SAW X de Kevin Greutert [Critique Ciné]
Saw X tente un retour aux sources au risque de décrédibiliser l’infâme John Kramer.
Après un premier épisode qui avait fait date dans l’histoire des films d’horreur, la saga Saw était devenue une franchise lucrative qui avait pris l’habitude de sortir chaque année pour Halloween. Mais à force de suites qui donnaient l’impression de former une sorte de série TV dont nous ne pourrions voir qu’un épisode par an, la saga avait fini par ne plus intéresser grand monde. Revenu dix ans plus tard avec un huitième film baptisé Jigsaw qui n’apportait rien de nouveau, suivi d’une sorte de spin off Spirale : L’Héritage de Saw qui n’a pas intéressé grand monde, la saga revient aux origines avec un dixième épisode qui espérons le sera cette fois ci le dernier.
En faisant mourir Jigsaw, l’horrible serial killer à l’origine des pièges diaboliques dès le deuxième épisode, nous avions rapidement senti que les producteurs devaient regretter ce choix audacieux en rappelant souvent le tueur dans des flashbacks pour installer son héritage. N’ayant plus rien à raconter de ce coté là, les nouveaux scénaristes Josh Stolberg et Pete Goldfinger à l’origine du retour de le franchise ont décidé d’intercaler l’histoire de Saw X entre le premier et le deuxième épisode et c’est Kevin Greutert, monteur historique de la saga déjà à la barre de Saw VI et Saw 3D qui a été chargé de nous raconter cette histoire.
Si vous n’avez jamais vu un épisode de Saw, il serait vraiment dommage de commencer par celui ci tant il ne reflète pas la saga. Sans prendre la peine de nous faire un bref rappel des événements précédents, nous retrouvons John Kramer quelques mois avant sa mort. De plus en plus malade, il va penser pouvoir être sauvé par une méthode révolutionnaire opérée en toute clandestinité. Les choses ne se déroulant finalement pas comme prévues, Jigsaw va faire payer très cher ceux qui lui ont donné un faux espoir de guérison.
Avec un John Kramer aux portes de la mort, l’équipe du film n’a pas trouvé nécessaire de retoucher numériquement l’acteur Tobin Bell pour qu’il reprenne son rôle mythique alors que la différence d’âge est bien flagrante en comparant les films. D’habitude dans l’ombre, le psychopathe est cette fois ci au cœur de cette histoire omniprésent dans chacune des scènes. Au lieu de les laisser seul face au mystère de leur condition, Jigsaw restera encore trop présent lorsqu’il aura réuni ses victimes dans la même pièce, tuant tout mystère et suspense. La mise en scène donne même l’impression d’assister à une pièce de théâtre plutôt qu’à un huis clos angoissant.
Les scènes de pièges seront tellement rares dans Saw X qu’elles ne semblent pas faire parti du même film. De ce côté le réalisateur Kevin Greutert restera fidèle a la franchise dont certains épisodes ont été interdits aux moins de 18 ans. Il y va a fond dans le gore avec une perversité difficile à supporter tant cette violence parait gratuite. Ces nouveaux pièges reposant toujours sur le dilemme de se charcuter soi-même pour éviter la mort sont en plus assez simple et ne proposeront pas grand chose d’original dans leur exécution. Saw X fait clairement dans le fan service en faisant réapparaitre le pantin Jigsaw sur son tricycle de manière assez improbable. Le film voit aussi le retour de Shawnee Smith dans le rôle d’Amanda Young, l’assistante de Jigsaw.
Avec une réalisation digne d’un téléfilm ou d’un direct to vidéo, ce Saw X perd totalement l’aspect thriller horrifique de la franchise en prenant un temps considérable à dérouler son intrigue. Ce n’est vraiment que lorsqu’il aura réuni ses victimes dans la même pièce que les choses sérieuses commenceront. Si l’histoire se montre assez convaincante dans le genre pendant la majorité du temps, la dernière partie du film cherchera à nous étonner à la manière du premier film avec malheureusement deux twists successifs totalement improbables qui viendront totalement ruiner complétement ce Saw X.
Saw x se montre tout aussi inutile que la plupart des suites de la franchise. À faire de John Kramer pour la première fois le personnage principal de cette histoire, le film décrédibilise totalement le psychopathe que nous nous imaginions en montrant ce vieux monsieur au final très peu effrayant. Le manque d’originalité des pièges et l’absence de véritable suspense fera de ce dixième volet, clairement conçu pour appâter les fans de la franchise, un épisode vraiment très dispensable tant il n’apporte aucun éclairage supplémentaire à la saga.
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