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PRISCILLA de Sofia Coppola [Critique Ciné]

Priscilla de Sofia Coppola

Sofia Coppola trouve dans la vie de Priscilla Presley de quoi mettre en scène ses habituelles obsessions.

Absente du grand écran depuis son remake de Les Proies, Sofia Coppola fait enfin son retour avec Priscilla. Un biopic consacrée à la mythique histoire d’amour entre Elvis Presley et Priscilla qui lui permet d’aborder à nouveau les thèmes habituels à toute sa filmographie. Récompensé à la Mostra de Venise pour la performance de de son actrice principale, ce nouveau long métrage avait de quoi être le premier événement cinématographique de 2024 mais les retrouvailles tant attendues  avec la réalisatrice s’avèrent au final bien décevantes .

Priscilla commence par une scène qui devrait réjouir les fétichistes des pieds comme Quentin Tarantino. Un gros plan des petits petons aux ongles vernis de la jeune femme marchant sur une épaisse moquette rose, de quoi se croire dans un nouveau film Barbie. Mais de manière plus dérangeante, Priscilla semble légitimer cette relation entre Elvis Presley et une fille d’à peine 14 ans qui ne semblait ne pas créer de véritables scandale à l’époque mais qui parait en 2024 vraiment problématique .

Priscilla de Sofia Coppola

Autant le dire tout de suite, ce Priscilla n’est pas un film pour les fans d’Elvis qui ont déjà eu de quoi se contenter avec le film de Baz Luhrmann. Priscilla met au contraire en lumière tous les aspects négatifs de celui que l’on surnomme le King. Était-il vraiment nécessaire de mettre dans la sauce de l’ère #MeToo un chanteur dont le comportement ne gênait personne a l’époque. Cette petite Priscilla semble avoir d’ailleurs avoir été donné en pâture en chanteur par un couple d’amis qui avaient l’air bien au courant du gout pour la chair fraiche d’Elvis.

C’est alors qu’il faisait son service militaire en Allemagne qu’il a eu le coup de foudre pour cette adolescente texane fraichement débarquée dans le pays suite a la mutation de son père. Le soignant de son mal du pays et le consolant de la perte de sa mère, ils entretiendront une relation qui durera jusqu’à son retour aux U.S.A. Deux années passeront avant qu’il lui propose de venir vivre à Graceland. Si Priscilla faisait alors bien des jalouses parmi ses camarades de classe, son rêve va tourner court. Car si Sofia Coppola s’est intéressé à cette histoire c’est que la réalisatrice y retrouve ses obsessions habituelles de parents autoritaires, d’enfermement, de solitude et d’ennui. Car une fois à Graceland, Priscilla se retrouvera livrée à elle-même comme prise au piège dans cette tour d’ivoire où elle trainera son spleen en attendant inlassablement le retour de tournage ou de tournée d‘Elvis sans jamais pouvoir participer à la vie public de la star.

Priscilla de Sofia Coppola

Ce biopic sur Priscilla donne vraiment l’impression qu’elle n’a jamais rien fait de sa vie en dehors de donner vie à leur fille Lisa Marie. À travers la vie de la jeune femme, le film montre avant toutes les tares d’Elvis, jaloux, possessif, accroc aux pilules et autres substances, influençable, macho, infidèle. Il ne semblait voir en Priscilla qu’une sorte de poupée tandis qu’il prenait du bon temps avec toutes les femmes fatales d’Hollywood. Si vous espériez tout savoir de la vie de Priscilla, vous serez déçu car c’est uniquement les années passées avec Elvis qui intéresse Sofia Coppola qui adapte ici le livre Elvis Et Moi qu’avait écrit Priscilla en 1985. Il faudrait une suite pour voir que c’est seulement après que Priscilla est vraiment devenue à son tour une star profitant de la notoriété de son ex-époux.

Apres Kirsten Dunst, Scarlett Johansson et Elle Fanning, Sofia Coppola a trouvé une nouvelle égérie en Cailee Spaeny. Impossible de résister à la mignonnerie de cette petite Lolita que la réalisatrice n’hésitera pas à érotiser dans de petite nuisettes sexy. Heureusement l’actrice a en réalité 25 ans mais passe très bien encore pour une jeune collégienne. Comme ses illustres prédécesseuses, elle porte vraiment le film à elle seule. Pour interpréter Elvis, la réalisatrice a porté son choix sur Jacob Elordi qui a tout le charisme nécessaire et n’aura même pas besoin de prouver les talents d’artiste du King dont les chansons se feront rares dans le film.

Priscilla de Sofia Coppola

En dehors de servir à ressasser ses thèmes habituels, l’utilité de ce biopic sur Priscilla reste encore à prouver. Comme elle, nous nous ennuierons ferme à attendre qu’il se passe enfin quelque chose. Au lieu d’un hommage à Priscilla, le film ressemble plus à un procès à charges contre Elvis dont les féministes pourront se servir pour tenter de « canceller » l’artiste. Autant revoir les premières œuvres de Sofia Coppola que de voir ce nouveau film qui copie en moins bien ce que nous avons déjà vu.

MON AVIS :
3/5

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