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LE CONSENTEMENT de Vanessa Filho [Critique Ciné]

Le Consentement

Témoignage choc de la terrible emprise de l’écrivain Gabriel Matzneff sur Vanessa Springora, le livre Le Consentement est maintenant adapté dans un film qui fera certainement beaucoup parlé de lui.

Il y a une époque pas si lointaine ou des écrivains pouvaient se vanter dans leurs livres, en Société ou même sur les plateaux de télé de leurs ébats sexuels avec des enfants sans que cela ne semble quasiment choquer personne. Une pédophilie excusée au nom de l’art qui ne pourrait heureusement clairement plus passer de nos jours grâce au mouvement de la libération de la parole. Vanessa Springora est peut-être parmi les premières à avoir osé lever le voile sur ce que lui a fait vivre l’écrivain multirécompensé Gabriel Matzneff dans son livre choc Le Consentement près de vingt ans après les fait. Un témoignage choc qui devient aujourd’hui un film réalisé par Vanessa Filho tout aussi percutant que le fût le livre à sa sortie en 2019.

C’est pour découvrir cette relation très particulière entre Gabriel Matzneff et Vanessa Springora mais aussi pour comprendre ce qui a pu pousser cette jeune fille de quatorze ans dans les griffes de ce pédophile avéré qui nous incite à aller découvrir le long métrage de Vanessa Filho entre drame et thriller psychologique. Fille d’une éditrice au père absent, Vanessa a tapé dans l’œil de Gabriel Matzneff lors d’une soirée. Agée alors d’à peine treize ans, la jeune fille a rapidement été séduite par les nombreuses déclarations enflammées que l’écrivain ne va pas cesser de lui l’envoyer par la suite jusqu’à accepter une premier rendez vous.

Le Consentement

Gabriel Matzneff a peut être été un jour vraiment séduisant comme il le prétend sans cesse mais à cinquante ans passé ce beau parleur imbu de lui même n’est plus qu’un chauve vieillissant aux longs doigts qui fait beaucoup penser à Nosferatu. Comme le célèbre vampire, il a une sorte de charme envoutant qui semble séduire les femmes malgré son apparence. Le voir danser devant Vanessa dans une sorte de parade amoureuse grotesque lors de leur première rencontre parait vraiment ridicule mais pourtant elle ne semble curieusement pas laisser indifférente la jeune adolescente qui parait déjà sous le charme. Elle même ne semble pas vraiment comprendre ce qu’elle fait là et pourquoi elle se laisse ainsi faire sans aucune pression ni violence de la part de l’écrivain qui la berce simplement de douces paroles.

C’est là que réside le mystère de cette relation car Gabriel Matzeff est un vrai malade qui ne s’intéresse pas à l’adolescente parce qu’elle est en train de devenir une jeune femme prête à découvrir l’amour. Ce qui l’intéresse est sa jeunesse et son apparence qui reste encore celle d’une jeune enfant. A l’âge des premiers émois, ce n’est certainement pas une attirance physique qui a dû pousser Vanessa à entretenir cette relation avec l’auteur mais bel et bien une attirance intellectuelle qui lui a donné l’impression de devenir une vrai femme plus mature que ces camarades de classe. Une relation auquel sa mère commencera par s’opposer avant de donner l’impression de la jalouser. C’est ici que l’on voit bien la différence entre les femmes et les hommes qui n’ont clairement pas les mêmes attentes dans une relation.

Le Consentement

Très loin de son rôle de Jeff Tuche, Jean-Paul Rouve est glaçant dans le rôle du pervers Gabriel Matzneff qu’il interprète comme une sorte d’Hannibal Lecter, le tueur en série du Silence Des Agneaux. Le rôle de Vanessa Springora est tenu par Kim Higelin alors âgée de 22 ans mais qui parait aisément n’en faire que quatorze tant elle arrive a jouer la jeune adolescente fragile et paumée. Le choix d’une actrice majeure a forcément faciliter le tournage des nombreuses scènes d’amour mais était-il vraiment nécessaire de nous montrer son corps dénudé là où une simple suggestion aurait largement suffit pour dénoncer l’ignominie de cette relation. Cela donne au contraire un aspect érotique au film qui fera plaisir aux pédophiles qui espérait pouvoir se rincer l’œil. Nous pourrons trouver Jean-Paul Rouve un brin hypocrite en exprimant son dégout d’avoir du passer simplement son doigt de manière fugace sur la joue d’une véritable actrice de seize ans lors d’une scène quand on le voit sans peine simuler l’amour à de multiple reprises avec une actrice de vingt deux ans qui n’en parait que quatorze.

Lorsque nous aurons compris la nature de cette relation, le reste du film pourra nous sembler assez long et répétitif. Il manque à ces images les pensées de la jeune Vanessa certainement mieux décrite dans son livre. Il faudra souvent ici tenter de les deviner ou de les comprendre à travers les images rendant le message moins violent certainement que les mots de l’auteur. Cela permettra certainement de relancer les ventes du livre mais risque aussi de pousser certains lecteurs a vouloir lire les romans et journaux abjects de Gabriel Matzneff, heureusement désormais interdit à la vente. Alors que l’écrivain est enfin poursuivi pour son comportement, le film n’a clairement pas été conçu comme une charge contre lui car s’il a clairement manipulé la jeune fille encore naïve usant parfois d’une véritable violence psychologique, il a cependant toujours laissé faire les choses naturellement sans aucune violence physique démontrée.

Le Consentement

Toute l’ambiguïté de cette histoire vraie repose dans son titre Le Consentement. Comme Vanessa Springora qui avoue avoir été vraiment amoureuse de cet homme, la Société a longtemps rien à trouver à dire sur la pédophilie jamais masquée de Gabriel Matzneff. Alors qu’il n’a visiblement jamais rien forcer dans cette relation, ce sera aux spectateurs de juger ce pervers dont les actes les plus répréhensibles ne seront certainement jamais révélés. Trop personnel le livre comme le film ne pourront pas vraiment servir la cause de la libération de la parole mais permettra peut être à ce que l’on dénonce de manière systématiques tout actes de pédophilie.

MON AVIS :
2/5

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