JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES de Jeanne Herry [Critique Ciné]
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES de Jeanne Herry [Critique Ciné]
Jeanne Herry met en lumière la justice restaurative dans son nouveau film Je Verrai Toujours Vos Visages.
Après Pupille sur le sujet de l’adoption, la réalisatrice Jeanne Herry a choisi d’aborder dans son nouveau film celui assez méconnu de la justice restaurative dans Je Verrai Toujours Vos Visages. Avec ce titre à rallonge typiquement français et ses allures dramatiques, nous pourrions avoir tendance à fuir ce genre de long métrage mais en plus d’une leçon en terme d’écriture et de jeu d’acteur, le film mérite clairement d’être découvert.
La justice restaurative est un service offert à la fois aux victimes d’agression de toutes sortes quelles soit physiques ou mentales mais aussi à tous les agresseurs pour leur permettre d’aller de l’avant. Il s’agit de confronter dans des groupes de paroles ou individuellement victimes et agresseurs pour qu’ils puissent chacun donner leur point de vue sur le traumatisme qu’ils ont vécu ou sur les choses qui les ont poussé à commettre ces actes pour les aider à se comprendre mutuellement et arranger les choses.
Pour illustrer cela, la réalisatrice et scénariste Jeanne Herry a imaginé deux cas différents que l’on suivra de manière croisée. Celui de Chloé (Adèle Exarchopoulos) violée par son frère à de multiples reprises et qui a fini par porter plainte. Alors qu’ils ne se sont pas revus depuis douze ans, son frère fait son retour dans la ville où elle habite et par crainte de le croiser par hasard, elle décide de bousculer le destin en demandant à le rencontrer de manière arrangée afin de lui soumettre des conditions pour qu’il n’est pas la malchance de se recroiser.
Nous suivrons aussi la constitution d’un groupe de paroles ou trois victimes de violentes agressions physiques vont se trouver face à des détenus condamnés pour ce genre de faits mais qui ne sont pas leurs agresseurs. Un homme (Gilles Lellouche) victime d’un cambriolage alors qu’il était chez lui avec sa fille, une caissière victime d’un braquage (Leila Bekti) et une femme âgée (Miou-Miou) victime d’un vol à l’arraché et de coups. Ils feront face à un jeune inconscient de ses actes (Birane Ba), un cambrioleur bien organisé (Dali Benssalah) et un toxico (Fred Testot) qui a passé plus de vingt ans en prison.
Le titre Je Verrais toujours Vos Visages n’est venu qu’après le tournage mais cependant il prend tout son sens dans la manière dont le film est mis en scène. Dans des prestations incroyables de justesse, chaque personnage se confesse au groupe et dévoile son mal-être en étant filmé en gros plan sur leur visage. Que ce soit dans les mots ou simplement dans les regards certains de ses témoignages sont tellement forts qu’il feront l’effet de véritables uppercuts émotionnels. Il sera parfois bien difficile de retenir ses larmes mais quelques tentatives de désamorçage par l’humour essayerons d’agir comme des bouffées d’oxygène. Il sera cependant parfois difficile de les attraper au vol tant nous sommes submergés par l’émotion de la scène précédente.
On pourra juste reprocher au film de montrer uniquement les bienfaits de la justice restaurative comme si Jeanne Herry avait eu mission d’en faire la promotion. Ces situations étant suffisamment dramatiques comme cela, c’est son choix de scénariste de ne pas vouloir noircir le tableau plus qu’il n’en fallait. Cependant pour ceux qui doutent des réels bienfaits de ce service, il aurait pu être intéressant aussi d’aborder des cas qui se passent moins bien qu’ici.
Quasi documentaire, Je Verrai Toujours Vos Visages assure bien son travail de promotion de la justice restaurative. Et même si nous aurions aimé voir un film un peu plus nuancé, il restera en mémoire les impressionnants monologues de chaque acteur qui touche directement au cœur. Les amateurs de cinéma social français devraient clairement trouver leur compte avec ce nouveau film de Jeanne Herry comme ils l’avaient déjà eu avec Pupille.
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