LE GARÇON ET LE HÉRON de Hayao Miyazaki [Critique Ciné]
Le Garçon Et Le Héron voit Hayao Miyazaki sortir de sa retraite pour nous offrir un nouveau chef d’œuvre destiné à susciter des vocations.
Un nouveau film d’Hayao Miyazaki est le plus grand événement cinématographique dont nous pouvions encore rêver. Dix ans après Le Vent Se Lève, le maitre de l’animation japonaise sort finalement de sa retraite pourtant bien méritée pour donner une nouvelle leçon aux nombreux prétendants qui cherchaient à lui succéder sans encore y parvenir. Sorti en toute discrétion au Japon durant l’été sans bande annonce, ni affiche ou même la moindre photo promotionnel, Le Garçon Et Le Héron a cependant fait un véritable carton. C’est en revanche avec une campagne promotionnelle massive et tous les honneurs qu’il mérite qu’il nous arrive ce 1er novembre 2023 dans les salles de cinéma françaises.
Comme son nom l’indique, Le Garçon Et Le Héron a pour une fois comme héros un jeune garçon et non pas les habituelles héroïnes « Ghiblienne ». Une sorte de pied de nez aux autres studios d’animation que seulement le wokisme ambiant a poussé à mettre enfin en scène des héroïnes fortes comme par exemple la Princesse Peach dans le film Super Mario. Comme pour Le Vent Se Lève, c’est peut-être parce que ce nouveau film est plus personnel qu’il met en scène un garçon. Ce héros serait en fait le petit fils d’Hayao Miyazaki auquel il voulait offrir un dernier film en guise d’adieux pour l’inciter à suivre sa route dans l’animation.
Apres les expérimentations ratées dans l’image de synthèse du Studio Ghibli avec le film Aya Et La Sorcière ou la serie Ronja, Fille De Brigand pourtant dirigés par son fils Gorō Miyazaki, Le Garçon Et Le Héron prouve avec maestria que l’animation traditionnelle est loin d’avoir encore dit son dernier mot. Car alors que les premiers Pixar et Dreamworks paraissent maintenant avoir pris un sacré coup de vieux, ce n’est absolument pas le cas des chefs d’œuvre d’Hayao Miyazaki. Ce nouveau long métrage semble d’ailleurs rendre hommage aux précédentes œuvres du Studio Ghibli tant il mélange des images et des atmosphères qui rappelleront bien des souvenirs.
Le Garçon Et Le Héron commence par une ville prise par les flammes suite au bombardement ennemi durant la Seconde Guerre Mondiale tel un hommage au Tombeau Des Lucioles du regretté Isao Takahata. Une premier séquence anthologique dans la maitrise de l’animation avec un dynamisme incroyable et des effets pyrotechniques bien plus impressionnants que dans le dernier Pixar. Fuyant cette ville où il a perdu sa mère le jeune Mahito va s’installer à la campagne avec son père chez la sœur de sa mère. Cet enfant envoyé a la campagne où il va découvrir un monde fantastique c’est le point de départ de nombreuses œuvres du Studio Ghibli de Mon Voisin Totoro à Souvenirs De Marnie en passant par Arrietty : Le Petit Monde Des Chapardeurs.
À peine installé dans cette maison, Mahito se verra tourmenté par un héron étrangement familier avec lui. Alors qu’il était occupé à tenter de lui régler son compte, sa tante va subitement mystérieusement disparaitre. En partant à sa recherche, le jeune garçon finira par pénétrer dans une mystérieuse tour qui l’intriguait depuis son arrivée. C’est dans cet étrange bâtiment que commencera un véritable voyage onirique et fantastique digne du Voyage De Chihiro .
Hayao Miyazaki l’avoue lui-même, il ne faudra pas chercher à trouver un sens à son nouveau long métrage. L’exploration de cette tour sera l’occasion pour le cinéaste de mettre en scène les images fantasmagoriques qu’il avait en tête. Il suffira de se laisser porter par le récit sans se poser trop de questions et de se contenter d’être en permanence émerveillé de la folle inventivité du maitre dont nous aimerions pouvoir partager les rêves tant ils doivent être enchanteurs et délirants.
Pour Le Garçon Et Le Héron, Hayao Miyazaki a encore imaginé une nouvelle galerie de personnages tous plus étonnant les uns que les autres. À commencer par une flopée de petites grands mères super attendrissantes, un curieux héron dans lequel se cache un affreux bonhomme bien étrange, de petites créatures banches ultra-craquantes rappelant les boules de suie de Mon Voisin Totoro ou les créatures de Princesse Mononoke et une jeune fille aux pouvoirs incendiaires rappelant un peu Calcifer dans Le Château Ambulant. Mais les films d’Hayao Miyazaki comportent aussi toujours des personnages plus malaisants. Ce sont ici d’étranges perruches de toutes les couleurs qui servent de soldats dans la tour et qui voudront dévorer le jeune Mahito.
Bien que visuellement enchanteur et bourré d’humour et de tendresse, Le Garçon Et Le Héron ne s’adresse clairement pas aux tout jeunes. Si ce n’est pas eux qui se poseront le plus de questions devant cette curieuse histoire, ils pourront trouver le temps un peu long devant les deux heures que dure le film. Ils passeront surtout à coté du message du film inspiré par le titre du livre « Kimi-tachi wa Dō Ikiru ka » de Genzaburô Yoshino que l’on peut traduire par « Comment Vivez-Vous ? ». Une incitation à prendre sa vie en main pour décider soi-même de son futur destiné plutôt aux adolescents et aux fans de longue date du Studio Ghibli qui cherchent encore quoi faire dans la vie.
Le Garçon Et Le Héron est une sorte d’œuvre-somme laissé par Hayao Miyazaki en guise d’héritage. Rappelant sans cesse les précédentes œuvres du Studio Ghibli, chacune des scènes de ce nouveau long métrage sera pourtant un véritable émerveillement de chaque instant qui ne manquera certainement pas de nous étonner. Nous ne pourrons que remercier Hayao Miyazaki d’être sorti de sa retraite pour nous offrir ce nouveau chef d’oeuvre qui pourrait ne pas encore être le tout dernier car il a déjà commencé le travail sur un nouveau projet.
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