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EN ATTENDANT LA NUIT de Céline Rouzet [Critique Ciné]

En Attendant La Nuit

Nouvelle tentative de film de genre à la française En Attendant La Nuit est loin d’être la réussite annoncée.

Vainqueur du Prix du Jury au dernier Festival Fantastique de Gerardmer et portant sur son affiche une accroche qui le compare à Morse, tout donner envie à n’importe quel amateur de films de vampires d’aller découvrir En Attendant La Nuit. Mais en cherchant à se distinguer par un aspect plus dramatique qu’horrifique le premier film de fiction de la réalisatrice Céline Rouzet est un ratage complet tant il souffre de la comparaison avec bien d’autres films récents qui ont exploré cette même veine.

Commençant par les cris d’une mère en train de souffrir le martyre en accouchant, En Attendant La Nuit montrera tout de suite que  c’est d’un sorte de monstre mordant le sein de sa mère jusqu’au sang en allaitant à qui elle a donné naissance. Apres un générique de route qui défile volé directement au Lost Highway de David Lynch, le film fait un saut dans le temps de dix sept ans. Maintenant adolescent, le jeune Philémon a vécu jusque là de manière la plus discrète possible avec ses parents et sa petite sœur. Seul vampire dans la famille, il a fini par les épuiser à devoir se cacher en permanence et en le nourrissant de perfusions de sang donné par sa mère. Souhaitant reprendre une vie à peu près normale, ils ont décidé de s’installer dans un petit village de montagne.

En Attendant La Nuit aurait pu être un bon film s’il ne sortait pas après autant de films qui ont déjà exploré le parallèle entre l’adolescence et des pulsions monstrueuses comme Grave ou Le Règne Animal. Le long métrage de Céline Rouzet a surtout le malheur de sortir deux mois après le très réussi Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant à qu’il fait beaucoup penser. Mais là ou ce film québécois avait le mérite de ne pas se prendre au sérieux, c’est très sérieusement que la réalisatrice Céline Rouzet nous sert son histoire. Grand mal lui a pris car cette novice en la matière venue directement du documentaire n’a clairement aucun talent pour l’écriture de dialogues. 

Sans avoir les bonnes références, Céline Rouzet  a beau vouloir surfer du mythe du vampire, elle semble malheureusement plus inspirée par la saga Twilight que par le Dracula de Bram Stoker ou Les Chroniques des Vampires d’Anne Rice. Nous pourrons d’ailleurs nous interroger sur les influences de la réalisatrice qui nous parle de L’Exorciste de William Friedkin et utilise un extrait de La Nuit Des Morts Vivants de George A. Romero aujourd’hui tombé dans le domaine public, au lieu d’utiliser le Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau qui aurait été plus à propos. 

Alors que le vampire est généralement un être quasi-immortel doté d’une force herculéenne et de pouvoirs spéciaux, Céline Rouzet a au contraire fait du vampire d’En Attendant La Nuit une sorte d’handicapé en marge de la société à cause de sa différence. Si c’est cela qui a probablement touché le jury du Festival Fantastique de Gerardmer, il fallait vraiment avoir lu le dossier de presse pour comprendre ce parallèle improbable entre vampire et handicapé en voyant le film. C’est d’après les problèmes rencontrés par son frère handicapé qu’elle a eu l’idée de ce parallèle maladroit.

Avec son tient blafard, ses cernes et ses joues creuses, il est étonnant que le jeune Philémon joué par Mathias Legoût Hammond ne soit jamais traité de vampire par la bande de harceleurs même lorsqu’il sucera le sang de la belle mais un brin nunuche Camila jouée par Céleste Brunnquell. Élodie Bouchez habituée déjà aux nanards horrifiques depuis Promenons Nous Dans Les Bois est assez risible dans le rôle de cette mère de famille et infirmière qui fait vraiment n’importe quoi dans le centre de prélèvements de sang où elle a été embauchée. D’ailleurs pourquoi réquisitionner à l’année une salle communale pour tirer du sang à tous les habitants de cette petite ville et ne pas avoir la bonté d’offrir un petit truc à manger à un pauvre SDF affamé ? Quand au rôle du père il est ridiculisé par le choix de l’acteur Jean-Charles Clichet plus taillé pour les rôles d’idiots dans des comédies.

C’est à se demander si le jury du Festival Fantastique de Gérardmer n’a pas fait preuve de chauvinisme en récompensant En Attendant La Nuit, pale copie de tant de réussites du genre. En voulant aborder le mythe du vampire autrement, la réalisatrice Céline Rouzet démontre clairement ses lacunes en cinéma fantastique dans un film qu’aucun fan du genre ne pourra trouver réussi.

MON AVIS :
1/5

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