PERFECT DAYS de Wim Wenders [Critique Ciné]
Wim Wenders met en scène le quotidien enchanteur d’un simple nettoyeur de toilettes japonais dans son nouveau film Perfect Days.
Il faut savoir se méfier des contrefaçons ! Malgré ses allures de véritable mélodrame japonais, Perfect Days est en réalité le nouveau film du réalisateur allemand Wim Wenders. Suivant à la lettre les codes du genre de plus en plus en vogue, le cinéaste arrive à la perfection à reproduire ce genre d’histoire qui semble ne pas raconter grand chose mais qui arrive à nous émouvoir et nous interroger.
Perfect Days suit le quotidien très banal d’Hirayama, un homme solitaire et peu bavard qui gagne sa vie en nettoyant toujours très consciencieusement les toilettes publics de Tokyo. Réveillé automatiquement chaque matin par le bruit du balais de sa voisine dans la rue, il enfile sa tenue, prend son café en cannette au pied de sa maison avant de monter dans son van pour sa tournée habituelle toujours en écoutant ses vielles K7 audios de classiques rock anglo-saxons dans son autoradio. Une pause déjeuner au parc, un nettoyage au bain public, un repas au même restaurant souterrain, un peu de lecture dans sa chambre et il est temps de dormir et de revivre en rêve les évènements de la journée avant de recommencer le lendemain quasiment la même journée.
Ce sont ces scènes qui se répèteront sans cesse dans le film, heureusement perturbées chaque jour par quelques imprévus qui apporteront un peu de sel dans le quotidien trop bien réglé d’Hirayama. Son collègue Takashi fainéant et trop bavard et sa copine Aya trop bien pour lui, un petit garçon perdu, une femme au parc qu’il croise chaque jour et Niko sa nièce fugueuse qu’il n’avait pas vu depuis des années et qui est venu se refugier chez lui.
Il ne faut pas se fier à la bande annonce du film qui a réussi à nous faire croire qu’il y a une véritable histoire dans Perfect Days. Le film de Wim Wenders est en réalité très introspectif. Le quotidien de ce personnage peu bavard laisse souvent à deviner ce qu’il peut bien se passer dans sa tète comme dans de nombreux mélodrames asiatiques. En fonction de son vécu et de sa sensibilité, chaque spectateur sera libre d’imaginer un peu ce qu’il veut de ces images et d’en tirer sa propre morale.
Il y avait pourtant de quoi construire une véritable histoire bien plus élaborée à travers tous les personnages que croisent Hirayama. Chacun ouvre une piste de narration qui sera cependant rapidement abandonnée par le scénariste qui oubliera sur le chemin ces personnages secondaires pourtant souvent attachants pour se concentrer toujours sur son héros. Ce sont simplement les petits moments qui égayent la vie de cet homme solitaire qui semble intéresser Wim Wenders et cela nous convient très bien.
Tous très bien choisis, les acteurs de Perfect Days sont sans nul doute en grande partie dans la grande réussite du film. Ce n’est pas pour rien que l’acteur principal Koji Yakusho a été récompensé du prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes pour sa performance. Il est particulièrement bien entouré par le très drôle Tokio Emoto en collègue pénible, sa très jolie copine interprétée par la remarquable Aoi Yamada que l’on a vu récemment danser dans un projet avec Aina The End et la jeune Arisa Nakano très touchante.
N’allez pas chercher à comprendre pourquoi Perfect Days est si emballant. Du simple quotidien d’un nettoyeur de toilettes, Wim Wenders arrive à imaginer une histoire très touchante qui émerveillera les spectateurs tout en les laissant s’interroger. De quoi sortir vraiment très ému par cette belle histoire qui incite à profiter des petits riens qui peuvent rendre la vie plus agréable. Un message idéal en ces temps moroses.
A Lire Aussi
MEGALOPOLIS de Francis Ford Coppola [Critique Ciné]
Francis Ford Coppola réalise le rêve de sa vie avec un Megalopolis qui ne plaira clairement pas à tout le monde.
EMMANUELLE de Audrey Diwan [Critique Ciné]
La mythique Emmanuelle est de retour dans une relecture qui n’a plus grand chose d’érotique.
MOTHER LAND de Alexandre Aja [Critique Ciné]
Alexandre Aja est de retour sur grand écran avec un Mother Land très inspiré par M. Night Shyamalan mais loin d’être convaincant.
SPEAK NO EVIL de James Watkins [Critique Ciné]
James Watkins, le réalisateur d’Eden Lake et La Dame En Noir revient à l’horreur avec Speak No Evil.
LOOK BACK de Kiyotaka Oshiyama [Critique Ciné]
La magnifique adaptation du manga Look Back sort au cinéma uniquement le temps d’un Week-End