UN BEAU MATIN de Mia Hansen-Løve [Critique Ciné]
UN BEAU MATIN de Mia Hansen-Løve [Critique Ciné]
Passé inaperçu en salles, le drame Un Beau Matin de Mia Hansen Love avec Léa Seydoux s’offre une nouvelle chance en DVD.
35 039 entrées au bout de six semaines d’exploitation, cela ne fait pas beaucoup pour un film avec Léa Seydoux. Ce n’est cependant pas étonnant pour un long métrage tel qu’Un Beau Matin qui s’adresse à une niche de spectateurs férus de drame français très éloignés des blockbusters ou des comédies prisés par le grand public. Pour les fans de l’actrice ou de la réalisatrice Mia Hansen Løve, cette émouvante histoire s’offre une deuxième chance d’être découverte avec sa sortie uniquement en DVD depuis le 7 mars 2023 chez l’éditeur Blaq Out.
Avec un titre comme Un Beau Matin, nous pourrions penser que la réalisatrice Mia Hansen Løve a décidé pour une fois de sortir un Feel Good Movie mais comme beaucoup trop de films français qui se prennent un peu trop sérieux, ce nouveau long métrage aurait pu être baptisé comme beaucoup trop de productions françaises « N’Oublie Pas Que Tu Vas Mourir ». S’inspirant de la maladie dégénérative dont a été victime son père, la réalisatrice a décidé de mettre Léa Seydoux dans la même situation en incarnant Sandra, la fille d’un brillant professeur d’université atteint d’une maladie dégénérative rare qui s’est attaqué à son cerveau. Un drame de plus dans une période déjà bien anxiogène qui ne fait que réveiller les pires craintes de chacun d’entre nous sur notre fin de vie et celles de nos proches.
Ne cachant pas les influences d’Eric Rohmer, la réalisatrice et scénariste dépeint le quotidien de cette jeune femme qui doit jongler entre ce père malade, s’occuper seule de sa fille qui n’a plus de père et son métier d’interprète multilingue. Bien qu’elle est plusieurs soeurs et frères, c’est elle qui passe le plus de temps avec son père. Toutes ses responsabilités aurait de quoi faire un film sur la charge mentale mais curieusement, le personnage ne montrera que rarement à quel point toutes ses épreuves sont dures pour elle.
Pour compenser l’aspect dramatique de cette histoire, Mia Hansen Love a choisi d’ajouter au film le début d’une histoire d’amour. Retrouvant son meilleur ami Clément qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps à cause de son travail de scientifique, ils vont finir par succomber à une envie qu’ils devaient avoir depuis un moment. Cette romance inattendue apporte une petite bouffée d’air frais dans le film et nous permet de profiter des charmes de Léa Seydoux malheureusement avec des cheveux bien trop courts. Il faudra cependant que Mia Hansen Love gâche tout en apportant bien des complications à cette histoire d’amour.
De séduisant scientifique et aventurier joué par un Melvil Poulpaud qui surjoue la passion comme si nous étions au thêatre, le personnage de Clement passera rapidement pour un salopard qui joue avec les sentiments de Sandra à faire des aller retours entre elle et sa femme qu’il n’ose pas quitter. On pourrait même comprendre qu’il est aussi la cause de l’étrange comportement de la fille de Sandra qui se mettra curieusement à simuler un problème à la jambe qui la fait boiter. Un autre problème jamais pris sérieusement que la réalisatrice ne prendra même pas la peine de résoudre avant la fin du film.
Pour incarner le père malade, la réalisatrice a porté son choix sur Pascal Grégory en parti parce qu’il a joué sous la direction d’Eric Rohmer. Sa prestation d’homme complétement débousolé par cette maladie est une belle performance qui a curieusement été boudée à la dernière cérémonie des César. Autre rôle important dans le long métrage, Nicole Garcia incarne la mère de Sandra pas très sympathique qui pisse la porte ouverte et ne se lave pas les mains après avoir fini mais qui sera cependant bien présente pour aider le placement de son ancien époux dans un Ephad. Comme s’il elle n’assumait pas la fin dramatique qui attend prochainement le père de Sandra, la réalisatrice préférera finir son film subitement sans même aller au bout préférant une sorte de happy end qui nous laissera sur notre faim.
Ave sa conclusion bien trop ouverte et sa réalisation médiocre qui donne plus l’impression d’être devant un documentaire que devant un film de cinéma, Nous pourrons comprendre sans peine pourquoi Un Beau Matin n’a pas attiré grand monde en salles. Il faudra vraiment être fan de la réalisatrice Mia Hansen Løve ou de Léa Seydoux pour apprécier ce drame qui tire son émotion uniquement de nos peurs pour la fin de vie de nos proches.
LE DVD : N’ayant pris aucun soin dans le traitement de l’image de son film, le DVD d’Un Beau Matin rend le long métrage encore plus vilain à cause de nombreux problèmes d’encodage. Il n’y a que la musique qui profite du son 5.1 proposé sur l’une des pistes audio. On saluera aussi l’effort d’avoir ajouter une piste d’audiodescription pour les malvoyants. En bonus, les fans de Mia Hansen Løve auront le droit à une longue rencontre de plus d’une heure et 20 minutes qui parle plus des précédents films de la réalisatrice que d’Un Beau Matin que le public n’avait pas encore pu voir à l’époque.
A Lire Aussi
LE CHAT ET LE CANARI de Radley Metzger [Critique Blu-Ray]
La collection Angoisses de Rimini Editions accueille le film à suspense Le Chat Et Le Canari de Radley Metzger dans un nouveau combo Blu-Ray + DVD.
LE PERIL JEUNE de Cédric Klapisch [Critique Blu-Ray]
Le Péril Jeune, le film le plus culte de Cédric Klapisch, sort pour la première fois en Blu-Ray dans une très belle édition collector chez Rimini Editions.
24 HEURES A NEW YORK de Vuk Lungulov-Klotz [Critique DVD]
Tranche de vie d’un jeune trans à New York, 24 Heures A New York mérite d’être rattrapé avec sa sortie en DVD.
LA NUIT DE LA COMÈTE de Thom Eberhardt [Critique Blu-Ray]
La collection Angoisses de Rimini Editions s’agrandit avec l’ajout du survival post-apocalyptique Le Jour De La Comète en combo Blu-Ray + DVD.
COMME UNE LOUVE de Caroline Glorion [Critique DVD]
Passé trop inaperçu en salles, Comme Une Louve mérite d’être découvert avec sa sortie en DVD.