ASTEROID CITY de Wes Anderson [Critique Ciné]
Wes Anderson aurait bien mérité la Palme D’Or pour son fantastique Asteroid City.
Si pour cause de pandémie, le précédent film de Wes Anderson, The French Dispatch s’était fait particulièrement attendre, c’est seulement un peu plus d’un an et demi plus tard que nous pouvons déjà découvrir son nouveau long métrage Asteroid City. Et même s’il a été à nouveau injustement oublié du palmarès du dernier Festival De Cannes, c’est pourtant un retour en grande forme qu’opère ici le cinéaste avec un hommage à la science fiction rétro des années 50 dans le style totalement absurde qui fait toujours notre bonheur.
Asteroid City c’est le nom du bled paumé en plein désert où se déroule cette nouvelle histoire. Baptisée ainsi parce qu’elle est construite autour d’un immense cratère d’astéroïde, la ville reçoit pour trois jours de festivités les passionnés d’astronomie et de petits génies en herbe. À la suite d’un événement inattendu perturbant le programme, citoyens comme invités vont se retrouver coincés dans la ville pour une période de quarantaine imposée par le gouvernement.
Nous découvrirons au début du film que cette ville est en fait le décor d’une pièce de théâtre en trois actes. Le long métrage commence en noir et blanc avec Bryan Cranston en narrateur qui va nous faire les présentations avec l’auteur de la pièce et les différents acteurs avant de repasser en couleurs pour le premier acte. Wes Anderson retrouve son acteur fétiche Jason Schwartzman auquel il offre le rôle principal du père d’un adolescent de génie et d’adorables fillettes venus à Asteroid City pour les festivités. Ils seront les premiers témoins des étranges événements qui se déroulent dans cette ville.
Avec Asteroid City, Wes Anderson semble repousser encore plus les limites de l’absurbe de son cinéma. Dans la lignée de The French Dispatch, le cinéaste semble définitivement délaissé l’idée d’un scénario traditionnel racontant une véritable histoire pour sa focaliser sur une ensemble de scénettes mettant en avant chacun des personnages hauts en couleurs qui se retrouvent dans la ville pour ces trois jours de festivités. De quoi surprendre les spectateurs qui ne seraient pas familier des œuvres du réalisateur mais aussi de quoi régaler les cinéphiles qui ne finiront par ne plus savoir sur quoi se focaliser entre la richesse de la mise en scène du film où chacun des plans pourraient une nouvelle fois faire un magnifique tableau mais aussi par la richesse des dialogues certes parfois complexes mais toujours très amusants.
Quoi de plus normal que Wes Anderson se décide à rendre hommage au théâtre avec Asteroid City tant il a réussi à former au fil de sa carrière une véritable troupe de comédiens fidèles que nous retrouvons de films en films dont la liste est trop longue pour être tous cités. Même parfois pour une simple apparition, les acteurs se bousculent toujours de plus en plus nombreux pour avoir la chance de participer à ses œuvres hors du commun. C’est qu’il en faut du talent pour garder son sérieux dans des plans séquences pourtant taillés à la perfection pour nous faire rire. Une absurdité permanente qui laissera la possibilité aux spectateurs d’interpréter librement chacune des scènes à sa guise.
Après avoir prêté sa voix à L’Ile Aux Chiens, Scarlett Johansson décroche ici le premier rôle féminin d’une actrice en bout de course. Vu tout jeune dans Moonrise Kingdom, Jake Ryan a tout pour devenir un des nouveaux acteurs fétiches du réalisateur avec son physique qui colle parfaitement aux œuvres du cinéaste. Ce n’est certainement pas pour rien qu’il a été choisi pour jouer le fils de Jason Schwartzman dont il est déjà clairement prêt à prendre le relève. C’est avec plaisir que nous verrons aussi Maya Hawke en institutrice, Steve Carrell en patron du motel, la valeur montante Hong Chau, Sophia Lillis dans un trop petit rôle et même un Tom Hanks quasi méconnaissable.
Là où The French Dispatch pouvait par moment nous ennuyer, Asteroid City nous réconcilie avec Wes Anderson très inspiré par son hommage au théâtre mais aussi au cinéma des années 50. Il y a de quoi être subjugué par la maîtrise visuelle du cinéaste et son talent de dialoguiste hors pair. A tel point qu’Asteroid City n’a même pas besoin de raconter une vraie histoire pour réussir à nous scotcher. La véritable Palme d’Or de ce Festival de Cannes 2023 !
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