentif pour les distinguer l’un et l’autre car ils se ressemblent beaucoup. Le reste des personnages dont le pianiste Yukiniro ont des traits plus fins et les quelques personnages féminins malheureusement trop rares et très secondaires sont vraiment jolis.
Ce qu’apporte avant tout cette première adaptation animée de Blue Giant c’est bien évidemment la musique ! Il est même difficile d’imaginer ce qui a pu faire le succès de ce manga sans cet élément sonore pourtant crucial. Omniprésente dans le film, y compris parfois pour donner plus de puissance aux dialogues, elle se compose bien sur avant tout de morceaux de jazz mais aussi de partitions plus traditionnelles de musique de film absolument sublimes. Il faudra bien sur avant tout ne pas être allergique au saxophone. Un instrument agréable lorsqu’il se mélange aux autres instruments mais qui peut se montrer plus pénible lorsqu’il part dans des improvisation en solo. Bien qu’au centre du film, nous serons facilement bien plus séduit par les parties de piano et de batterie.
Pour en revenir à l’aspect technique, il faut bien admettre que Blue Giant montre quelque fois quelques faiblesses dans sa réalisation. Quelques rares dessins donnent une impression parfois un peu carré et bâclées de nos héros. Mais surtout c’est dans son utilisation d’effets 3D toujours aussi mal réalisés que dans une bonne majorité de films d’animation japonais que le film peut parfois décevoir. Pour donner plus de dynamisme aux performances des musiciens, le film cumule des techniques de rotoscopie et de motion capture 3D qui dénotent avec le reste de l’animation traditionnel du film bien plus réussie. Les décors et les effets lumineux sont souvent très beau et certains plans vraiment superbes et imaginatifs.
Bien mieux que la majorité des biopics de célèbres musiciens qui sortent ces derniers temps en suivant la meme trame. Blue Giant arrive vraiment à nous émouvoir en retraçant l’ascension de ses trois jeunes talentueux musiciens dont la progression est coupée régulièrement d’image comme issu d’un documentaire réalisé bien plus tard qui montre qu’ils sont devenus des grands du Jazz. D’une durée de deux heures, assez rare pour un film d’animation, nous n’aurons pas l’occasion un seul instant de nous ennuyer devant cette merveilleuse histoire. Cette durée permet au contraire de laisser une grande place à la musique avec de longue scène laissant pleinement apprécier le talent des trois jeunes prodiges. Le point d’orgue étant bien sur la performance finale envoutante aussi bien musicalement que visuellement. C’est la larme aux yeux que nous sortiront de cette merveilleuse histoire dont nous espérons bien voir la suite adaptée également au cinéma.
Que vous soyez fan d’animation ou tout simplement mélomane, il est impossible de manquer la sortie au cinéma de Blue Giant. Un grand film musical tout aussi réussi que le Whiplash de Damien Chazelle qui vous enchantera par sa musique et son histoire. Une œuvre à découvrir en famille pour ouvrir les horizons musicaux des plus jeunes qui ne manquera de vous émouvoir et de séduire les oreilles de tout fans de musique. Après deux films Detective Conan très conventionnels le réalisateur Yuzuru Tachikawa entre dans la cours des grands avec ce Blue Giant.
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