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AVATAR : LA VOIE DE L’EAU de James Cameron [Critique Ciné]

AVATAR : LA VOIE DE L'EAU de James Cameron

Avatar : La Voie De L'Eau - Copyright Walt Disney Company

Attendu depuis 13 ans, Avatar : La Voie De L’Eau sort finalement ce mercredi pour tenter de sauver les salles de cinéma.

Il faut bien l’avouer qu’à force de l’attendre la hype autour de Avatar : La Voie De L’Eau est aujourd’hui bien moins forte qu’à la sortie du premier volet. Il faut dire qu’en mettant plus de treize ans à réaliser ce nouvel épisode, nous avions presque fini par douter de le voir un jour. Avec autant de temps écoulé, il y toute une nouvelle génération qui n’avait pas pu voir ce film sur grand écran avant sa ressortie limitée il y a quelques semaines. Et à une époque où le cinéma 3d n’a finalement pas été la révolution attendue, James Cameron semble être encore le seul aujourd’hui a y croire. Mais à 23 euros pour une séance Imax ou Dolby 3D ce sont les exploitants de salles qui se frottent déjà les mains en espérant que cette suite réalise le même carton que le premier. Ce serait aussi pour Disney l’occasion de rentabiliser enfin le rachat de la 20th Century Fox qui ne lui pas encore rapporté grand chose.

Il est vrai que le premier Avatar comme cette suite n’ont d’intérêt que s’ils sont vus en 3d sur le plus grand écran possible. Passé la qualité des images de synthèse, les failles du scenario du premier film ne sont que plus flagrantes lorsqu’on le revoit sur sa télévision. Il est même étonnant qu’à notre époque le film de James Cameron ne soit pas taxé d’appropriation culturelle alors qu’il semble être aujourd’hui impossible de porter une tresse africaine si on n’est pas africain. Ce film où des colons blancs se font passer pour les membres d’un peuple autochtone pour mieux les massacrer ne devrait plus être accepté par la nouvelle génération avide de polémique sur Twitter. Et que dire de cette fameuse tresse dont les Na’Vi se servent aussi bien pour copuler que pour communier avec la nature qui pourrait les faire passer pour des zoophiles. Avec son scenario écrit il y a plus de dix ans, James Cameron n’est pas à l’abris cette fois du bad buzz pour cette suite.

Avatar : La Voie De L'Eau - Copyright Walt Disney Company

Alors oui les premières minutes d’Avatar : La Voie De L’Eau pourraient paraitre bluffantes par l’utilisation de la 3D mais l’œil finissant par s’y habituer  très vite nous finirons par ne plus voir un véritable attrait au procédé après le premier quart d’heure. Car au fond cela ajoute juste un effet de profondeur sans servir le récit. Mais surtout les Na’Vi sont tellement laids que cela nuit vraiment à la beauté de l’ensemble. Leurs gros yeux paraissant même parfois bugger à l’écran dans certaines scènes. James Cameron nous promettait un film totalement diffèrent mais Avatar : La Voie De L’Eau commence pourtant bien là où nous avions laissé Jake Sully devenu définitivement Na’Vi et sa compagne Neytiri. Le prologue nous montrera qu’ils ont passé plus de dix ans à vivre d’amour et d’eau fraîche et à copuler paisiblement au point d’avoir aujourd’hui trois enfants. Cette longue période de tranquillité va être soudainement brisée par le retour des humains bien décidés à reprendre l’exploitation des ressources de la planète Pandora avec des moyens encore plus dévastateurs.

Cherchant à éviter le massacre de leur clan, Sully et Neytiri vont embarquer leur famille dans une nouvelle région de Pandora au bord de mer où vivent des Na’Vi différents d’eux. Ils ont la peau un peu plus clair et disposent de bras et d’une queue leur permet de nager plus facilement. Commencera alors une nouvelle longue exposition de cette nouvelle région, de sa faune et sa flore jusqu’aux coutumes de ce peuple. Manquant cruellement d’action, cette longue introduction nous donnera presque l’impression de se trouver plus devant un documentaire animalier que devant un film de science fiction.

Avatar : La Voie De L'Eau - Copyright Walt Disney Company

Cela parait incroyable que James Cameron et ses quatre scénaristes n’aient pas réussi à écrire autre chose qu’une simple resucée du premier Avatar avec ce nouvel affrontement contre des militaires humains bas de plafond et toujours aussi caricaturaux. Pourquoi ne pas avoir imaginé une grande quête qui nous aurait permis d’explorer la planète ou éventuellement un conflit contre un autre peuple vivant sur Pandora. Le plus incroyable étant qu’au lieu de dresser un nouvel ennemi devant Jake Sully, James Cameron n’a rien trouvé de mieux que de ressusciter sous la forme d’un clone Na’Vi l’infame Quaritch comme si ce farouche opposant pouvait accepter comme cela de devenir un membre d’une race qu’il exécrait au plus haut point de son vivant. Cet Avatar 2 ne fait pas que décalquer le premier mais s’inspire aussi des précédents films du réalisateurs avec des passages rappelant Aliens, Terminator, Abyss et même Titanic comme si le réalisateur rendait lui même hommage à sa carrière.

