VORTEX de Gaspar Noé [Critique Ciné]
VORTEX de Gaspar Noé [Critique Ciné]
Gaspar Noé va de nouveau vous nouer les tripes avec son nouveau film Vortex.
Face à tous ces pseudos feel-good movies à deux balles qui viennent polluer les cinémas avec pour volonté de rendre le sourire aux gens après la crise du covid qui n’est même pas tout a fait fini, heureusement qu’il y a Gaspar Noé pour nous rappeler la dure réalité de la vie. Autant vous le dire tout de suite, il vaudra mieux avoir le moral bien accroché si vous compter voir Vortex.
Annoncé par certains comme le film de la maturité pour Gaspar Noé, le réalisateur qui est déjà un peu vieux pour que l’on puisse dire qu’il a enfin atteint la maturité semble au premier abord s’être assagi avec ce nouveau long métrage. Pas de techno a fond les ballons, pas de stroboscopes en tout genre, une caméra qui reste pour une fois bien figée au sol et même pas de scandale à Cannes où il était en compétition en mai dernier. Pourtant il reste bien une grande part de la touche Gaspar Noé dans Vortex que les fans reconnaitront dès ce long générique sans musique qui ouvre le film.
Rappelant forcement le film Amour de Michael Hanneke, Gaspar Noé a choisi lui aussi de nous raconter à sa façon l’histoire d’un couple rattrapé par la vieillesse inéluctable. Apres une seule scène dans le même plan, un trait noir viendra doucement scinder l’écran en deux pour suivre en plan séquences différents instants de vie de ce couple. Ancienne psychiatre, la femme est aujourd’hui atteinte de troubles de la mémoire tandis que son mari a eu il y a trois ans un accident cardiaque qui l’a bien affaibli. Leurs journées sont souvent faites d’errance dans leur appartement où règne un bazar assez similaire à celui qu’ils doivent avoir tous deux dans la tète et que l’on trouve aussi dans les commerces aux alentours de chez eux.
Intrigué au départ par ce que cherche à nous raconter Gaspar Noé dans ce film à l’aspect très documentaire, nous finirons par trouver un peu le temps long à suivre le triste quotidien de ce vieux couple. Mais plus le film avance et plus il deviendra de plus en plus sombre et c’est bien là où nous retrouvons le style du cinéaste qui comme à son habitude finira par transformer cette chronique du quotidien en un véritable cauchemar éveillé. Un drame sur la maladie qui isole ce couple qui vit dans le même appartement sans quasiment jamais passer de temps ensemble et qui ne se parle quasiment plus. Il y aussi leur fils désemparé de voir ses parents en train de sombrer qui refusent son aide.
Là où Enter The Void racontait la vie après la mort, Vortex raconte la vie juste avant la mort. Mais ce qui rend le film difficile à supporter c’est qu’il nous laisse le temps de songer à ce qui nous attend tous à savoir comment gérer la fin de vie de ses parents. Il souligne aussi à quel point nous sommes peu de chose et que tout ce à quoi nous tenions absolument à conserver : tous les livres, magazines et souvenirs en tout genre ne sont plus que des objets embarrassant lorsque l’on quitte cette vie. C’est tout cela qui nous bouleversera avant tout dans cette histoire où le fond aura cette fois ci plus d’importance que la forme.
Gaspar Noé a fait un choix étonnant pour le casting de Vortex. Il offre le premier rôle masculin au réalisateur italien culte Dario Argento le maître du giallo à qui l’on doit Suspiria. Sa carrière d’acteur se résumait avant cela au rôle de narrateur dans ses propres films et à quelques petits rôles proche du caméo. Le rôle de son épouse est tenu par Françoise Lebrun, une actrice également réalisatrice à la longue filmographie mais qui reste assez inconnue du grand public. Ils sont tous les deux impeccables dans ses rôles qui semble tellement être vrai. Leur fils est joué Alex Lutz qui avait déjà évoqué le temps qui passe dans son film Guy, lui aussi très touchant dans ce nouveau film.
Ne pensez pas que Gaspar Noé s’est réellement assagi avec Vortex car il nous décolle à nouveau un uppercut en pleine tête avec cette histoire terriblement poignante qui nous rappelle que personne n’échappe au temps qui passe et ne sait encore comment sa vie et celles de ses proches va s’achever. Alors oui, le réalisateur s’est calmé sur les mouvements de caméras et les stroboscopes mais vous ne sortirez certainement pas indemne de ce nouveau long métrage tout aussi dur à encaisser dans un autre genre qu’Irréversible.
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