L’INNOCENCE de Hirokazu Kore-Eda [Critique Ciné]
Récompensé du prix du scénario au dernier Festival De Cannes, L’Innocence le Kore-Eda annuel arrive enfin dans les salles de cinéma françaises.
Pas de fin d’année sans nouveau film d’Hirokazu Kore-Eda. Un an après Les Bonnes Étoiles, nous pouvons enfin découvrir L’Innocence le nouveau film du prolifique maitre du mélodrame japonais ce mercredi 27 mai 2023. Un film que nous aurions pu découvrir bien plus tôt puisqu’il était déjà en compétition à la dernière édition du Festival de Cannes au mois de mai où il a reçu le Prix Du Scénario. De quoi nous rendre encore plus impatient de le découvrir.
Contrairement à ses habitudes, ce n’est pas Hirokazu Kore-Eda qui est l’auteur de ce scenario primé mais Yuji Sakamoto. Rebaptisé L’Innocence pour sa sortie française, le film s’appelle en réalité Kaibustu (monstre) au Japon et porte le titre Monster à l’international. Un titre bien plus intrigant qui laisserait croire à un thriller ou un film fantastique alors que le titre français en dévoile un peu son intrigue.
Il est en effet beaucoup question d’innocence dans le nouveau film d’Hirokazu Kore-Eda mais celle ci ne se révèlera qu’au fil de sa narration. Conçu en trois parties, le film débute par le point de vue de Saori, une mère qui élève seul son fils Minato depuis le décès de son mari. Comme les héros de son précédent film Les Bonnes Étoiles, elle travaille également dans une blanchisserie mais l’histoire de L’Innocence repose sur ses inquiétudes concernant le comportement de son fils qui semble maltraité par son professeur. En cherchant à découvrir ce qu’il se passe à l’école, elle se retrouvera confronté à un système d’éducation à la japonaise qui ne lui permettra pas d’obtenir de réponses.
Le second acte donnera le point de vue d’Hori, ce jeune professeur en poste depuis peu. Il souffre aussi d’une mauvaise réputation pour avoir été vu avec avec une hôtesse d’un bar récemment pris dans un incendie. Lui aussi sera confronté à ce système éducatif très strict mais vu de l’autre coté où tout est permis pour sauver la réputation de l’école. Même la directrice de l’école qui a perdu sa petite fille dans un accident semble elle aussi cacher une vérité dérangeante.
Le troisième partie de L’Innocence montrera enfin le point de vue du jeune Minato. Sans aucun doute la plus belle et émouvante partie du film, elle nous apportera tout l’éclairage pour enfin comprendre cette histoire jusque là pleine de non dits. Il faudra mieux en savoir un minimum sur le film pour bien garder la surprise de cette partie finale. Qui sont les monstres ou qui sont les véritables innocents, ce sera aux spectateurs d’en être le juge en confrontant les évènements des trois actes. Un second visionnage ne sera certainement pas de trop pour assembler toutes les pièces de ce puzzle.
Le rôle de la mère de famille est jouée Sakura Andô qui était dans dans Une Affaire De Famille. Il faut croire que c’est l’actrice en vogue cette année puisque nous avons pu la voir aussi dans Godzilla Minus One, Bad Lands et très prochainement dans A Man. Elle se montre vraiment touchante dans sa détresse pour comprendre ce qui arrive à son fils. Moins connu le professeur est joué avec beaucoup de retenu et de sensibilité par Eita Nagayama vu dans Hokusai. Bien qu’encore débutant les jeunes Soya Kurokawa et Hinata Hiiragi mériteraient bien un prix d’interprétation tant leur relation nous émouvra. À signaler que la bande originale est la dernière œuvre du grand Riyuichi Sakamoto décédé peu de temps avant la projection à Cannes.
Si nous pourrons parfois se sentir un peu perdu dans les nombreux non-dits de ce mélodrame typiquement japonais, tout viendra s’éclairer dans une troisième partie sublime d’émotion. Un Prix du Scénario amplement mérité pour Yuji Sakamoto et une nouvelle réussite pour Hirokazu Kore-Eda qui traite avec beaucoup de sensibilité du harcèlement scolaire et d’une relation que nous ne dévoilerons pas qui a rarement été traité au cinéma.
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