À croire que Disney a imposé sa patte sur le scénario pour le rendre plus familial. Ce nouvel Avatar repose majoritairement sur la progéniture de Sully et Neytiri, deux grands ados et leur petite sœur. Il a fallu en plus que les scénaristes y rajoutent de manière encore improbable la fille du personnage joué par Sigourney Weaver née comme par miracle du corps inerte du clone Na’Vi de la scientifique. Et pour corser l’histoire vient aussi se greffer le fils du Colonel Quarritch qui était trop jeune à l’époque pour repartir sur Terre comme les autres militaires et qui a du coup grandit parmi les Na’Vi comme une sorte de mini-Tarzan surnommé Monkey Boy

Avatar : La Voie De L'Eau - Copyright Walt Disney Company

Malgré une durée de plus de  trois heures, Avatar : La Voie De L’Eau n’arrivera même pas à boucler son intrigue, laissant encore beaucoup de questions en suspend à la fin du film pour préparer la suite. Mais le pire c’est que le scenario est bourré d’incohérences et de choses qui paraissent totalement improbables qu’il faudra bien pourtant prendre pour argent comptant puisque James Cameron a inventé ce monde de toutes pièces et qu’il est bien libre du coup d’y faire ce qu’il veut. Il faudra quand même qu’il nous explique pourquoi les Na’Vi de la nouvelle région savent parler anglais alors qu’ils n’étaient pas en contact avec les humains et pourquoi personne n’a pensé à blinder les vitres des hélicos de combat pour ne plus se prendre de simple flèche en travers. Ce n’est que quelques bêtises parmi tant d’autres de ce scenario bien trop manichéen qui ne donne clairement pas une bonne image des militaires.

En regardant Avatar 2 on se dit qu’il serait au final plus intéressant de voir un long Making Of pour comprendre pourquoi James Cameron a passé plus de dix ans à filmer de véritables acteurs sous l’eau là ou il aurait pu se contenter de simples  doublures pour assurer les phases de Motion Control. On aura tellement de mal à distinguer les prises de vues réelles de l’image de synthèse que c’est à se demander pourquoi il n’a pas directement tout fait par ordinateur. Alors certes c’est souvent très jolis mais les gamers auront sans doute l’impression d’avoir déjà vu la même chose dans les cinématiques de leurs jeux qui utilisent le même procédé de Motion Control. Il faut remercier James Cameron de tout ce qu’il a pu développer en terme d’effets spéciaux pour ce film en espérant qu’un réalisateur plus inspiré arrive à s’en servir pour nous proposer un bien meilleur film que ce nouvel Avatar.

Alors il parait qu’il y a de grands noms au casting d’Avatar : La Voie De L’Eau mais avec leur apparence de Na’Vi, il sera bien difficile de les reconnaitre. Sam Worthington dont nous avons fini par oublier le visage tellement il a disparu des écrans ces dernières années reprend le rôle principal du film avec Zoe Saldana qui ne fera quasiment que reproduire les mêmes scènes que dans le premier. Malgré la mort de son personnage, Sigourney Weaver joue trois rôles : la scientifique son clone Na’Vi et la jeune fille née par miracle de son clone. C’est bien sur toujours Stephen Lang qui reprend son rôle de Quarritch. Il paraitrait aussi qu’il y a Kate Winslet que nous aurons bien du mal à reconnaitre dans le rôle de la femme du chef de la nouvelle tribu incarné lui par un Cliff Curtis tout aussi méconnaissable. Les jeunes acteurs encore inconnus qui incarnent les enfants Na’Vi auront bien du mal à prétendre avoir jouer dans ce nouvel Avatar car leur apparence dans le film ne permettra clairement pas de les identifier.

Avatar : La Voie De L'Eau - Copyright Walt Disney Company

Destiné avant tout à un jeune public qui ne prêtera pas attention à la pauvreté du scénario, Avatar : La Voie De L’Eau est un merveilleux voyage totalement dépaysant dans un somptueux monde à découvrir mais il a tendance cependant à ressembler un peu trop par moment à un documentaire animalier. Comme nous l’avait promis James Cameron, nous aurions aimé être vraiment surpris par une toute nouvelle histoire que par une simple resucée de l’affrontement entre Na’Vi et militaires humains bas de plafond. Alors que Tom Cruise a réussi à faire un carton avec trois pirouettes en avion dans Top Gun Maverick, nul doute que ce nouvel Avatar va rencontrer un franc succès mais nous étions en droit d’attendre bien mieux après 13 ans de production et toutes les promesses de James Cameron.

MON AVIS :
3/5

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