LA PETITE SIRÈNE de Rob Marshall [Critique Ciné]
LA PETITE SIRÈNE de Rob Marshall [Critique Ciné]
C’est au tour de La Petite Sirène de subir un véritable massacre dans une nouvelle adaptation live aussi ratée que les précédentes.
Pouvons nous encore espérer voir un jour une adaptation live réussie d’un des classiques de l’animation de Disney ? Après les récents Mulan, Pinocchio et Peter Pan & Wendy dont la médiocrité leur a valu une sortie directe sur Disney+, la sortie sur grand écran de l’adaptation live de La Petite Sirène pouvait nous laisser croire que Disney avait cette fois ci vu les choses en grand. Autant vous le dire tout de suite, ce n’est malheureusement pas le cas et vous pourrez largement attendre qu’il finisse sur la plateforme plutôt que de dépenser de l’argent pour une place de cinéma.
Précédée d’une polémique sur le choix d’Halle Bailey, actrice et chanteuse noire, pour incarner Ariel, là où elle avait les traits d’Alyssa Milano dans le dessin animé, ce n’est clairement pas le problème de cette adaptation live. La vérité est en fait qu’il n’est juste pas possible de rester fidèle à ce grand classique de l’animation dans un film live car ce qui pouvait fonctionner dans un dessin animé ne parait tout simplement pas crédible dans un long métrage qui se veut plus réaliste. Résultat c’est encore toute la fantaisie, la magie et une bonne partie des émotions qui manquent cruellement à cette nouvelle version de La Petite Sirène. Pourtant réalisé par Rob Marshall qui avait déjà eu affaire aux sirènes dans Pirates Des Caraïbes : La Fontaine De Jouvence, il y a de quoi se demander ce que le réalisateur a réellement apporté à ce long métrage tant nous l’avons connu bien plus talentueux qu’ici.
Difficile de croire que c’est le même studio qui a produit Avatar : La Voie De L’Eau qui n’a même pas pu profiter des effets spéciaux spécialement créé par James Cameron pour les scènes sous marines de La Petite Sirène. Il est ici flagrant que le long métrage n’a pas été tourné dans des bassins mais sur fond bleu. Les personnages bougent sans donner l’impression d’être immergé car l’eau autour d’eux ne suit jamais leurs mouvements alors que c’était beaucoup mieux fait dans le dessin animé. Si dans un film d’animation, cela ne nous a pas étonné de voir des sirènes et des animaux parler tranquillement sous l’eau comme s’ils étaient à l’air libre, cela paraît beaucoup moins crédible en live. D’autant plus lorsqu’Ariel discute cinq minutes sous l’eau avec une mouette !
Pointé du doigt dès la première bande annonce, l’esthétique de cette nouvelle version de La Petite Sirène est particulièrement vilaine. Non seulement, le film n’arrive même pas à reproduire les décors du film comme le Palais du Roi Triton où la ville du Prince Eric mais surtout tous les amis animaux d’Ariel sont particulièrement vilains voir même malaisants par rapport à ceux du dessin animé. Quand on voit le nouveau Sebastian ou Polochon, il y a de quoi se dire que Disney n’a pas envie de vendre des produits dérivés tellement ils sont glauques. Le summum de cette horreur est la scène pourtant culte de la chanson « Under The Sea » aux atroces couleurs flashy et aux effets spéciaux juste immondes. Pour un film destiné avant tout aux jeune public, ce sont curieusement les scènes les plus inquiétantes et sombres d‘Ursula qui sont les plus réussies même si l’affrontement final déçoit par son manque d’éclairage.
Autre problème du film, à vouloir se la jouer « United Colors Of Benetton » en réunissant des acteurs de toutes origines, Disney va jusqu’à défier les lois de la génétique. Car Ariel noir de peau a des sœurs caucasienne, asiatique, indienne, latino toutes pourtant du même père aux origine hispanique et de la même mère aujourd’hui disparue dont on ne verra même pas un portrait. C’est à se demander pourquoi les scénaristes ont bien précisé qu’elles avaient la même génitrice alors que nous aurions très bien pu comprendre que Triton, en tant que Roi des Océans, aurait très bien pu avoir une femme aux quatre coins du globe ! Par dessus le marché, alors que les parents du Prince Eric sont absents du dessin animé, il a fallu ici que Disney en fasse ici le fils adoptif d’une reine noire ! Cette inclusion fait tellement forcée qu’elle est au final plus raciste que le film d’animation où tous les personnages étaient blancs.
Imaginons maintenant que nous puissions fermer les yeux sur ces problèmes pour nous focaliser sur l’histoire. Là encore il sera bien difficile de trouver des qualités à cette adaptation live de La Petite Sirène. Si le film suit assez fidelement la trame du dessin animé, l’intrigue semble traîner en longueur tant il manque les nombreuses touches d’humour qui donnait du rythme. Le long métrage se permet plus de liberté dans la seconde partie où Ariel est devenue humaine, en modifiant des scènes entières et en supprimant la séquence pourtant culte et hilarante du cuisinier français jugée trop cartoon pour être adaptable alors qu’elle aurait pu largement être réarrangée comme n’importe quelle autre séquence.
Il serait vraiment injuste de blâmer l’actrice Halle Bailley pour le naufrage de cette adaptation live. Elle a en effet tout le talent et la beauté pour interpréter brillamment Ariel et ses chansons. Malheureusement elle n’est pas aidé par la mise en scène du film. Là où l’Ariel du dessin animé était encore très expressive lorsqu’elle perdait sa voix, celle du film se montre elle totalement éteinte comme si le fait d’être muette l’empêcher de s’exprimer avec ses gestes ou même ses expressions. Elle n’est aussi pas aidée par sa coiffure de clocharde mélange de dreads et de cheveux lisses bien loin du brushing impeccable de La Petite Sirène animée.
Au final ce sont vraiment Javier Bardem en Roi Triton et Melissa McCarthy en Ursula qui se montreront les plus impeccables dans ce long métrage. L’acteur a clairement le charisme nécessaire pour jouer cet imposant Roi Des Océans tandis que l’actrice se montre parfaitement drôle et cruelle pour incarner la grande méchante. Nous ne pouvons pas en dire de même pour l’acteur Jonah Hauer-King totalement insipide dans le rôle du prince charmant Eric terriblement caricatural et creux.
Mais pourquoi Disney a t’-il développé une telle haine pour ses grands classiques pour les massacrer ainsi un par un par avec des adaptations live toutes plus ratées les unes que les autres. On voit clairement la catastrophe lorsque des financiers remplacent les créateurs à la tête d’un studio. Une fois de plus, épargnez s’il vous plait ce spectacle infamant à vos chers enfants et allez plutôt vous abonner à Disney+ pour leur montrer le dessin animé qui devient encore plus culte et réussi quand on le compare à ce naufrage.
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