MEURTRES DANS LA 110e RUE de Barry Shear [Critique Blu-Ray]
Le polar 70’s Meurtres Dans La 110e Rue sort pour la première fois en combo Blu-Ray + 2 DVD chez Rimini Editions.
Meurtres Dans La 110e Rue fait parti de ces longs métrages dont la musique est plus connue que le film en lui même. Composé par Bobby Womack, le titre « Across 110th Street » est devenu un standard que Quentin Tarantino n’a pas hésité à réutiliser pour le générique de Jackie Brown. Cherchant à rendre à César ce qui appartient à César, l’éditeur Rimini Editions a décidé de remettre en lumière ce polar assez méconnu en le sortant pour la première fois dans un combo Blu-Ray + 2DVDs riche en bonus le mardi 16 janvier 2024.
Sur cette chanson, le film débute par des très belles images du New York des années 70 rappelant bien des films et des séries de cette époque à nous en rendre nostalgique. Mais cette promenade dans New York prendra bien vite un aspect bien plus sombre et violent. Alors que des mafieux siciliens se réunissent dans un immeuble d’Harlem pour compter leur magot, ils vont être interrompus par deux braqueurs noirs déguisés en policier qui ont l’audace de vouloir s’emparer de leur butin de 300 000 $. Une confrontation qui tournera au bain de sang et va leur valoir d’être activement recherchés aussi bien par la police que par la mafia.
Meurtres Dans La 110e Rue est l’un des rares films du réalisateur Barry Shear qui a fait sa carrière principalement à la télévision. Inspiré du roman Accross The 110th Street de Wally Ferris paru en 1970, ce long métrage donne clairement l’impression de vouloir mélanger le polar classique des 70’s à la French Connection à la Blackploitation à la Shaft pour bénéficier du succès des deux genres. Mais à cette période où les noirs étaient encore bien sous-considérés, ce mélange a des relents racistes car au lieu de dénoncer cet état de fait, le film semble l’intégrer comme une chose tout à fait normal. Cela peut bien expliquer pourquoi il n’a pas marqué l’histoire du cinéma car le public noir qui aurait pu être attirer par l’aspect Blackploitation ont dû être choqué par ce traitement.
Nous sommes ici un peu dans les débuts d’une tentative de « vivre ensemble » qui semble encore loin d’être possible. Elle s’exprime par le personnage du Capitaine Frank Mattelli incarné par Anthony Quinn qui n’appréciera clairement pas que la direction de cette enquête soit confiée au Lieutenant William Pope joué par Yaphet Kotto, plus jeune et surtout noir. Mais même chez les mafieux, la collaboration forcée pour le contrôle d’Harlem n’est pas chose aisée. Quand aux trois braqueurs en cavale, ils sont l’illustration de la difficulté d’être noir dans l’Amérique de cette époque où parce qu’on ne leur a pas offert la chance de réussir, ils ont été poussé vers la délinquance pour réaliser leurs rêves.
La question de l’âge semble elle aussi être un des thèmes du film tant il revient régulièrement. Non seulement dans le personnage du Capitaine Mattelli qui à 55 ans est poussé sur la touche et se sent de toute manière déjà au bout du rouleau à l’image d’ailleurs d’un Anthony Quinn dont les plus grands rôles étaient déjà derrière lui. mais aussi pour le mafieux chargé de retrouver les braqueurs qui a du mal à se faire considérer par ses pairs et ceux à qui ils voudraient mettre des coups de pression. Il se montrera cependant particulièrement féroce, offrant les scènes les plus violentes du film dont une sur un chantier qui pourrait nous faire croire que Christopher Nolan a pu s’en inspirer pour The Dark Knight.
Le vrai problème de Meurtres Dans La 110ème Rue est qu’il n’y a pas de personnage central. A devoir passer de scènes sur les braqueurs, les policiers et les mafieux, nous sentirons rapidement un manque de rythme au long métrage. L’enquête donne l’impression du coup de faire du surplace et de manquer de tension. Mal introduits, il sera impossible de s’attacher aux braqueurs même si nous trouverons ici avec plaisir Antonio Fargas dans un rôle déjà très proche de celui qu’il tiendra plus tard dans la série Starsky & Hutch. Ce n’est que dans les trop rares scènes d’action que le film gagne en intérêt même si la mise en scène de Barry Shear manque d’intensité.
Avec son ambiance 70’s et la présence d’Anthony Quinn en tête d’affiche nous nous attendions franchement à bien mieux avec ce Meurtres Sur La 110e Rue. Au final, nous nous ennuieront ferme devant cette enquête qui se perd dans un trop plein de personnages insuffisamment développés. Ajouter à cela un racisme banalisé et l’on comprend sans peine pourquoi le film est aussi oublié aujourd’hui que son réalisateur.
LE BLU-RAY :
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