SLEEP de Jason Yu [Critique Ciné]
Combien de couples feront désormais chambre à part après avoir vu l’excellent thriller sud-coréen Sleep ?
Remarqué à la Semaine De La Critique lors du dernier Festival De Cannes avant d’être récompensé du Grand Prix au Festival de Gerardmer au mois de janvier dernier, le thriller horrifique Sleep aurait cependant bien pu sortir directement en VOD ou DVD comme grand nombre de films d’horreur passé par Gerardmer. L’excellente réputation du premier long métrage de Jason Yu lui permet heureusement d’échapper à ce sort peut être grâce à ses origines sud-Coréennes de plus en plus en vogue à travers la musique et les drama. Grace au distributeur The Jokers, toujours prêt à promouvoir des œuvres qui sortent de l’ordinaire, il sort heureusement au cinéma ce mercredi 21 février 2024 car une telle histoire mérite vraiment d’être découvert dans la quiétude espérée d’une salle obscure.
Si on ne connait rien du film de Jason Yu, la première scène de Sleep pourrait laisser croire que nous sommes devant une version sud-coréenne de Paranormal Activity avec ses portes mystérieusement ouvertes et ses bruits étranges. Fort heureusement, il n’est pas question ici de « found-footage » et le dénouement de ce premier moment de suspense laisse même croire qu’il se moque un peu de tout ce genre de film d’épouvante sans imagination.
C’est une histoire bien plus intéressante que le réalisateur Jason Yu a imaginé pour son premier long métrage Sleep. Celle de Soo-Jin et Hyun-Su, un couple qui attend son premier enfant qui va être subitement confronté au problème de somnambulisme du mari. Nuit après nuit, il développera tous les symptômes d’une maladie du sommeil qui finira par causer un premier drame. S’accrochant face à l’épreuve, Soo-Jin finira tout de même par s’inquiéter de ce que pourrait faire Hyun-Su la prochaine fois dans son sommeil.
Conçu en trois actes de plus en plus sombre, nous n’en dirons pas plus sur l’intrigue de Sleep, mélange entre le thriller psychologique et le film de fantômes. C’est en effet sur ce suspense que repose tout le film dont il sera donc préférable de ne pas trop en savoir avant de le découvrir. C’est ainsi que vous pourrez tenter de faire la lumière sur cette intrigue à l’aide des indices glissés dans les scènes et les dialogues. Si nous pouvons deviner certains points de l’intrigue, cela n’empêchera pas d’être régulièrement surpris par la tournure que prendront les événéments.
Mais si Sleep a pu se distinguer dans de nombreux festivals à travers le monde, c’est parce qu’au delà du thriller horrifique, le long métrage de Jason Yu traite aussi d’un fait de société de plus en plus fréquent, celui du divorce. Entre la mère de Soo-Jin et leur voisine du dessous, le couple est entouré de femmes séparées de leur conjoint bien plus heureuses de vivre seules que mal accompagnées. le couple fidèle à la devise accrochée au mur de leur salon sait qu’ils seront toujours plus fort ensemble pour surmonter cette épreuve. Cela donne presque à Sleep un aspect de film romantique malgré la violence et la noirceur de son traitement.
La réussite de Sleep repose aussi beaucoup sur ses deux acteurs. Le film de Jason Yu sera malheureusement une des dernières occasion de revoir l’acteur Lee Sun-Kyun bien connu pour ses rôles dans Hard Day et Parasite qui a choisi de se donner la mort en décembre 2023 à cause d’un scandale sur sa consommation de stupéfiants. Alors que le film lui est dédié, nous ne pourrons que regretter son geste tant il se montre ici à la fois drôle, inquiétant et émouvant. Son épouse est jouée par la toute aussi brillante Jeong Yu-Mi, héroïne de Dernier Train Pour Busan tout d’abord touchante en épouse attentionnée avant de nous réserver de belles surprises.
Capable à la fois de redonner foi en l’amour aux couples qui battent de l’aile tout en donnant à d’autres l’envie de faire chambre à part de crainte du pire, Sleep est un thriller horrifique d’autant plus effrayant qu’il se montre très réaliste. Nul n’est en effet à l’abri de problèmes de sommeil ou d’une situation qui pourrait faire perdre pied. Ménageant efficacement son suspense, Sleep est tout bonnement immanquable.
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